Patrimoine, curiosités à voir sur place
Collioure possède un patrimoine assez riche. Tout d'abord, la Chapelle St Vincent, (1642), une chapelle construite sur un rocher de schistes à l'extrémité de l'anse de Collioure. Vous en avez un dossier détaillé en cliquant ici. Il y a aussi St Nicolas du cimetière (1558) et St Sébastien de la Punta (1528), sans compter les nombreux oratoires que l'on trouve un peu partout sur le territoire de la ville.
Celle-ci possède aussi un ancien couvent de dominicains du XIVe et XVe siècle, dont l'église, classée aux Monuments Historiques, est à nef unique et avec des chapelles entre les contreforts. Cette église possède encore des vestiges de son croître du XIIIe, vendu en 1938 et qui se trouve actuellement convertit en cave coopérative vinicole, le Cellier des Dominicains. (Onze des arcades du cloître ont été racheté par la commune et réinstallés dans le jardin du parc Pams en 1993)
Notre Dame de Consolation est un ermitage situé à quelques kilomètres dans les terres. Voyez ici le dossier qui lui est consacré. Collioure est également connu grâce à son paysage si caractéristique dans lequel se trouve toujours l'église Notre Dame des Anges. Elle aussi a un dossier à lire en cliquant ici.
Sinon l'architecture militaire est aussi grandement représenté : Le Fort St Elme (Dossier ici) domine la ville et celle de Port-Vendres, le château royal bien sûr (Dossier ici), le fort du Miradou qui est issu de la transformation par Saint-Hilaire en 1674 d'un ancien château médiéval, la tour de la douane (XIVe siècle), celle de la Madeloch (XIVe siècle aussi). De plus, sur le Pla de "les Forques", au-dessus de Collioure, un complexe exceptionnel composé du Fort Rond et du Fort Carré fut construit entre 1726 et 1770. Il avait pour rôle de protéger les fortifications existantes, les progrès de la balistique les rendant moins efficaces. Le fort carré, avec la tour de l'étoile et le chemin couvert est toujours tel qu'il a été construit en 1758, puis modifié en 1824. Il est classé depuis le 11 février 1991. Durant la seconde guerre mondiale il a été assez abimé (par le fait qu'il fut occupé), puis il a aussi subit des dégradations récentes (tags par exemple) Citons aussi la batterie Dugommier, qui a été cité plus haut.
Reste enfin un riche patrimoine civil, dont les rues du village n'en sont les derniers représentants. Le moulin de Collioure est aussi une œuvre directement venue du Moyen-âge, il est utilisé aujourd'hui encore. A son propos, une plaque annonce, à ses pieds, son histoire.
Histoire
Préhistoire
Situé sur la côte méditerranéenne, l'anse de Collioure ne semble pas avoir été habité durant la préhistoire. Les premières traces d'activités
humaines dans la région se trouvent durant le néolithique ancien, aux alentours du IIIe millénaire. Le peuple qui occupait les
Albères édifia les premiers dolmens et menhirs, ceux là même que l'on peut voir de nos jours.
Antiquité
Vers -500 commence l'époque de l'antiquité, avec l'invasion du Roussillon par les celtes. Ceux sont eux qui fondèrent Collioure et, semble t-il,
lui donnèrent son nom. Il s'agissait probablement d'un grand port de commerce, les principales liaisons étaient réalisées avec la Grèce dès le VIe
av. J.-C. Après l'occupation romaine, la ville fut reprise pour leurs comptes. Il faut dire que les romains n'ont pas vraiment livrés une conquête
militaire mais plutôt une invasion semi-pacifique destinée à récupérer les ressources naturelles et les infrastructures celtes. Devenue romaine,
Collioure fut appelée "Cauco Illiberis", Illibéris étant la ville d'Elne, et poursuivit le commerce, essentiellement du vin. Des vestiges d'une
tombe romaine ont été retrouvé à Collioure, exactement au col de Mollo.
En 408 les peuples germaniques fuyent les invasions des huns et tentent de trouver refuge auprès de l'Empire romain. Mais celui-ci n'est plus
capable de les protéger, ce qui provoqua sa chute. Ces peuples tournèrent quelques années en Europe le temps de se fixer sur un territoire donné.
Le Roussillon fut inclu dans l'Empire wisigothique de Toulouse, qui occupait tout le Sud de la France et la péninsule ibérique. Nous n'avons pas
de traces de l'occupation des wisigoths à Collioure, hélas. Pas plus que des sarrasins, qui enfoncèrent en 735 l'actuelle Espagne et furent arrêtés
par les francs. Repliés sur la péninsule ibérique, ils furent définitivement rejetés du Roussillon en 811 par Charlemagne.
Commence alors l'époque carolingienne.
Moyen-âge
Nouveau possesseur du Roussillon, Charlemagne y instaure le système féodal et découpe la région en comté. Collioure est rattaché au comté
du Roussillon, mais il ne s'agit plus que d'une ville inhabitée. Au Xe siècle les nouveaux francs venus du Nord de la France commencent à reconstruire
une ville autour d'une église, probablement sous la direction d'une des grandes abbayes des Albères : St pierre de Rodes,
St Génis des fontaines, etc.
On retrouve Collioure dans un acte de donation d'un terrain par Pierre II, comte de Barcelone et nouveau roi d'Aragon, aux Templiers du
Mas Deu. Ce terrain, situé entre le port et le château médiéval, fut utilisé pour construire une second château,
propriété des templiers et destiné à protéger les intérêts des moines. Ce château n'était en fait qu'une maison fortifiée. L'année suivante l'évêque
d'Elne leur donna l'église du village ainsi que tous les revenus qui y afféraient. La ville n'était donc pas une propriété des templiers mais s'en
approchait.
Le château médiéval, une propriété du roi, fut peu à peu modifié, le port se développa et
Collioure commença a avoir plus de poids dans la région. Bloqué dans ses conquêtes vers la France suite à la défaite de la bataille de Muret, le
nouveau roi Jacques 1er le Conquérant se tourna vers la mer et lança ses conquêtes vers la mer. Le royaume d'Aragon devient alors un puissant
royaume maritime, les ports de Collioure et de Port-Vendres devenant des points d'attache de la flotte, de même que les nouveaux ports des îles
Baléares.
A la fin du XIIIe siècle Jacques 1er voulut réexaminer la situation foncière de chaque propriétaire pour calculer l'imposition des habitants des
villes royales. Il y avait 6 villes royales à cette époque. Deux dignitaires vinrent en 1295 à Collioure écrire les déclaration des propriétés des
habitants, ce document existe toujours, il est nommé "capbreu". Un capbreu, de nos jours, est tout simplement le plus ancien cadastre que nous ayons
d'une ville catalane.
Principale enluminure du Capbreu de Collioure, XIIIe siècle (cliquez pour voir tous les capbreus)
Passée ville du royaume de Majorque pendant près de 80 ans, Collioure était toujours une ville royale au XVe siècle. En 1424 il changea de
commandement, passant à Bérenger V d'Oms, qui obtient ce titre de façon héréditaire. Ainsi ses descendants furent également gouverneur du château
de Collioure. En 1428, soit 4 ans plus tard, il compléta ses titres en se faisant nommer par la reine Amélie Châtelain de Collioure, en même temps
qu'il obtient le bailliage de la ville que la famille conservera jusqu'à la révolution. Les habitants furent donc sous la direction effective de
la puissante famille d'Oms.
Passé à la couronne d'Aragon avec le royaume de Majorque, Collioure fut occupé par Louis XI puis rendu à l'Aragon par Charles VIII. Durant cette
période Louis XI renomme Collioure pour l'appeler St Michel, cette appellation durera de l'année 1475 à 1481. Charles Quint renforça les défenses
du château et construisit le fort Saint-Elme qui ne résista pas à Turenne en 1642. Le fort St Elme fut
également sous la responsabilité de la famille d'Oms jusqu'au début du XVIIe siècle. C'est en effet Antoine d'Oms qui cèdera l'alcayde de Collioure
à son neveu Henri de Sentmanat.
Au XVIe siècle les fortifications de la ville furent renforcée une première fois, elle le seront une seconde après le traité des Pyrénées en 1659.
La première moitié du XVIIe siècle est marqué par la conquête militaire du Roussillon par la France. Cette guerre, nommée Guerre de 30 ans, aura de
lourdes conséquences pour Collioure, qui tombe en 1642. Le roi de France mandate Vauban, architecte
royal, pour fortifier le Roussillon. En tant que place forte, Collioure devient ville de garnison. Le château fut entouré d'un glacis qui supprima
l'ensemble de la vieille ville qui se trouvait à ses pieds. La population fut invitée à se déplacer à Port-Vendres,
mais les habitants purent obtenir l'autorisation de reconstruire leur ville à peu plus au Nord, en fait à son emplacement actuel.
XVIIIe et XIXe siècle
La ville suivit la destinée du Roussillon et fut réoccupée par les Espagnols en 1793, mais reprise par Dugommier en 1794, au cours de la fameuse
guerre de 1793. Cette reprise de la ville fut réussie entre autre par une batterie de siège face au fort St Elme pour déloger les troupes du général
Navarro. Cette batterie provisoire fut transformée en établissement définitif en 1844 sous le nom de "batterie Dugommier". Elle représente le premier
exemple sur la côte rocheuse du passage de la fortification en redoute à la fortification polygonale en partie enterrée. Les dernières fortifications
de Collioure datent de 1871, juste après la guerre. On réalisa des routes stratégiques contrôlant l’arrière pays, sur la fortification de la crête
Madeloc, avec les batteries de la Galline, des 500 et de Taillefer, ainsi que la construction du
fort Béar de Port-Vendres, au-dessus de cap du même nom.
Autre évènement du XIXe siècle, l'apparition du protestantisme banyulenq. C'est le douanier Denis Blanc, muté en 1889, qui éveille à la foi
protestante les pécheurs du Faubourg, quartier pauvre de la ville. La religion s'étend à Argelès et se développe beaucoup. A partir de 1896 des
activités religieuses sont faites sur la ville même. Le temple protestant de Collioure fut construit au début du XXe siècle suivant les plans du
danois Viggo Dorph Petersen, qui a réalisé entre autre le chateau de Valmy et le temple
d'Amélie-les-bains. Son inauguration eut lieu le 4 mars 1906 en présence du pasteur Camille Lénard.
Par la suite Collioure perdit son intérêt stratégique avec la pacification entre les deux pays. Le port fut déclassé et redevient un port de
commerce et de pèche. Collioure se lança dans la production viticole, comme beaucoup de villages du Roussillon, et réussi à faire des vins de qualité.
De nos jours Collioure est une ville charmante, touristique, aux traditions vives.
Héraldique
Expression héraldique
D'azur au château d'
or,
ouvert et
ajouré du champ, maçonné de
sable, soutenu d'une mer d'
argent ombrée aussi d'azur.
Description
La ville de Collioure a un blason assez simple, mais il faut reprendre son expression héraldique pour le détailler.
Quand un blason n'est pas scindé en plusieurs parties, comme c'est le cas pour celui-ci, son expression héraldique commence toujours par sa couleur dominante.
Ici, il est "Azur", c'est à dire "Bleu". Il est doté d'un château d'or (c'est à dire jaune), "ouvert et ajouré du champ", ce qui signifie que sa porte et ses
fenêtres sont de la même couleur que le fond. Ce château est "maçonné" de "sable", qui veut dire qu'on voit les joints de couleurs "noirs". Ce château est
soutenu d'une mer "argent" (blanche) ombré d'azur (avec des traces bleues)
Explications
Collioure, ville à la fois maritime et royale, possède sur son blason le château royal d'or et la mer, les deux attributs qui la caractérise. Elle
est surmontée d'une couronne royale et une devise flotte dans une banderole : "Cui Dominus Contulit Speldorem", qui signifie "Dieu lui donna la splendeur".
Il s'agit d'une citation biblique évoquant Judith.