Histoire
L'origine préhistorique récente est avérée à Villeneuve. Durant le IIe millénaire avant J.-C., nous sommes à l'âge du bronze. Les outils se précisent, notamment pour l'agriculture. Des haches et des poignards datant de cette époque ont été retrouvés à Villeneuve.
Au Ve siècle avant J.-C., les Kerétanis occupaient la Cerdagne. Ils nous ont laissé de nombreuses traces de leur présence, et à Villeneuve, c'est au cœur même du village que certaines de ces traces ont été découvertes.
Le village
Ce sont les Romains qui ont laissé le plus de traces antiques. Aux Escaldes se trouvent l'un des deux établissements thermaux qu'ils ont créés en Roussillon (l'autre étant à Amélie-les-Bains).
La première trace écrite de Villeneuve date de 925. Il s'agit du testament de Miro II, comte de Cerdagne, dans lequel il est stipulé que l'alleu de Vilanova est donné à sa fille. Ce document indique donc que cette ville était déjà existante depuis plusieurs années, même si nous n'avons pas de traces matérielles de cette époque.
Durant les XIe et XIIe siècles, la seigneurie appartenait à la famille d'Urg. L'église Saint-Assiscle de Villeneuve est citée pour la première fois en 1247, mais sa partie occidentale relève de l'art du XIIe siècle, prouvant qu'elle est plus ancienne que cette date.
Le 16 mars 1247, le "Vilar Vilanova" fut vendu par la famille Urg à Arnault Mercader et Jean Clément, tous deux de Puigcerda. Plus d'un siècle plus tard, le 28 décembre 1373, la famille Clément vendit aux consuls de Puigcerda la moitié du vilar.
En 1359 eut lieu un recensement des populations. Ce document, nommé Fogatge car il compte les feux (foyers) et non les habitants, indique que Vilanova de Las Caldes et la paroisse possédaient 12 feux, soit environ 75 personnes. (Perroquia signifie "paroisse")
Les bains des Escaldes
D'origine romaine, leur utilisation s'arrêta lors de l'invasion wisigothique, ceux-ci n'ayant pas les mêmes habitudes que leurs prédécesseurs. Les Carolingiens délaissèrent également les bains par la suite.
Les 21 mai et 17 juin 1488, le conseil des consuls de Puigcerda se préoccupa de la restauration des bains des Escaldes. Ils durent de nouveau être restaurés en 1547, en raison du mauvais état dans lequel ils se trouvaient.
Il faut attendre 1603 pour trouver le récit de Joan Trigall, qui décrit l'état des bains à son époque :
Les Caldes ou Banys sont situés à une lieue environ de Puigcerda, au nord. Les sources naissent dans un endroit accidenté, sur le flanc d'une montagne hérissée de gros rochers arrondis [...] Là jaillissent naturellement des eaux chaudes, en abondance, dégageant des relents de soufre, à l'intérieur d'un édifice qui ressemble à une grande chapelle joliment façonnée, en pierre de taille, voûtée, massive, avec une ouverture et deux portes qu'on ne ferme jamais. [...] Trois marches de pierre, sculptées tout autour, permettent de descendre dans un bassin à fond plat et pavé de pierres rustiques. Entre les dalles sourd en bouillonnant une eau claire et salutaire. Autour du bassin, il y a une large galerie, où de nombreux lits sont installés pour les baigneurs, s'ils ne désirent pas séjourner dans une auberge que l'on peut trouver dans les parages desdits bains. [...] L'eau, comme je l'ai dit, est très chaude, mais pas au point qu'on ne puisse la supporter ; au bout de quelques instants, les baigneurs ressentent une grande chaleur, de même sur le lit où ils se purifient merveilleusement. Si les bains se trouvent remplis de gale et d'autres immondices, on peut les vider très facilement par certains tuyaux ; ces derniers une fois fermés, le remplissage s'effectue en une demi-heure, tant l'eau est abondante. Tous peuvent s'y baigner : grands, petits, hommes, femmes, riches et pauvres, sans autres intérêts financiers. Il eut été possible d'en tirer grand profit, ce qui aurait permis de réparer les dégâts importants occasionnés par les ennemis français destructeurs, mais Puigcerda n'a jamais voulu le faire.
En 1687, les bains se composaient d'un lavacrum, à côté duquel subsistaient encore quelques traces du sudatorium. En 1756, le roi de France ordonna une enquête sur les eaux minérales naturelles françaises. Les spécialistes venus aux Escaldes constatèrent :
Ces bains n'offrent aucun vestige d'un édifice somptueux et magnifique [...]. Un vaisseau très simple, assez mal bâti et qui achève de crouler par vétusté, un bassin de 27 pieds de long sur 13,5 de large et 3 de profondeur (8,76 x 4,50 x 0,95 m), deux sources d'eau thermale qui jaillissent dans le bassin sans aucun conduit, nul vestige d'un logement nécessaire à ceux qui vont prendre les bains, offrent-ils des restes d'un édifice somptueux et magnifique ?
Le 9 juin 1772, Louis XV inféoda au médecin perpignanais Joseph Carrère les bains d'Escaldes avec un petit terrain alentour, contre le paiement annuel d'une charge en froment. En contrepartie, il s'engageait à édifier un logement commode à proximité, à construire deux bassins (un pour les pauvres, un pour la garnison de Mont-Louis) et à nommer un préposé pour la distribution des eaux et la manutention des bains.
Il avait toutefois le droit de percevoir un droit de 5 sous par bain, 3 sous par jour pour ceux qui consommeraient sur place et 8 deniers par bouteille d’un pinte et demi à emporter, les pauvres et les soldats n'y étant pas assujettis.
Face à cette privatisation, les habitants de la contrée envoyèrent un menuisier et un serrurier pour fermer les bains, empêchant ainsi leur réhabilitation et le prélèvement du droit de péage. Joseph Carrère fut ensuite appelé à Paris à partir d'octobre 1774 sans pouvoir terminer ses travaux. Les bains restèrent dans cet état jusqu'au 28 mars 1804, date à laquelle son héritier les vendit à Dominique Vergès, médecin originaire de Fontrabiouse, et François Giralt d'Err, pour 940 francs.
Entre 1812 et 1847, l'héritier des deux acquéreurs, le fils Colomer, marié à la fille Giralt, entreprit enfin leur reconstruction. Il construisit de véritables bâtiments avec des sections séparées pour hommes et femmes, des chambres et une cuisine. Le 28 avril 1819, il acheta un terrain pour agrandir et construire d'autres bâtiments.
Le village fut rattaché à celui d'Angoustrine en 1973, formant la nouvelle commune d'Angoustrine-Villeneuve-des-Escaldes.