De quoi s'agit-il ?
Les Repenties de Perpignan étaient un ordre religieux fondé par Esclarmonde, reine de Majorque et épouse de Jacques 1er le Conquérant. Entièrement féminin, cet ordre suivait la règle de Saint Benoît et accueillait d’anciennes prostituées quittant le quartier des Partit — le quartier des prostituées et des proxénètes. D’où leur nom, « Repenties » (repenedides en catalan). Comme pour tous les ordres mendiants, leur subsistance reposait sur la quête dans les villages environnants.
La règle de Saint Benoît était relativement douce et visait l’épanouissement de la personne humaine. Les sœurs bénéficiaient de certains droits, comme celui de sortir du couvent, et pouvaient conserver des objets de valeur. En tant qu’anciennes prostituées, elles étaient souvent de tempérament vif et les éclats de voix étaient fréquents dans le couvent.
En 1542, les Augustins s’installèrent dans leur couvent, les chassant. Les Repenties furent dispersées dans les rues et, en 1544, après avoir plaidé leur cause à Barcelone, elles durent se disperser définitivement. Ce fut la fin de l’ordre des Repenties de Perpignan. Pour continuer à accompagner ces femmes, le couvent fut remplacé par un service administratif installé d’abord entre la rue de l’Ange et la rue Mailly, puis plus tard près de la rue du Temple (au coin de la place Rigaud et de la rue de l’Argenterie). Ce service disparut à la Révolution.
Le couvent des Repenties était situé dans le rectangle délimité par les rues Sainte-Madeleine, Saint-Mathieu, Dom Brial et des Augustins. La chapelle, dédiée à Sainte-Madeleine, longeait la rue du même nom, ce qui explique l’origine du nom de la rue. Ci-dessous, un plan du couvent lors de sa réunification avec celui des Augustins :

Le long de la rue des Augustins se trouvaient des maisons privées et l’église du couvent avec son porche. La chapelle Notre-Dame de Grasse était perpendiculaire, le long de la rue Sainte-Madeleine, prolongée par des caves et diverses pièces menant à une entrée sur la rue Saint-Mathieu. Les couloirs intérieurs permettaient la circulation. Le couvent disposait également de deux écuries, mais surtout d’un grand jardin intérieur et de terrains inutilisés.
En 1792, le couvent fut vendu. Les églises furent converties en appartements et une nouvelle rue, la « Rue Neuve », fut percée à travers l’ancien couvent. Les appartements situés au 1 rue Neuve conservent encore des éléments architecturaux de l’église initiale. Le clocher, en briques, est également toujours debout et visible.