De quoi s'agit-il ?
Notre-Dame de Consolation est un ancien ermitage situé sur le territoire de Collioure. Bien connu des habitants, il constitue un havre de calme, particulièrement prisé en été.
Bien qu'il soit communément admis que Notre-Dame de Consolation ait été créé au XVIIe siècle, un document mentionne le lieu sous le nom de "Maria de Consolacio" dès 1496. Selon certains, l'édifice aurait été bâti sur un ancien lieu de culte païen. En 1549, il est décrit comme une capella heremitana, et entre 1582 et 1585, des observantins y résidaient.
Le XVIIe siècle fut celui de l'essor des ermitages. Cette pratique ancestrale, déjà présente au IXe siècle en Catalogne du Sud, se développa rapidement. Toutes les anciennes chapelles, qu'elles soient d'origine paroissiale ou castrale, furent réhabilitées, modifiées et équipées de bâtiments annexes pour accueillir l'ermite. Ce fut le cas de l'ancienne église de Consolation.
Les ermites du Roussillon, entre les XVIIe et XVIIIe siècles, n'étaient pas des religieux isolés : ils faisaient partie de la société civile catalane. Accessibles, ils détenaient un bien précieux : le savoir. Représentant la connaissance et le bon sens, ils étaient respectés et consultés par la population locale, notamment pour des questions de moralité.
Cette situation ne dura que jusqu'à la Révolution française. En 1790, la jeune République vota une loi déclarant les biens de l'Église comme possessions de l'État. Ainsi, tous les édifices religieux qui n'étaient pas le siège d'une paroisse furent vendus comme biens d'État, ce qui fut le cas de Notre-Dame de Consolation.
Quelques années plus tard, les lois anti-cléricales furent assouplies, permettant aux ermitages de rouvrir au culte. À Collioure, l'ermitage put reprendre son activité dès 1805. Un nouvel ermite, issu de la dernière génération, y prit place. Ces ermites n'étaient plus des religieux mais des laïcs, vêtus de tenues catalanes plutôt que de bure. Ils poursuivaient leurs rôles de quêteurs mais n'avaient plus l'aura d'autrefois. Le dernier ermite disparut dans les années 1950, entraînant la fin de cette étrange tradition.
Depuis le XIXe siècle, Notre-Dame de Consolation a été restauré à deux reprises : la première peu après sa réouverture, en 1811, et la seconde plus récemment, en 1975. L'ermitage abrite de nombreux ex-voto, un retable du XVIIIe siècle ainsi que deux croix datant respectivement des XIVe et XVIe siècles (dans le cimetière). Il est entouré de plusieurs oratoires.
Un peu de poésie
Voici un texte de Mme Amable Tastu à son sujet, repris par Pierre Vidal dans son ouvrage "Guide historique et pittoresque du département des Pyrénées-Orientales".