Histoire
Les premières traces d’une habitation sur le site de Sournia datent de façon certaine de l’époque celte, mais la région était probablement habitée bien avant. Quoi qu’il en soit, la première mention du village proprement dit se trouve dans un document datant de 960, dans lequel il est stipulé que Seniofred, comte de Cerdagne (à qui appartenait la vicomté de Fenouillèdes, dont faisait partie Sournia), cède par testament ses terres de Sournia à l’abbaye de Saint-Michel de Cuxa. En ces temps reculés, la possession d’un fief n’était pas systématiquement héréditaire, c’est pourquoi les comtes étaient souvent plus soucieux du salut de leur âme que de leur succession… ce qui explique ce genre de donation.
Quoi qu’il en soit, Sournia devient une propriété de l’abbé de Saint-Michel de Cuxa, qui possédait d’ailleurs de nombreux autres domaines, le plus souvent obtenus par ce biais. Citons par exemple la chapelle Saint-Michel, un peu en amont sur la Désix, toujours visible de nos jours.
C’est durant le Haut Moyen Âge que Sournia eut son château. En 1020, il n’existait pas encore puisqu’il n’apparaît pas dans le testament du comte de Besalú, alors que toutes les autres places fortes de la région y sont mentionnées. Simple demeure fortifiée, elle permettait néanmoins de mettre à l’abri la plupart des habitants. Ce château devint ensuite la résidence des seigneurs de Sournia, une famille qui apparaît au XIIe siècle, dont voici quelques traces :
1141 : Arnald de Sornian, frère de la milice du Temple, assiste et signe comme témoin la fondation d’une commanderie en comté de Barcelone. La même année, il est également témoin de la donation faite au Temple par Udalgar de Fenollet et ses fils de tous leurs droits sur les "honors" de Guillem Ramon de Corbos.
1142 : Arnald de Sornian reprend à son fils diverses redevances pour les céder à la milice du Temple, et donne en compensation un manse à Sournia. L’acte est signé par le donateur et ses fils : Guillem, Bérenger Arnald et Hug. La même année, Bérenger de Sournia signe en qualité de témoin l’acte de donation au Temple par le même vicomte du bois de Mata Penista.
1161 : Guillem de Sornan, archidiacre, est témoin d’une donation faite par le vicomte Udalgar à l’abbaye de Fontfroide d’un jardin situé à Saint-Féliu-d’Amont.
Il semble que la famille se soit ensuite éteinte, et Sournia disparaît des documents jusqu’au XVe siècle, époque où l’on retrouve Pierre-Ramon de Montesquieu, seigneur de Sournia (1438–1459).
La seigneurie de Sournia passe durant le XIVe siècle dans le Conflent, non pas à cause d’un glissement de terrain (!), mais à travers une évolution de la perception géographique de l’époque. Il faut dire que le village se situe aujourd’hui encore à cheval entre les deux régions. Au siècle suivant, la famille de Casteras réunit entre ses mains les terres de Sournia, Quéribus, La Palme (en Narbonnais), Cucugnan et Ségure. En 1584, Louis de Casteras, châtelain de Quéribus, reprend le nom de la famille de Sournia, alors tombé en désuétude. On trouve ainsi, vers 1640, une Dona Gabrielle de Sinisterra y de Sournia, résidant à Perpignan. À l’époque moderne, le château fut vendu à la municipalité, qui le démolit, transformant ses ruines en habitations.