Le Moulin à Vent est le nom donné à un quartier de Perpignan. Situé au sud de la ville, il est caractérisé par de grands immeubles relativement proches les uns des autres. On pourrait facilement croire qu'il s'agit d'un quartier mal famé, où une partie de la population serait tombée dans la délinquance et qui s'appauvrirait d'année en année... Et pourtant, ce serait une erreur. En réalité, le Moulin à Vent est un quartier tout à fait classique de Perpignan, à la population variée, plutôt bien entretenu, avec de nombreux espaces verts et des services de proximité intéressants. Même d’un point de vue urbanistique, il faut admettre que nous ne sommes pas dans un quartier nord d'une grande ville : ici, l'architecture est différente.
Les grands immeubles sont hauts — très hauts même (certains atteignent les 15 étages) — mais ils sont étroits. Disposés de manière apparemment aléatoire, ils ne donnent pas l'impression de lourdeur typique des quartiers construits dans les années 50-60 ailleurs. Les immeubles en forme de barre, eux, ne dépassent pas 6 ou 7 étages et ne sont pas linéaires : ils forment des angles droits en suivant des rues larges et arborées. Chaque immeuble dispose de ses parkings et de ses espaces pelousés, ce qui dégage un sentiment d’espace. C’est paradoxal, car la vue est constamment bouchée par un angle d’immeuble, des arbres ou d’autres éléments, mais la présence de tous ces espaces verts est réellement bénéfique à l’environnement local. L’ensemble du quartier est plutôt vaste : il occupe un secteur de 76 hectares sur le territoire de Perpignan. Il est parfaitement délimité par l’avenue Alduy, le boulevard Kennedy et la route de Vertefeuille, formant un triangle dans lequel plusieurs petites rues s’engagent. Et une fois que l’on est à l’intérieur, ces rues forment un véritable dédale — il faut parfois en emprunter beaucoup avant de ressortir de l’autre côté !
Architecturalement parlant, le blanc a été choisi pour tous les immeubles, afin de garantir une certaine cohérence. Plusieurs esplanades ont été construites : elles sont richement arborées et dotées de rangées de palmiers rappelant un peu les décors de Miami. Le tout est agrémenté d’arcades larges, intégrées aux immeubles ou entourant certaines places, preuve qu’il y avait, au moment de la construction, une réelle volonté d’uniformisation de l’urbanisme du quartier. Lorsqu’on observe ce quartier de loin, on est surpris par la tour de briques rouges qui domine la colline sur laquelle il est construit. Il s’agit bien sûr d’un château d’eau, mais ce bâtiment purement utilitaire a été mis en valeur par un très joli décor. C’était d’autant plus important que, vue de loin, la ville est marquée par quelques points forts : le Palais des Rois de Majorque, les tours Barande au nord, et le château d’eau du Moulin à Vent.
Comme il s’agit d’un grand quartier, le Moulin à Vent dispose de plusieurs zones commerciales, composées majoritairement de commerces de proximité. Les aires de jeux pour enfants ont longtemps manqué, mais la municipalité a compensé ce manque ces dernières années, en fonction des disponibilités foncières. Quant aux terrains de sport plus importants... le problème est en grande partie résolu, puisque le parc des sports de Perpignan se trouve juste à côté du Moulin à Vent. Et ce parc est particulièrement complet : il propose de nombreux terrains de football, de rugby, d’athlétisme, de base-ball, de tennis et de padel, ainsi que deux gymnases, sans compter de nombreux équipements annexes comme des tables de tennis de table, un parcours sportif, un skatepark assez important, etc.
Construction et peuplement
Le Moulin à Vent est né dans l’esprit du maire de Perpignan de l’époque, Paul Alduy, dans les années 60. Il avait pour but de loger la population issue du baby-boom, caractérisée par son importance numérique. La construction commença le 12 juin 1962, et les premiers appartements furent livrés l’année suivante. L’ensemble du quartier fut construit rapidement, puis agrandi par petites touches. Cependant, la population qui y vint ne fut pas celle initialement attendue : ce furent principalement les rapatriés d’Algérie qui occupèrent les appartements. Aujourd’hui, la plupart de ces premiers habitants sont décédés, mais si vous croisez une personne âgée au Moulin à Vent, il y a de fortes chances qu’il s’agisse d’un pied-noir.
De nos jours, la population est bien plus diversifiée qu’autrefois. Mis à part les anciens pieds-noirs, qui tendent à disparaître, les familles de la classe moyenne ont investi dans des appartements, soit pour y vivre, soit pour les mettre en location. Ces locations sont souvent occupées par de jeunes couples en quête d’espace pour leurs enfants ou par des immigrés, attirés par un cadre de vie agréable. Personnes issues de l’immigration, jeunes couples, membres des classes moyennes ou populaires, personnes âgées : tout est réuni pour une parfaite mixité sociale, ce qui explique pourquoi ce quartier n’a jamais sombré dans la délinquance ou l’abandon.
Services publics
Le Moulin à Vent dispose de services publics complets : bureau de poste, annexe de la mairie, bibliothèque municipale, crèche, etc. De plus, le parc des sports se trouve juste de l’autre côté de l’avenue Alduy, autant dire qu’il fait quasiment partie du quartier. La principale piscine de Perpignan est également toute proche. Par ailleurs, c’est aussi là que se trouvent les archives départementales, installées dans un grand bâtiment rose et gris au style assez original.
Au sud du Moulin à Vent se situe également la maison de retraite Jeanne Jugan, une structure assez imposante, il faut bien le dire. Mais heureusement, elle est suffisamment excentrée pour ne pas nuire à l’harmonie du quartier.