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La Casa Pairal

Le musée des Arts et Traditions Populaires de Perpignan... un musée ayant disparu en 2010, hélas.


La Casa Pairal était le musée des Arts et Traditions Populaires de Perpignan. Inauguré en 1962 et démantelé en 2010, il a permit pendant un demi-siècle de découvrir la vie quotidienne des catalans du Nord durant les siècles passés.


La génèse du musée

Ce musée est né sous la volonté de Joseph Deloncle, un écrivain, historien, puis conservateur catalan, né et décédé à Perpignan (12 mai 1913 - 22 mai 1990). Particulièrement tenace dans sa volonté de mettre en avant l'histoire et le patrimoine catalan, il fit, dès les années 50, le tour du département à la recherche de dons de matériels, outils, instruments de la vie quotidienne dans le but de présenter ces objets dans un musée dédié à la culture catalane. L'idée initiale de la constitution d'un tel musée existait, de façon sous-jacente, et celà depuis les années 20, mais le projet fut réellement lancé grace à l'ambition de Joseph Deloncle et ses lentes récupérations dans les mas et autres maisons traditionnelles de tout ce qui avait un lien avec ethnographie locale.

Il faut dire aussi que les années 50 et 60, dans les Pyrénées-Orientales, sont caractérisées par un fort ancrage de la population dans son territoire. Ce n'est que dans les années 70 et les décennies suivantes que la population fut brassée au point de dissoudre l'esprit de la catalanité, dans une mesure assez faible toutefois puisque cet ancrage est encore très solide de nos jours. Toutefois, dans les années de la constitution des futures collections de la Casa Pairal les habitants parlaient encore fréquemment le catalan, les jeunes ne quittaient pas la région et les grandes manifestations - d'origine catholique pour la plupart - étaient abondamment suivies.

Collection dans le musée, les outils de travail
Outils de labeur

Ainsi, quand le contexte politique fut favorable et que les collectes furent suffisantes pour créer un musée des Arts et Traditions Populaires, Joseph Deloncle mis en marche le projet.


Le choix du site

Une des premières décisions à prendre fut de sélectionner le lieux d'exposition. Si plusieurs sites furent envisagés, un seul avait la préférence de tous les acteurs du projet, mais il n'était pas si évident que ça à mettre en oeuvre : Le Castillet.

Les avantages du Castillet étaient nombreux. Tout d'abord, il y avait le fait que c'est le principal symbole de la ville de Perpignan. C'est un bâtiment qui draîne beaucoup de monde, qui est très visité et son implantation à l'intérieur assure une bonne diffusion des pièces présentées. Ensuite il y a le fait que le Castillet représente la catalanité, c'est un élément important du patrimoine local. Il y a aussi le fait qu'on est là au centre-ville de Perpignan, c'est un lieu central facilement reconnaissable et accessible. Enfin les différentes salles à l'intérieur du Castillet avait la taille suffisante pour accueillir les collections nouvellement créées.


L'inauguration

C'est le 7 juillet 1963 qu'a eu lieu l'inauguration de la Casa Pairal. Le maire de l'époque, à Perpignan, était Paul Alduy. Il était accompagné d'un représentant de la ville de Gérone, de Georges-Henri Rivière, le conservateur en chef du Musée National des Arts et Traditions Populaires, mais aussi... de deux petits catalans habillés volontairement en tenues traditionnelles, Camille Otéro, qui est de nos jours bien connus dans le monde de la restauration, et Rose-Marie Balalud. Ce sont eux qui furent chargés de porter la clef symbolique de l'ouverture du musée.

Parmi les différents discours, celui de Paul Alduy fut marqué par l'importance de la popularité du lieu.

Ce musée sera ta maison, humble berger de nos montagnes, laboureur, artisan, viticulteur, artiste, poète, professeur, instituteur ou prêtre; ce sera votre maison car le comité Directeur s'efforcera de transposer au musée l'esprit de la sardane, ce large esprit fait d'amour et de fraternité, ouvert à tous, sans distinction d'opinion, de richesse ou de tendance.


Les collections

Dans les collections du musée de la Casa Parial, à Perpignan, tenue traditionnelle catalane.
Tenue traditionnelle catalane

Les collections du musée étaient présentées de façon thématique. On avait un thème religieux, évidemment, puisque c'est une grosse partie de l'histoire et de la culture des Catalans. Il y avait également une autre grosse partie pour les travaux des champs, une grande partie de la population travaillant dans le domaine agricole, au début du XXe siècle. On y voyait donc les outils classiques, du petit outil à main à la grosse charrue, des paniers tressés en osier (les fameuses banastes), des sacs divers, des semoirs, des tailloirs, de quoi travailler la vigne, le blé, etc. Les métiers artisanaux étaient mis à l'honneur. On y voyait les instruments du boter, le fabricant de gourdes et boraxtes (en peau de chèvres), ceux des maîtres verriers (concentrés à Palau-del-Vidre), les outils des forges du Canigou, le travail de la joaillerie (le fameux grenat de Perpignan), celui des fabricants de fouets, à Sorède, etc.

Le musée accuillait aussi une grande section artistique, on y présentait des instruments de musique traditionnels comme le tamboril et la fabiol, les textes des Goigs et des objets religieux sonores. Les traditions n'étaient pas oubliées évidemment, le musée présentant quelques pièces importantes comme une tenue d'Ours utilisée autrefois lors des fêtes de l'Ours en Vallespir, mais aussi des miséris portés pendant la procession de la Sanch.

Parmi les éléments marquants il faut citer une représentation de la scène, impressionnante. Elle se trouvait dans l'ancienne cellule tout en bas du Castillet, dans le recoin juste au début de l'escalier. Mais ce qui est probablement la pièce la plus étonnante est la fameuse cuisine du mas Gleix. Ce mas est au-dessus de Caixas, dans les Aspres. Il date du XVIIe siècle et déjà à cette époque la cuisine était équipée telle que représentée à la Casa Pairal. Cette cuisine fut démontée de son mas et réintégrée telle quelle dans le musée. On y voyait les différentes marmites, chaudrons en cuivre, la batterie de casseroles à manche allongée, des couverts, assiettes et verres d'époque, etc. C'est la cheminée qui était la plus impressionnante, avec son énorme âtre protégé par une lourde poutre en bois.

La cuisine du mas Gleix, au musée de la Casa Pairal
La cuisine du mas Gleix

Quelques mois avant l'inauguration Joseph Deloncle faisait encore, dans l'Indépendant (Le journal local), des demandes pour garnir encore plus les collections.

Nous sentons la périlleuse et urgente nécessité de venir frapper à votre porte pour enrichir ces collections pour éviter et prévenir de très regrettables "hémorragies de vieux souvenirs", pour pénétrer enfin, toujours plus profondément dans le passé, et la compréhension de cette tradition, tous ces différents aspects.


La fin du musée

Le musée de la Casa Pairal a fermé en 2010, après 50 ans de fonctionnement. Les collections ont disparu pour le grand public, elles dorment désormais dans des entrepôts municipaux. L'intérieur du Castillet a fait peau neuve et présente depuis 2010 d'autres expositions permanentes, mais toujours en relation avec l'histoire et les traditions catalanes. Mais c'est un lieu plus neutre, moins connoté sauvegarde du patrimoine et plus histoire de la région. C'est différent.



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