Histoire
Dès le XVIIIᵉ siècle, les bains d’Arles (ancien nom d’Amélie-les-Bains) accueillent des militaires, auxquels des lits sont réservés parmi les curistes civils. L’idée d’un hôpital spécifiquement dédié aux soldats se développe peu à peu. C’est le général De Castellane (1788-1862), alors à la tête de la 21ᵉ division militaire de Perpignan, qui donne une véritable impulsion au projet. En 1835, il mentionne dans ses mémoires les bienfaits des bains d’Arles et, après un séjour en Algérie, imagine un hôpital thermal destiné aux soldats de retour des campagnes nord-africaines. Plusieurs fois, le ministre de la Guerre, le maréchal Soult, rejette son projet. Castellane redouble d’imagination : il propose de créer une commune nouvelle portant le nom de la reine Amélie pour donner davantage de prestige à sa demande. L’idée séduit : par ordonnance du 7 avril 1840, le village devient officiellement Amélie-les-Bains.
Dans les années 1840, les recherches d’un site aboutissent à la rive droite du Mondony, choisie pour son isolement et ses sept hectares disponibles. En 1843, les travaux débutent. Deux sources d’eaux sulfureuses sont achetées pour alimenter le futur hôpital, dont la fameuse source du Gros Escaldadou. En 1845, Pierre Puiggari et l’ingénieur Jules François conçoivent les plans, et l’élargissement de la source met au jour des vestiges antiques, rappelant la longue tradition thermale du lieu. Le 3 octobre 1847, le général De Castellane pose la première pierre, et la rue principale de la ville prend son nom. L’aqueduc, indispensable pour acheminer l’eau thermale, est construit en 1851. Enfin, sous le règne de Napoléon III, l’hôpital est achevé et ouvre ses portes en 1855, avant d’être déclaré permanent en 1860. Dès 1866, l’établissement fonctionne toute l’année.
L’hôpital, avec ses bâtiments, son parc, sa chapelle et ses thermes, devient un haut lieu du soin militaire. Des travaux de modernisation interviennent en 1967, améliorant le confort et l’hygiène. Mais après plus d’un siècle de service, l’institution s’éteint : dans le cadre d’une réorganisation du service de santé, la fermeture est décidée en 1992 et effective en 1993. La municipalité rachète le site en 1999, mais les projets de reconversion — thermes, hôtel, résidence de tourisme — échouent. En 2007, un arrêté inscrit l’ensemble au titre des Monuments Historiques, protégeant bâtiments, chapelle, aqueduc et parc.
La suite est faite d’espoirs et de blocages. Un projet de centre thermoludique lancé en 2015 n’aboutit pas, et le site reste à l’abandon, marqué par trente ans de squats et de péril. Finalement, en 2021, une société montpelliéraine, Tempérance, rachète une partie des bâtiments, puis devient propriétaire de l’ensemble en 2023, à l’exception de la chapelle, du parc et de la source, conservés par la commune. Le projet prend une nouvelle orientation : transformer le site en pôle sportif d’excellence, capable d’accueillir près de 280 étudiants dans le domaine du management et de la pratique sportive. Un investissement de 35 millions d’euros, intégralement privé, doit ainsi donner une seconde vie à cet ensemble prestigieux, longtemps emblématique de la médecine militaire en France.