De quoi s'agit-il ?
L'église Saint-Jacques est l'église paroissiale de Villefranche-de-Conflent. Elle date de 1095, lors de la fondation de la ville. À cette époque, elle n'était constituée que d'un édifice à nef unique, dont la particularité est le magnifique portail sculpté du XIIe siècle.
Une visite de Villefranche ne se conçoit pas sans entrer dans cette église. Si l'intérieur est assez classique, elle offre une pause fraîche en été. D'ailleurs, en passant devant le portail de marbre, notez les trois marques gravées de longueurs différentes. Elles ont été réalisées au Moyen Âge pour servir de longueur-étalon lors de la vente de tissus !
Vers la fin du XIIe siècle, on perça le mur méridional de cette nef avec de grandes arcades en plein cintre et l'on ajouta une seconde nef qui occupa tout l'espace jusqu'aux remparts. Le petit portail, aujourd'hui juxtaposé au grand, s'ouvrait probablement à l'Ouest de cette dernière construction. Au XIIIe siècle, on agrandit le chevet et l'on bâtit le clocher carré au-dessus de l'ancienne façade occidentale. Elle possède une crypte-pourrissoir souterraine, des portes romanes en marbre, un autel roman, ainsi que des inscriptions datées de 1263, 1306, 1308 et 1328.
Son mobilier est intéressant, avec des retables de Saint Pierre (1627), de la Vierge (XVIIe siècle), de Notre-Dame de Vie (par Joseph Sunyer, 1715), du Christ (XIVe siècle), ainsi que des statues du "Christ aux Outrages" (XVIIe siècle), un autre Christ (XVIIe siècle également), et quelques autres statues, toiles et marbres funéraires des XVIIe et XVIIIe siècles, plus de nombreux ex-voto.
Le retable du maître-autel
Le retable du maître-autel
Le retable du maître-autel
On ne sera pas étonné de voir que le retable du maître-autel de l'église Saint-Jacques est dédié... à Saint Jacques.
Ce dernier est représenté au centre du retable, accompagné à droite de Saint Jean-Baptiste et à gauche de Saint Pierre. Ces trois saints ont des représentations classiques : une calebasse et une coquille Saint-Jacques, un agneau et des clés. Les coquilles rappellent la dévotion que les pèlerins avaient envers Saint Jacques, ramenant des coquillages de Compostelle en bord de mer. Quant à Saint Jean-Baptiste, la présence de l'agneau est logique, car c'est lui qui a prononcé, d'après les Écritures, "Voici l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde". Les clés sont symboliques et représentent les clés de l'Église, Saint Pierre ayant reçu du Christ avant sa mort la mission de développer ce nouveau culte.
L'armoire murale voûtée en plein cintre que l'on aperçoit du côté de l'Évangile devait sans doute garder l'argenterie. On y a placé la statue de Saint Pierre (en bois, du XIVe siècle), qui provient de la niche de la porte Saint-Pierre et est l’œuvre d'un grand maître. La fenêtre du chevet, que le retable obstrue, est un chef-d'œuvre d'architecture. La grille du sanctuaire date de 1853.
Sur la table de communion se trouvent deux chandeliers en fer forgé des XIIIe et XIVe siècles. Sur les marches menant au chœur est inscrite la date de 1780. De plus, on voit des orifices dans la voûte, qui sont des ouvertures de pots encastrés dans la maçonnerie. On pense qu'il s'agit de supports destinés à recevoir le croisillon de suspension des lampes de dévotion. On trouve de telles curiosités dans la voûte de la chapelle Saint André de Baillestavy.
Les mesures
Mesures
Mesures gravées sur le mur de l'église
Voyez-vous ces trois traits gravés dans le mur extérieur de l'église, à gauche du portail ?
Il s'agit de longueurs servant d'étalon pour la mesure des tissus durant les marchés. À l'époque médiévale, la vente des tissus était souvent sujette à des fraudes, les unités de mesure telles que la perche ou la coudée étant sources de confusion. Pour résoudre ce problème, on grava trois longueurs différentes sur le mur de l'église. Ainsi, lorsque qu'un client demandait une certaine longueur de tissu, le marchand s'y rendait pour éviter tout litige sur la longueur fournie !
La chapelle Saint Antoine
La chapelle Saint Antoine
La chapelle Saint Antoine
Saint Antoine, à qui est dédiée cette chapelle, est représenté sur le retable sous la forme d'une peinture évoquant le domaine de la musique. Le Saint est représenté debout, un livre à la main sur lequel est inscrit "Deus meus et omnia", que Pie XII traduit par "Voir en Dieu tous et tout aimer en Lui et pour Lui tous et tout, être heureux de tous et de tout en étant heureux de Dieu".
Les musiciens qui accompagnent le Saint, tous des anges, utilisent des instruments qu'un spécialiste a réussi à identifier. Il s'agirait, de haut en bas et de gauche à droite, des instruments suivants : guiterne, psaltérion, saquebute, cornet à bouquin, orgue positif, harpe médiévale, luth et viole. Un des intérêts de cette toile est la représentation de Villefranche à l'arrière-plan. À l'avant-plan, on assiste à des scènes champêtres.
Le tabernacle date du XVIIe siècle. Sur le pilier de gauche se trouve une statue de Saint Étienne du XVe siècle et sur celui de droite, les armoiries de Raymond de Saint-Sauveur, sculptées dans la pierre en 1784. Ce dernier était intendant du Roussillon entre 1778 et 1789.
La chapelle du Christ
La chapelle du Christ
La chapelle du Christ
La chapelle du Christ renferme plusieurs pièces d'art religieux de grand intérêt, à commencer par son autel primitif datant du XIIIe siècle. Sur le mur se trouve un Christ en croix du XIVe siècle, en bois, caractérisé par un épanchement de sang sortant de la plaie à la poitrine en forme de grappe de raisin, symbolisant la messe.
La chapelle abrite également un Christ aux outrages, qui pourrait être le mistère de plusieurs corporations de la ville, une statue de Sainte Rita de 1980, donc très récente, et une Vierge des sept
Situation et accès
L'église romane Saint-Jacques se trouve au centre de la ville de Villefranche-de-Conflent, bien à l'abri derrière les remparts qu'elle jouxte. Il est impossible de ne pas la trouver quand on est sur place. Villefranche, c'est une jolie ville médiévale sur la route de la Cerdagne, juste après Prades.