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Conat




. Description      . Photos      . Situation et accès      . Patrimoine      . Histoire      . Population      . Etymologie

Petit village tout en hauteur, placé sur un promontoire rocheux tourné vers le Sud, on devine que l'ensoleillement de ce petit coin du département explose les compteurs. Le village est calme, car il est éloigné des grands axes de communication, il est dans une vallée plutôt étroite qui par en s'agrandissant et mène à Urbanya et Nohèdes. La vie semble paisible par ici.




Situation et accès

Conat est au fond de la vallée qui rejoint la Tet à Ria, c'est dans cette ville qu'il faut quitter la Nationale, vers le Nord, pour se rendre à Conat.

Carte des communes

Coordonnées GPS : 2.3559806630 N, 42.6138998100 E.


Patrimoine, curiosités à voir sur place

L'église Saint-Jean-Baptiste

Eglise St Jean-Baptiste de Conat
Eglise St Jean-Baptiste

Le territoire de Conat possède quatre églises romanes, de la première heure. L'église paroissiale, la principale, est dédiée à St Jean. Il s'agit d'un édifice de plan classique pour l'époque, avec une nef unique terminée par une abside semi-circulaire et deux chapelles latérales incrustées dans l'épaisseur des murs. Son appareillage est précis, net, elle semble avoir été construite au XIIe siècle (1175). Elle a une particularité, c'est d'avoir été signée par son constructeur.

Le linteau porte en effet l'inscription suivante : Hanc Petrus A Petra Dictus Que Scandit Ad Etra Aulam Fundavit Illum deus Unde Beavit, ce qui signifie : Pierre, qui tire son nom de la pierre qui s'élève vers les cieux fonda cette demeure, c'est pourquoi Dieu lui a donné la béatitude.

En savoir plus sur l'église Saint-Jean-Baptiste.


L'église Sainte-Marguerite de Nabilles

Eglise Ste Marguerite de Nabilles de Conat
Eglise Ste Marguerite de Nabilles

La seconde chapelle de Conat est connue sous le nom de Ste Marguerite de Nabilles, probablement un ancien hameau dont ont a peu de traces. Il est possible qu'il s'agisse d'une église paroissiale, c'est à dire que ça ait été le siège d'un autre village, mais rien ne vient confirmer cette hypothèse. Elle est elle aussi à nef unique voûtée en plein cintre et dispose d'une abside semi-circulaire. Extérieurement elle possède un mur clocher à deux arcs sur la façade occidentale. Ste Marguerite, qui apparaît dans les textes en 1279, a été construite en schiste renforcé aux angles par des pierres de calcaire.

En savoir plus sur l'église Sainte-Marguerite de Nabilles.


Le hameau de Betllans

Le hameau de Betllans, sur le territoire de Conat
Le hameau de Betllans

Betllans, aussi orthographié Vetllans (Le V se prononce B en catalan), est un minuscule hameau sur la route de Nohèdes, sur le territoire de Conat. Il n'y a rien de spécial sur place, quelques maisons un peu anciennes, parfois délabrées, s'alignent le long de la route. Les jardins, tournés vers le Sud, sont essentiellement potagers.

En savoir plus sur Betllans.


La chapelle Sainte-Croix

La chapelle Sainte-Croix, sur le territoire de Conat
La chapelle Sainte-Croix

La troisième chapelle du territoire de Conat est dédiée à Sainte-Croix. En fait il semble que ce nom ait été donné car elle se trouvait à la croisée des chemins. Ste Croix est de style roman, avec un plan classique de cette époque : nef unique voûtée et abside semi-circulaire. Aujourd'hui cette chapelle est en grande partie ruinée. Attestée en 1330, elle servait de relais dans le système de tours à signaux entre le château de Conat et celui de Ria. Ste Croix, c'est la montagne qui sépare Ria de Conat.


Le château et la chapelle Sainte-Madeleine

La chapelle Sainte-Madeleine et le château, sur le territoire de Conat
La chapelle Sainte-Madeleine

Conat disposait d'un château, construit durant le haut Moyen-âge. On le trouve en 1186 dans un document où il apparaît comme Castrum de Clonato en tant que baronnie. Rappelons qu'un baronnie dirigeait un territoire de plusieurs seigneuries, en général une entité géographique bien délimitée : ici, c'était la vallée de Conat (Vall de Conat), constituée de Conat, Urbanya, Nohèdes et de tous les hameaux qui y étaient disséminés à cette époque. D'ailleurs il communiquait à travers le réseau de tours de surveillance du Roussillon avec une chapelle située au col de Ste Croix, plus bas dans la vallée, qui relayait l'information au château de Ria.

Le château était un ensemble fortifié en forme de trapèze mesurant 48 m par 16 au plus large, 10 au plus étroit. Il nous reste de nos jours une partie de la chapelle castrale et la tour de guet, qui mesure 4m de côté pour 4m 50 de hauteur dans la salle intérieur (sous voûte). Les murs faisaient 90cm d'épaisseur. Il reste également une partie du parapet montrant trois meurtrières, dont une en hauteur.

Ce château disposait bien sûr d'une chapelle castrale, dédiée à Ste Madeleine. Aujourd'hui en ruine, elle mesurait 7m par 4 et fut bâtie en schiste. Elle date du XIIe ou XIIIe siècle et fut détruite en même temps que le château, en 1347. Quelques années plus tard, en 1369, une tour de surveillance fut créées un peu en contrebas du village.

Plan du château de Conat

Le système défensif de la vallée de Conat, au niveau du château, était également constitué de la chapelle St Jean à l'entrée du village. Un mur devait barrer la vallée en allant de la chapelle à la rivière. Il y avait également une tour de surveillance carrée.


Inventaire de 1369 du château

Le 10 février 1369 le roi d'Aragon écrivit au procureur royal Ermengaud Marti pour qu'il fasse connaître l'état de ses forteresses suite aux agressions répétées du roi de Majorque quelques années plus tôt. Il en fut ainsi et le texte ci-dessous est une traduction de la réponse faite au roi au sujet du château de Conat.

Inventaire pris par le dit procureur royal des armes, engins et autres approvisionnements du château de Conat, duquel est batlle et châtelain Bertran Baster, de Villefranche.

Primo :

  • Arbalètes à étriers : 7, dont 5 avec cordes et 2 sans cordes.
  • Cuirasses dégarnies de peu de valeur : 3
  • Flèches d'arbalète à étrier au nombre de 200

Les engins ci-dessus appartiennent aux hommes du dit lieu selon l'information que j'en ai prise, excepté une arbalète marquée du sceau royal. Le château dominant la forteresse a été démoli. Et cela le fit faire Moss. Thomas de Martza par ordre du roi. Toutefois dans l'intérêt des hommes de la vallée de Conat, il est nécessaire de faire les réparations suivantes :

Primo : Faire couvrir la tour basse (bestora) de l'entrée, c'est à dire y faire un toit et la couvrir d'ardoise. Ensuite, faire couvrir la grande tour d'un toit d'ardoise.

Item : Faire des couloirs autour de celle-ci, à l'extérieur et tout autour du château.

Item : Faire une tour basse regardant la vallée d'Orbanya avec des couloirs, parapets et créneaux.

Item : Au dessus de la première porte par laquelle on pénètre dans le château, y faire un toit recouvert à l'intérieur de planches, de manière que l'on ne puisse pas, du Puig d'Orbanya endommager les hommes avec des arbalètes.

Item : Recouvrir la salle de tuiles ou d'ardoise. Les réparations ci-dessus n'intéressent pas le château, mais sont pour la protection des dits hommes. Elles seront payées par les hommes de la dite vallée. Elles devront être terminées le 1er juillet prochain (1369) et cela sous peine de XXV livres.



Histoire

Préhistoire

Le territoire de Conat ne possède pas de vestiges de l'époque préhistorique. Nos lointains ancêtres ont pourtant vécus dans les collines du Conflent, qui étaient pour eux idéales (boisées, proches de la plaine, douces au climat). Quelques autres communes des environs possèdent, en guise de preuve, des dolmens ou menhirs, bien que l'érection des mégalithes soient apparue assez tardivement (-2200).

Par la suite, ni les celtes (-500), ni les romains (-121), ni les wisigoths n'ont laissé de traces sur le territoire de Conat. Après l'Invasion sarrasine et le dépeuplement du Roussillon, c'est Charlemagne qui parvient à prendre cette région (811) et qui la pacifie. Commence alors l'ère chrétienne, et avec elle la multiplication des églises rurales. C'est ainsi qu'apparu le village.


Première mention de Conat

La première mention du village date de 977, dans un document attestant le leg d'alleux à Conat et Llugols à l'abbaye St Michel de Cuxa. On retrouve une telle mention un siècle plus tard, lorsqu'entre 1068 et 1095 Bertrand de Salto, fils d'Ermengarde, prête serment au comte Guilhem pour "la Rocha de Sexman et l'honneur de Connad". Ainsi apparaît pour la première fois une famille "de Conat". Par la suite on retrouve des traces d'un tel serment fait par ses deux frères, Bernard Bertrand de Salto et Guillem Bertrand de Salto (1109-1131). Il faut noter qu'on n'a pas encore d'explication sur la dénomination de "Salto", qui n'est pas le village de Sauto mais plus probablement le nom d'un lieu très boisé, comme pouvait l'être la vallée de Conat à cette époque. D'ailleurs Guillem Bertrand se fera nommer "de Conat" au bout d'un certain temps.

Au XIIe siècle, de 1162 à 1196, Bernard Bertrand de Salto, fils d'Ermessende, rend hommage au roi pour "le castellum de Conad, la Rocha de Sexman, et toutes les fortifications de Salto et Conad", ce qui rend plausible l'hypothèse selon laquelle Salto est la partie haute de la vallée, par ailleurs déjà équipée de diverses fortifications éparpillées.


L'héritage de la famille de Paracolls

En 1172 le comté du Roussillon est rattaché à celui de Barcelone. Trois ans plus tard le puissant baron de Paracolls, dans la vallée voisine de Molitg, fait un leg avec une certaine Blanche de Conat à Ugo, abbé de Ste Marie de Poblet. Comme Blanche était la dernière héritière de la famille de Conat, il semble évident qu'elle se soit marié avec son voisin, la famille de Paracolls, apportant en dot sa seigneurie composée de toute la vallée de Conat. Guillaume Bernard de Paracolls devient donc le nouveau propriétaire de Conat. On retrouve le couple en 1186 grâce à un leg qu'il fait à la commanderie du Mas Deu (les templiers, à l'époque de leur intendant Pierre de Aiguevive). Leurs enfants prendront leur suite (Séguier et Guillema).

Le 12 des calendes de mai 1258, un autre document de leg nous apprend que la seigneurie de Paracolls a été récupéré par le roi d'Aragon, probablement suite à l'extinction de la branche familiale, par manque d'héritier mâle. Les 15 des calendres de novembre de 1263 Sibille de Conat concéda le bailliage de Conat à perpétuité à Pierre Lauret, qui transmettra les deux vallées de Molitg et de Conat à ses enfants pour le compte du roi. Le 16 novembre 1307 le roi d'Aragon rachète à Bérenger Lauret, de Conat, le bailliage, puis plus tard diverses dîmes et droits sur Urbanya et ses environs.

Carte de la vallée de Conat

Le 12 des calendes de mai 1258, un autre document de leg nous apprend que la seigneurie de Paracolls a été récupéré par le roi d'Aragon, probablement suite à l'extinction de la branche familiale, par manque d'héritier mâle. Les 15 des calendres de novembre de 1263 Sibille de Conat concéda le bailliage de Conat à perpétuité à Pierre Lauret, qui transmettra les deux vallées de Molitg et de Conat à ses enfants pour le compte du roi. Le 16 novembre 1307 le roi d'Aragon rachète à Bérenger Lauret, de Conat, le bailliage, puis plus tard diverses dîmes et droits sur Urbanya et ses environs.


Conat, domaine royal

A partir de 1340 la vallée de Conat fut régie par le bayle royal Jean Bembesers. Nous sommes alors en pleine guerre entre le royaume de Majorque et son voisin d'Aragon, tenu par les deux fils de Jacques 1er le conquérant. Le Conflent, du côté naturel du royaume de Majorque dont il faisait officiellement partie, fut lourdement touché par la guerre surtout lorsque Pierre IV le cérémonieux, roi d'Aragon, annexa cette terre. Les châteaux de la vallée de Conat furent pris donné à des fidèles du roi. Celui de Conat échu à Pierre Parayre, de Villefranche, nommé bayle et châtelain de Conat. Pendant ce temps le roi de Majorque fut arrêté, conduit à Barcelone où les corts lui proposèrent de conserver la seigneurie de Montpellier pour s'y retirer. Mais il refusa, monta une petite armée et envahi le Conflent à nouveau, qui l'accueilli à bras ouverts. Pierre le Cérémonieux dû à nouveau reconquérir ses terres et c'est lors de ces combats que fut détruit le château de Conat.

Bien évidemment une nouvelle révolte engagea de nouvelles sanctions, et alors que la quasi-totalité de la population de Prades mourut lors de sa fuite à travers la Têt en furie le soir où les chevaliers du roi entrèrent dans la ville, les villages environnants ne reçurent que de lourdes amendes à payer en nature. Des documents datant du 15 décembre 1349 nous apprennent que le roi allégea les peines suivant la formule :

Nous, Pierre d'Aragon, compatissant à la misère de nos fidèles et probes hommes de la vallée de Conat, faisons remise de 1000 sols de Barcelone qu'ils restaient à nous devoir sur 13000 sols qu'ils avaient été condamnés à nous donner en raison de l'agression fait par Jacques de Montpellier, en terre de Conflent.

La famille Cardona

Durant le XVe siècle la région connut un peu de tranquillité. Les guerres de religion n'eurent pas beaucoup de conséquence ici mais un évènement majeur eu lieu en 1408. On trouve une certaine Yolanda qui engagea la vallée de Conat à Spérandeu Cardona, de Villefranche. Yolanda était la belle-soeur du roi Martin l'Humain, ce qui prouve que Conat était resté dans le giron des roi d'Aragon jusqu'à cette époque. En 1431 Michel de Cardona hérite de la seigneurie à la mort de son père Spérandeu, ce qui est confirmé par le roi en personne. La famille Cardona va rester en possession de Conat relativement longtemps.

L'évènement suivant est daté de 1463, date où les troupes de Louis IX, roi de France, pénètrent en Roussillon et l'occupent. Les révoltes sont nombreuses, et Michel de Cardona se voit confisquer ses terres de Conat par acte du 10 décembre 1470 au profit d'un certain seigneur de Boymenart et de Tramanches, maréchal de France. Peu après le roi redonne la vallée à la femme de Michel de Cardona, Clara (28 mars 1471) mais lui retire à nouveau le 1er août 1472 au profit de Pierre de Tregura, qui avait tenu Prades pour le compte du roi de France. Enfin le 4 février 1479 le roi de France restituait à Michel de Cardona la vallée et la baronnie de Conat.


Dernière possession royale

En 1492, alors qu'il a hérité du Roussillon de son père, le roi de France Charles XVIII cèdera cette terre à Ferdinand le Catholique, marquant la fin de l'occupation française (30 ans)

La vallée de Conat connaîtra par la suite divers propriétaires : Jean-François de Mirambellet de Cardona (1530), Jacques de Alemany et de Bellpuig (1532), Galcerand de Cruilles (1548) avant de retomber dans le domaine royal le 13 mai 1550 (nomination du nouveau châtelain, Jean Laborie, le 10 janvier 1556) En 1603 le domaine royal était toujours le propriétaire de la vallée de Conat, par le biais de différent procureurs royaux, pour le compte de Philippe II. (28 juillet 1624 : Jean de Llupia, 11 mai 1654 : Isabelle Dulac) On retrouve ensuite la baronnie dans les mains d'Antoine d'Ortaffa (1763) puis de Paul d'Ortaffa (1789), qui la conserva jusqu'à la révolution française. En 1792 les biens de Paul d'Ortaffa furent confisqués pour être revendu à Carol-Bonnel pour 40000 francs.

Par la suite l'histoire de Conat prend un cours plus tranquille pour devenir le village que l'on connait de nos jours.


Population

Années Feux
1355 43
1359 46
1365-70 43
1417 30
1424 32, réparti ainsi :
  • Conat : 32
  • Betllans : 6
  • Nabilles : 3
  • Nohèdes : 4
  • Urbanya : 8
  • Eroles : 3
  • Arletes : 4
1515 15
1553 15
1674 60 pour Conat et Betllans
1705 24 pour Conat et Betllans
1774 275 pour Conat et Betllans
1792 319 pour Conat et Betllans
1851 388 pour Conat et Betllans

Etymologie

Le mot "Conat" vient d'une locution celte, "condate", signifiant "confluent". En effet, le village se trouvait au confluent des deux rivières d'Orbanya et de Nohèdes, villages de la même vallée qui relevaient de la baronnie de Conat.



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