Histoire
La préhistoire à Saint-Hippolyte est aussi peu documentée que dans les autres villages de la Salanque. La raison principale en est simple : à cette époque reculée, toute la zone n’était qu’un vaste marécage. Ce marécage ne fut définitivement asséché qu’au Moyen Âge, grâce à l’intervention des Templiers — dont nous verrons plus loin l’importance pour l’histoire du village. Il n’existe donc aucune trace préhistorique permettant d’attester d’un peuplement humain à cette époque. Par ailleurs, la nature acide des sols du Roussillon est peu propice à la conservation d’ossements exploitables par les archéologues.
Les premiers peuples indo-européens présents dans la région furent progressivement remplacés par les Celtes (vers 500 av. J.-C.), puis par les Romains. C’est véritablement à partir de cette période que commence l’histoire du village. Les Romains construisirent la Via Domitia, un axe stratégique structurant pour leur empire. Cette voie était jalonnée de stations — véritables relais pour les voyageurs — dont certaines évoluèrent en villages. Ce fut le cas de Saint-Hippolyte.
La Via Domitia était ponctuée de bornes appelées milliaires, disposées tous les 1,4 km environ et gravées au nom de l’empereur régnant. Celle de Saint-Hippolyte porte l’inscription :
Flavio Valerio nobilissimo Caesari ...
Ce qui peut se traduire par :
À Flavius Valerius Constantin, très noble César ...
Il s'agit probablement de Constantin le Grand (empereur de 306 à 337 ap. J.-C.) ou de son fils, qui régna de 337 à 340.
Le nom de Saint-Hippolyte apparaît pour la première fois dans un document du Xe siècle, après la reconquête du Roussillon sur les Sarrasins par Charlemagne, en 811. Cet événement marque le début de la christianisation organisée de la région. Le village dépendait alors du comté de Roussillon, intégré au royaume d’Aragon durant le haut Moyen Âge. Situé à proximité de la frontière établie en 1258 à Salses, Saint-Hippolyte suscitait naturellement l’intérêt des rois d’Aragon.
Au XIe siècle, Alphonse d’Aragon fit fortifier le village. Son château, doté de quatre tours — dont deux subsistent aujourd’hui — fut cédé au roi Jacques Ier d’Aragon au siècle suivant.
Au XIIIe siècle, Pons de Vernet, alors seigneur de Saint-Hippolyte, vendit progressivement plusieurs terrains et bâtiments à la commanderie templière du Mas Deu. À sa mort, en 1211, il légua également le château et l’ensemble de ses biens aux Templiers. Le village devint alors pleinement une possession de l’ordre du Temple. Ceux-ci y avaient déjà établi un hôpital en 1190, qui perdura jusqu’au XVIIe siècle. Saint-Hippolyte resta sous l’autorité des Templiers jusqu’à la dissolution de l’ordre par Philippe IV le Bel. Le village passa alors aux mains de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, qui dispersa partiellement les biens de la commanderie.
Le XVIe siècle fut marqué par les conflits entre la France et l’Espagne, aux lourdes répercussions pour les villages du Roussillon. En 1542, lors d’une offensive française sur la Salanque, une grande partie de Saint-Hippolyte fut détruite : maisons, fortifications, église — tout fut largement endommagé.