Histoire
Superbe citadelle dont les fondations plongent dans la mer, le château de Collioure fut construit sur les restes de constructions romaines,
transformées par la suite à l'époque wisigothique et citées pour la première fois en 673. Mais c'est à l'initiative des rois de Majorque, que
le château tel que nous le connaissons aujourd'hui fut bâti. Il était destiné à servir de résidence d'été à la cour royale. L'édification du
bâtiment s'est faite en même temps que le Palais des rois de Majorque, à Perpignan, entre 1242 et 1280.
Comme c'était souvent le cas durant le moyen-âge, en particulier entre les XIe et XIVe siècle, un château puissant entraînait la construction
à proximité d'un hameau habité par les personnes vivant aux alentours, c'est l'origine du Collioure médiéval
(le village initial est en fait beaucoup plus ancien, du VIe siècle avant JC)
Les officiers en charge de la citadelle étaient nommés par le roi de Majorque, puis à la disparition de ce royaume (1344) par le roi d'Aragon
et enfin par le roi de France en fonction du maître du Roussillon. C'est ainsi que plusieurs membres de la Famille d'Oms furent alcayde du
château Collioure. L'un d'eux, Emmanuel d'Oms, fut accusé en 1666 de complicité dans les tentatives faites par Maur de la Réa, abbé de
St Génis des Fontaines, pour livrer la place de Collioure aux espagnols.
Passé citadelle des rois de France après le Traité des Pyrénées, elle subit de nombreuses transformation par Vauban durant le XVIIe siècle.
Celui-ci fit raser la ville haute de Collioure pour élever l'enceinte extérieure et faire le glacis, ce qui obligea la population a construire
une autre ville un peu à l'écart, plus au Nord. C'est là l'origine de la ville actuelle de Collioure. De plus il fit défendre le château par
un autre fort réaménagé, situé sur les hauteur, le fort St Elme. Il faut savoir que ces modifications profondes dans la structure du château
furent faites à l'encontre de la volonté de Vauban, qui préférait défendre Port-Vendres.
Enfin le château de Collioure passa à la garnison de l'armée française, exactement l'arme du Génie. Elle fut transformée en prison durant
l'année 1939. C'est en effet en mars 1939 que le premier camp disciplinaire destiné aux réfugiés d'Espagne est créé au château royal de Collioure.
Durant l'été 1939 ils seront un millier à se trouver confiné derrière les épais murs de la forteresse.
Depuis la fin de la guerre le bâtiment appartient au département des Pyrénées-Orientales, qui organise souvent des expositions temporaires.
Il est parfois appelé château des templiers, c'est une erreur dans la mesure où il était construit bien avant l'arrivée des templiers en
Roussillon, à l'époque carolingienne. La confusion vient du fait qu'ils avaient eux aussi un château à Collioure, mais il ne s'agissait que
d'une maison forte, sans commune mesure avec la place forte dont on parle ici.
De nos jours le château de Collioure a un donjon carré formé de salles superposées et voûtées d'ogives. Lorsque les rois d'Aragon l'on
récupéré ils firent construire la salle des frères du couvent des templiers.
Pour aller (beacoup) plus loin...
Le château de Collioure reflète sa puissante et sévère silhouette dans les eaux de la mer qui viennent battre ses murs. Construit sur une colline rocheuse, face à l’entrée du port qu'il divise en deux anses, cet immense ouvrage stratégique occupe plusieurs hectares : ses hautes murailles, ses larges glacis témoignent de son importance militaire au long des siècles.
En effet, durant toutes les guerres qui ensanglantèrent la province, dès l’époque wisigothique au cours des luttes fratricides opposant le royaume de Majorque à celui d'Aragon, lors des invasions françaises de Louis XI et Louis XIII et jusqu’à la Révolution Française, il fut une des portes du Roussillon et par conséquent de la région frontalière.
Dans son état actuel, ce monument dont l'unité n’est qu’apparente, comporte diverses parties d’époques bien différentes. En l’étudiant et en le parcourant, nous relisons, comme gravées dans ces pierres séculaires, quelques belles pages des annales de la Catalogne et aussi de l’histoire de la France.
Le site antique de Caucoliberis
Le château et l'ensemble des glacis occupent un site archéologique des plus anciens, celui-là même où, de la préhistoire à 1670, s'élevait le village primitif, l'antique Caucoliberis (étymologiquement : port d'Illiberis, aujourd'hui Elne). Diverses découvertes de tessons et de poterie de toutes les époques, prouvent clairement la permanence d'un habitat en ces lieux. La situation topographique de cette colline rocheuse, véritable promontoire entre deux plages, offrait bien des avantages à ses premiers habitants. A partir de ce noyau primitif s'accomplit l'expansion de l'agglomération urbaine. Ainsi, l'oppidum préhistorique, utilisé dès le VIe siècle avant J.C. par les navigateurs phocéens, puis par les Romains, devint un village fortifié dès le haut Moyen Age.
En l'an 673, Wamba, roi des Visigoths, vint assiéger le « Castrum » de Collioure, tenu par des lieutenants du duc Paul, révoltés contre lui. Malgré une héroïque défense, la forteresse fut prise par Wamba qui emmena captifs les révoltés et leurs épouses. Cet événement fournit la première mention historique du château.
Après la période désastreuse des invasions arabes et normandes, le roi Lothaire concéda à Gausfred, comte de Roussillon, la ville et toute la région côtière jusqu'à Cerbère (981).
Une ville royale
A la mort du dernier compte du Roussillon, Guiraard (1172), ses domaines échurent à Alphonse II roi d'Aragon et compte de Barcelone. Collioure appartint alors à la dynastie Catalano-Aragonaise sous la directe seigneurie du roi. Dès la fin du XIIe siècle les souverains firent de fréquents séjours en cette ville qui constituait pour eux une étape lorsqu'ils se rendaient en Roussillon, à Perpignan et dans leurs domaines de Provence et de Languedoc. Ils y aménagèrent un château susceptible de les accueillir, eux et la nombreuse cours qui les accompagnait dans leurs dépalcement.
De plus, soucieux de la prospérité de la ville et de ces habitants, ils entreprirent des travaux d'urbanisation, et accordèrent de nombreux privilèges destinés à favoriser la pêche, le commerce maritime et la production vinicole. Durant l'été 1207, Pierre II le Catholique séjournait à Collioure et compagnie de son épouse, Marie de Montpellier. A cette occasion il accorda "gracieusement et avec affection" une charte comportant de nombreux et importants privilèges, "car, disait-il, rien ne convient mieux à la majesté royale que d'augmenter le bien-être de ses vassaux." son fils, Jacuqes le Conquérant, fit continuer les travaux portuaires et, "pour l'utilité du dit lieu et des marchands", il s'en préoccupera jusque dans son testament. De nombreux documents, fidèlement conservés dans les cartulaires de la ville, prouvent que leurs successeurs agirent constamment dans le même sens.
La tenace légende des Templiers
En cette même année 1207, Pierre II, après avoir pris consel de son ami Guillaume de Durfort, qu'il avait nommé châtelain de Collioure, fit donation à la Milice du Temple d'un terrain situé dans l'enceinte fortifiée. Le roi autorisait les religieux à y construire n'importe quel édifice et s'engageait même à changer, si c'était nécessaire, la porte d'entrée de son château. Attirés à Collioure par l'important commerce maritime qui s'y faisait les Templiers construisirent une Commanderie. Ils la possédèrent jusqu'à la suppression de l'ordre en 1309, et à cette date elle devint la propriété des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Finalement elle fut détruite en 1345, lorsque Pierre IV, après la chute du royaume de Majorque, entreprit de renforcer les défenses du château. De cette maison, dont il ne paraît subsister que les parties basses de la grande salle, appelée aujourd'hui chapelle, il est impossible de se faire une idée précise. Les documents difficiles à interpréter, semblent indiquer cependant qu'elle était située à l'emplacement des casernes qui, de nos jours jouxtent la chapelle. Cependant, l'histoire des Frères du Temple et de la plupart des lieux qu'ils habitèrent, a donné naissance à de tenaces légendes, et leur Commanderie de Collioure ne pouvait y faire exception. On raconte que bien souvent des prisonniers étaient amenés de nuit en bateau et introduits directement à l'intérieur du Château des Templiers par certaines ouvertures donnant sur la mer. Et, à l'abri des murs épais de cette sinistre geôle, ils étaient torturés pour les punir ou leur faire avouer on ne sait quels méfaits.
Ces fables ne peuvent être que le fruit de l'imagination populaire, car on sait que les Templiers du ressort de l'évêché d'Elne furent acquittés lors du procès de 1309. Quant à la dénomination de Château des Templiers, on doit la rejeter absolument, car elle est née de la confusion de deux édifices voisins mais bien distincts : le château, qui a toujours été propriété royale, et la Commanderie des Templiers, depuis longtemps disparue. Une singulière fantaisie des habitants a ainsi affublé d'un faux nom le Château Royal de Collioure, « qui ne connut jamais que les pals d'Aragon et les lys de France ».
Une scène dramatique
Dans cette demeure logeait bien souvent, durant les premières années du XIIIe siècle, « l'étrange couple constitué par Marie de Montpellier et Pierre II d'Aragon, plus solidement unis par une haine réciproque que par les liens sacrés du mariage ». La mésentente conjugale parvint un jour au plus haut degré au cours d'une querelle dramatique que l'on a appelée « La scène de Collioure », et dont la chambre de la Reine fut le théâtre. Le 11 septembre 1205 Pierre vint auprès de son épouse et, sous un fallacieux prétexte, exigea qu'elle lui donnât Montpellier, le château d'Aumelas ainsi que toutes leurs dépendances. Ces biens appartenaient en propre à la descendante des Guilhem qui ne voulait à aucun prix s'en dessaisir ; aussi refusa-t-elle de parapher le document qui lui était présenté. Le roi entra alors dans une colère folle, se précipita sur elle, la rudoya, et après avoir failli l'étrangler, la laissa évanouie sur un siège. Lorsqu'elle fut remise de ses émotions, la malheureuse reine convoqua tous les Montpelliérains se trouvant à Collioure ; en leur présence elle déclara qu'elle signerait, contrainte, et parce que le roi menaçait de ne plus accorder sa protection à Montpellier. Ainsi fut fait et Pierre acquit les biens dotaux de son épouse. Mais il ne devait pas profiter longtemps de cette extorsion : la cité languedocienne, qu'il avait tant convoitée, se révolta contre lui l'année suivante. Cependant, c'est avec tristesse qu'on évoqua le destin tragique de Pierre le Catholique, lorsque parvint la nouvelle de sa mort sur le champ de bataille de Muret, victime de la croisade contre les Albigeois, conduite par Simon de Montfort (12 septembre 1213).
Le royaume de Majorque (1276-1344)
Jacques le Conquérant ayant partagé son royaume entre ses deux fils, Collioure revint à la couronne de Majorque qui comprenait les Baléares, le Roussillon et Montpellier. Sa situation géographique privilégiée au centre d'un royaume factice et dispersé lui valut un trafic continu de vaisseaux de guerre et de commerce reliant Montpellier, Perpignan et Majorque.
Cependant les premiers temps du nouvel Etat ne furent pas faciles et durant la guerre de 1285 certains habitants firent savoir à Pierre III d'Aragon qu'ils étaient disposés à lui livrer la ville. Le roi, accompagné d'une escorte de cavaliers et de fantassins, descendit immédiatement du col du Perthus, où il bivouaquait, vers Collioure. Au point du jour il se présentait devant la porte de la ville avec un seul écuyer ; mais le gouverneur Arnaud de Sagra, du haut des remparts, feignait de ne pas le reconnaître.
— Pourtant, disait le roi, moi je vous connais bien ! Ne voyez-vous pas mon pourpoint, mes armoiries, ma selle et tout mon harnois ?
— Vous êtes trop loin, répondait le chevalier.
— Vous vous moquez de moi, s'écriait le roi, en élevant la voix et en s'approchant prudemment. Si vous ne voulez pas livrer la forteresse, dites-le franchement.
Tout à coup un arbalétrier déchargea son arme en direction du roi d'Aragon qui n'eut que le temps de s'enfuir pour échapper à une mort certaine. Marri de s'être ainsi laissé jouer, il rejoignit son escorte qui l'attendait dans une vigne toute proche, et donna l'ordre de descendre vers la mer. En représailles il fit incendier une partie de la ville ainsi que les galères, barques et autres vaisseaux ancrés dans le port.
Par la suite, une cinquantaine d'années de paix favorisèrent l'expansion économique et le développement culturel du pays. Les rois de Majorque, qui résidaient habituellement en leur magnifique palais de Perpignan, venaient fréquemment à Collioure où ils recevaient parents et amis. Ainsi le chroniqueur catalan Muntaner relate une visite de Jacques II d'Aragon : « Lorsqu'il eut terminé son séjour à Palamos où il s'embarqua, il fit transmettre un message au roi de Majorque son oncle, l'invitant à se trouver à Collioure où il voulait le rencontrer. Et le seigneur roi de Majorque y vint incontinent. Ainsi le seigneur roi d'Aragon partit de Palamos avec cent cinq galères ; et, à l'escale de Collioure, il vit son oncle, le roi de Majorque, et à cette vue ils se firent l'un l'autre moultes fêtes »
La cité médiévale
Malgré tout, la branche aînée de la dynastie catalane ne s'était jamais résolue à la partition du royaume et, en 1344, Pierre IV le Cérémonieux entra en Roussillon, décidé à déposséder définitivement son cousin. Le 13 juin il vint assiéger Collioure suivant un plan d'attaque qui se renouvellera plusieurs fois encore dans le cours de l'histoire. Il s'empara d'abord des tours qui protégeaient les alentours de la place ; ayant assiégé ensuite la première enceinte pour pénétrer dans la ville, il rejeta la garnison majorquine à l'intérieur du château. En même temps, la flotte bloquait le port, empêchant tout secours extérieur d'arriver. Après onze jours de siège, le commandant Raymond de Codalet se décida à capituler et avec chevaux, armes et bagages, quitta Collioure dont le roi d'Aragon eut la joie de prendre possession personnellement le 24 juin. Encore un peu de temps, et c'était la chute définitive du royaume de Majorque.
Durant toute l'époque médiévale, le port de Collioure fut le débarcadère de Perpignan et du Roussillon, parce que le seul mouillage abrité de la côte. En un temps où la voie maritime était souvent le moyen de communication le plus pratique et le plus rapide, les ports étaient d'une importance capitale. D'autant plus que la marine catalane était puissamment organisée et donnait une grande impulsion économique à tout le pays. Collioure possédait alors non seulement de nombreux bateaux de pêche mais encore une flotte de commerce fréquentant tout le bassin méditerranéen, Marseille, Gênes, Beyrouth, Alexandrie, la Sicile, la Sardaigne, le Maghreb et le Levant ibérique. Les galères exportaient surtout la draperie de Perpignan, le fer, les vins, les salaisons d'anchois, des barils de sardine et de thon ; elles importaient des laines brutes, des tissus précieux, des produits rares de l'Orient, et même des esclaves. C'est là aussi que débarquaient les troupes, les vivres et les munitions destinés à la défense de la province ; l'escadre royale elle-même y était souvent ancrée.
Ainsi des impératifs économiques et stratégiques expliquent l'absolue nécessité de fortifier la ville et de la maintenir en parfait état de défense. De plus, le danger des pirates exigeait une protection efficace de la région côtière; dès le XIIIe siècle, et sans doute bien avant, les collines environnantes étaient hérissées de tours de guet et de défense, aussi bien à l'intérieur des terres que sur le bord de mer. Bien des fois, et jusqu'à une époque assez récente, les canons du Château ou du Mirador durent entrer en action pour éloigner le barbaresque. La ville elle-même se tenait enserrée dans de solides murailles dont on peut retrouver assez facilement le tracé puisqu'il correspond à peu près exactement à l'emplacement actuel du château et des glacis. Cette enceinte, constituée de courtines reliées entre elles par une douzaine de tours carrées en saillie, s'étendait en ligne droite de la plage d'Avall au rond-point du Christ, redescendait au long de l'actuelle avenue de la République et, s'inclinant au-dessus de la rivière du Douy, rejoignait le château à l'embouchure de celle-ci. Les plans dressés en 1642 par le sieur de Beaulieu-Le-Donjon, nous en donnent une idée assez précise. Il est possible que les murailles détruites au XVIIe siècle fussent celles du moyen-âge. On connaît mal l'histoire de cette enceinte; elle existait déjà en 1280, et le Capbreu de 1292, signale « le portail Sainte-Marie », et mentionne plusieurs « in castro », « in muro ». On a retrouvé une tour près du rond-point du Christ, un fragment de rempart à l'emplacement des bains-douches et une autre tour près de l'actuel toril, ce qui permet d'affirmer avec un peu plus de précisions que les murailles suivaient le tracé des voies publiques actuelles jusqu'au coin de la poste en direction de l'entrée du château. Les portes d'entrée s'ouvraient du côté du couchant. A l'intérieur, c'était la Vieille Ville avec ses ruelles, ses vieilles maisons de pêcheurs, ses demeures de chargeurs, commerçants et armateurs, l'église Sainte-Marie, l'Hôpital et la Maison Commune. Au point le plus haut, dominant à la fois la cité et les plages, le château, dont une bonne partie subsiste encore, dressait ses tours crénelées à l'emplacement même où nous le voyons aujourd'hui. Toutefois, il était entouré de jardins et comportait une chapelle, disparue lors de la construction de la Commanderie des Templiers. Quant à l'autre quartier, celui du port d'Amont, appelé aujourd'hui la Ville, il était plus sommairement protégé par des palissades et des barbacanes.
Cette cité médiévale était gouvernée par un châtelain nommé par le roi, généralement un personnage important comme Pierre de Durfort, Bérenger d'Ortaffa, Pierre Grimau, cumulant les fonctions de bailly et de gouverneur militaire. Dès le début du XVe siècle et jusqu'au XVIIe, cette charge fut comme une prérogative héréditaire des nobles familles d'Oms et de Semmanat, comportant pour son titulaire l'obligation d'y résider et d'y entretenir une petite escorte en plus de la garnison habituelle. Cependant le roi veillait personnellement non seulement à la bonne marche de la ville, mais aussi à l'entretien du château. En 1454 Alphonse le Magnanime ordonnait de l'approvisionner « axi de bombardes, bellestes, passadors, polvere, pedres, artillerie e altres coses necessaries a la deffensio del dit castell ». Un inventaire nous indique aussi qu'il était bien pourvu de « polvere de bombardes, ballestes, falcons, serpentines e colobrines ». Par mesure de précaution, le crieur public devait s'y enfermer la nuit, et sonner la trompette à l'aube et au coucher du soleil.
Mais de temps en temps régnait une animation plus grande que de coutume et au sommet du donjon flottait l'étendard d'or aux quatre pals de sang. Le roi était arrivé avec une nombreuse cour de barons, écuyers, majordomes, camerlingues, aumôniers et tout le personnel subalterne. C'étaient alors des jours de grandes réjouissances publiques et les autorités locales organisaient en l'honneur de leur illustre seigneur les réceptions requises en pareille circonstance. Le 24 mars 1379, le Procureur royal invitait le châtelain Guillaume Comes à vouloir bien rendre compte de son administration à la reine Yolande. Mais le fonctionnaire répondit en demandant un délai car, disait-il, il était très occupé en ces jours-là par l'affluence de grands personnages venus accueillir le roi Martin qui devait arriver incessamment de Sicile. Quelle bonne excuse pour esquiver une fastidieuse obligation !
« Une décision maintes fois renouvelée, jusqu'à prendre valeur de coutume, engloba le château de Collioure dans le douaire constitué en faveur des reines d'Aragon. Au début de 1236, Jacques le Conquérant qui venait de se remarier avec Yolande, fille du roi de Hongrie, lui concéda en garantie de sa dot et comme donation nuptiale, outre le comté de Cerdagne, le Conflent et le Vallespir, la ville et le château de Collioure. Lors de son troisième mariage avec Constance, fille du roi de Sicile, la même cité et le même château figurent encore dans le don octroyé propter nuptias. Yolande de Bar, femme de Jean 1", fut propriétaire de Collioure dans les mêmes conditions et l'on voit encore la reine Marie, femme d'Alphonse V le Magnanime y faire des réparations ». La reine Yolande aimait, paraît-il, s'attarder sur la terrasse du donjon pour contempler tout à loisir la mer immense dont les vagues venaient se briser contre les murailles du palais.
Cette demeure royale était d'ailleurs aménagée pour accueillir des hôtes illustres dont la liste constituerait un beau Livre d'Or : en plus des souverains d'Aragon et de Majorque, on pourrait mentionner Alphonse V de Portugal en 1476, Ferdinand le Catholique en 1415, l'Empereur Charles-Quint en 1538. Le 12 décembre 1581, venant de Gênes et Marseille, débarquèrent l'Impératrice Marie d'Autriche, soeur de Philippe II d'Espagne, la reine Marguerite, accompagnées d'une noble escorte parmi laquelle se trouvaient le marquis, la marquise de Gonzague et leur fils, qui sera un jour connu sous le nom de Saint-Louis de Gonzague. Après un séjour de quelques jours à Collioure, ces hauts personnages continuèrent leur route vers l'Espagne. Toutefois, le visiteur le plus illustre demeure sans aucun doute le Pape Benoît XIII, Pierre de Luna, beau-frère du roi Martin d'Aragon. Venant de Porto-Venere, il arriva le 2 juillet 1408 et demeura trois semaines au château avec sa cour pontificale; il en repartit le 24 du même mois pour Perpignan où il devait présider le Concile destiné à mettre un terme au grand schisme d'occident. Ce Concile n'eut pas de résultat, mais le Pape de la Mer revint à nouveau en 1415 pour participer aux conférences tenues à Perpignan par l'Empereur d'Allemagne et le Roi d'Aragon. Malgré les supplications des deiix souverains et de toute l'assemblée, l'auguste vieillard refusa obstinément de déposer la tiare, et vint se réfugier à Collioure où étaient ancrées ses galères. Au moment du départ, le Pontife descendit du château, s'assit un instant dans un fauteuil préparé sur la plage, puis d'un pas pesant monta sur la galère papale. Mais au moment où celle-ci allait appareiller une ambassade venant de Perpignan supplia Pierre de Luna de se démettre. Debout sur la poupe de son navire, il accueillit d'un silence dédaigneux le message royal crié depuis la plage par l'un des émissaires. Quand la galère commença à s'éloigner, le Pape de la Mer, toujours debout, répondit simplement : « Allez dire à votre souverain de ma part : C'est moi qui t'ai fait roi et tu m'envoies dans le désert. Ta vie sera courte et tes descendants n'arriveront pas à la quatrième génération ». La galère voguait vers l'Espagne, vers Peniscola où Benoît XIII allait se réfugier et mourir.
Le souvenir de tous ces événements, l'image de ces belles dames et de ces grands personnages qui y logèrent s'attachent encore aux murs du château médiéval, forteresse et palais, place forte et séjour royal de vacances.
« Nous, Martin, roi d'Aragon, de Valence, Majorque, Sardaigne et Corse, comte de Barcelone, Roussillon et Cerdagne… Les anciens princes pensaient qu'il n'y avait pas de plus grande gloire que de construire des châteaux ou de renforcer et d'agrandir les anciennes forteresses. Combien plus pouvons-nous nous glorifier, lorsque nous voyons le château et notre ville de Collioure, situés en un lieu élevé et abrupt , protégés moins par un travail humain que par un bienfait naturel, et contigus à un port de mer important et spacieux. Là des marchandises et beaucoup d'autres biens sont embarqués et des vaisseaux s'y réfugient pour éviter le péril marin d'où qu'il vienne; et ils y reçoivent une protection salutaire et bienfaisante grâce à la forteresse qui y fut construite si puissamment et avec tant de soins. Son port est disposé non seulement pour la défense de nos fidèles sujets mais encore pour l'attaque de tous nos ennemis.
Aussi faut-il d'abord les tenir en bon état, puis les renforcer par de plus importantes et de plus solides fortifications, afin qu'ils deviennent une protection efficace non seulement pour notre flotte, nos vaisseaux et ceux de nos amis, mais encore un sujet de crainte terrible pour nos ennemis.
En conséquence, étant donné que ledit port et ladite ville servent autant à accueillir les vaisseaux qu'à entreposer les marchandises, il est juste que les uns et les autres (navires et marchandises) participent à la fortification du port, à la construction d'une Loge que l'on doit y faire pour le service des marchands et des marchandises, ainsi qu'à la réparation des arsenaux qui se trouvent en état de ruines... » Sur ordre du roi, Raymond Traginer, procureur royal à Collioure, et François de Sant-Vicens, châtelain et bailli de la ville, décident l'imposition d'une « maille » pour financer les travaux envisagés.
Le château de Saint-Michel
Dès la fin du XVe siècle, le château ne fut plus qu'un point stratégique sur une frontière qui se déplaçait des Albères aux Corbières, et son histoire uniquement militaire. En effet, du règne de Louis XI à celui de Louis XIV, le Roussillon se trouva être l'enjeu constant d'une lutte serrée entre la France et l'Espagne.
Les troupes de Louis XI franchirent la frontière roussillonnaise en 1463 et immédiatement occupèrent la province. Cependant, les Catalans supportaient mal l'administration française et un peu partout complots et révoltes éclatèrent à l'instigation notamment de Guillaume d'Oms, capitaine du château. La répression fut terrible, à tel point que le roi alla même jusqu'à changer le nom de Collioure en celui de Saint-Michel. Durant les hostilités, il avait pourtant constaté que les galères transportant les subsistances d'Agde à Collioure avaient « plus fourni en ung voiage que n'eussent fait tout le charroy et bestiail de Languedoc en ung mois ». Dans son esprit, ce port bien abrité et fortifié pouvait servir ses visées en direction de la péninsule ibérique et aussi les projets maritimes qu'il méditait. Les travaux qu'il fit effectuer ainsi que sa volonté de le rendre prospère, furent sans conséquence, d'autant moins que son fils Charles VIII restitua cette portion de terre catalane à Ferdinand d'Aragon.
Une nouvelle forteresse
Les leçons de cette première invasion ne furent pas inutiles aux rois d'Espagne qui entreprirent immédiatement de renforcer leur frontière en construisant le fort de Salses et en agrandissant celui de Perpignan. A Collioure les travaux commencèrent dès 1503 et se poursuivirent tout au long de ce siècle, dans un climat continuel d'insécurité. Il était évident que l'enceinte entourant la ville et le château, construits aux XIIIe et XIVe siècles, étaient devenus insuffisante pour résister aux nouvelles armes à feu. On conçut donc une forteresse nouvelle en avant du château médiéval, consistant essentiellement en de gros bastions au tracé irrégulier autour d'une grande place d'armes. Pour ce faire, on détruisit de nombreuses maisons d'habitation et on prolongea les murs du château le long du port d'Aval par le bastion dit des Dominicains ; à partir de celui-ci, et en direction de la rivière, on construisit un front de bastions à crête arrondie (encore très visible) au milieu duquel s'ouvrait la porte à barbacane de cette nouvelle forteresse ; ces ouvrages se prolongeaient au-dessus du Douy jusqu'à l'actuelle chapelle. Du côté de la mer, au pied du donjon, fut construit un bastion à deux étages appelé Moineau. La ressemblance de toutes ces bâtisses avec celles du château de Salses, édifié à la même époque, laissent supposer qu'elles furent conçues par le même maître-d'oeuvres, l'ingénieur espagnol Ramirez.
Un siège mémorable (16 mars — 13 avril 1642)
En 1538, Charles Quint vit personnellement inspecter la frontière et à la suite de cette visite on renforça la protection extérieure de la place, dont la faiblesse était précisément de pouvoir être bombardée à partir des collines qui la dominaient. Ainsi furent entourées d'une enceinte en forme d'étoile, au nord, la tour Sainte-Thérèse, plus tard remplacée par le fort Mirador, et au sud, la tour Sain-Elme, toujours conservée dans le même état. Sous Philippe II on compléta l'oeuvre de ses prédécesseurs en construisant des casernements autour de la place d'armes. Ainsi, au début du XVIIe siècle, devant le château et à l'intérieur de l'enceinte médiévale, s'élevait une nouvelle et puissante citadelle dont une bonne partie subsiste encore.
Ces travaux étaient nécessités par le rôle important du port, en vue du ravitaillement des troupes stationnées à l'intérieur de la province. Si Collioure venait à tomber entre les mains de l'ennemi, la sécurité pouvait être difficilement maintenue sur la frontière. C'est exactement ce qu'il advint en 1642.
Cette année-là, la Catalogne, révoltée contre Philippe IV d'Espagne, fit appel à la France. Richelieu profitant de l'occasion qui lui était offerte, y envoya des troupes, tandis que les Corts catalanes proclamaient Louis XIII comte de Barcelone. Malgré tout, une partie du pays et notamment Perpignan, résistait à une aide militaire qui ressemblait à une occupation. Le 16 mars, l'armée française se dirigeait vers Argelès. Sous le haut commandement du Maréchal de la Meilleraye, grand maître de l'artillerie, marchaient les magnifiques régiments de Champagne, Mazarin-Italien, les chevaux légers de Son Eminence, les mousquetaires du Roy avec le fameux d'Artagnan, des Compagnies Suisses, et bien d'autres encore. En tout 10 000 hommes conduits par d'illustres guerriers tels que Turenne, Faber, Conti, Cinq-Mars, de Thou, Esperan. Dans le camp adverse, le marquis de Mortara défendait Collioure avec près de 5 000 hommes disposés sur les collines. Dès les premiers jours de l'attaque ils furent rejetés à l'intérieur de la ville. Celle-ci, prise à son tour sous le feu des batteries françaises, dut aussi être abandonnée, et les hommes de Mortara se réfugièrent à l'intérieur de la citadelle.
Durant plusieurs jours, l'artillerie pilonna les bastions sans pouvoir les entamer. Devant le peu de résultats obtenus par le bombardement, la Meilleraye recourut à la mine qu'il employa pour détruire la citerne et le puits alimentant la garnison. Privé d'eau et de vivres, ne pouvant espérer de secours extérieur car la flotte du bailly de Sourdis bloquait le port avec une quarantaine de vaisseaux, le marquis de Mortara se décida à capituler. Il obtint des conditions honorables ainsi que les honneurs de la guerre pour lui et ses hommes qui, à vrai dire, s'étaient héroïquement défendus.
La barrière d'airain
La garnison espagnole quitta Collioure le 11 avril à 7 heures du matin « avec armes et bagages, tambour battant, enseignes déployées et balles en bouche ». Ainsi tombait aux mains de Louis XIII « la porte des vivres », après un siège terrible d'un mois qui avait fait des centaines de victimes, détruit une bonne partie de la ville, ses remparts, ses maisons et son église.
Au cours des années suivantes, on ne fit que réparer sommairement les ouvrages détruits ; ce ne sera que bien après la Paix des Pyrénées (1659) que la place sera complètement réaménagée suivant de nouveaux plans. En cette période du règne de Louis XIV, deux grands hommes de guerre, Louvois et Vauban, construisant ou améliorant plus de trois cents forteresses, entouraient la France d'une « Barrière d'airain ». Dans le plan d'ensemble, la frontière roussillonnaise devait être protégée du côté de la mer par les forts de Salses, Perpignan, Collioure et Port-Vendres ; sur les Albères par Bellegarde, Fort-les-Bains et Prats-de-Mollo ; enfin, la haute vallée de la Têt était verrouillée par Villefranche et Mont-Louis. Pour Collioure, Jacques de Borelly de Saint-Hillaire, ingénieur en chef des fortifications, établit des plans destinés à renforcer son potentiel défensif. En avant des fossés de la citadelle construite par Ramirez devait être créé un vaste glacis allant du port d'Avall à la rivière du Douy, ce qui impliquait le dérasement complet de la Vieille Ville, et suscitait de toutes parts de nombreuses protestations. Vauban et Louvois vinrent donc inspecter ensemble les travaux en cours (1679), mais exprimèrent des opinions divergentes. Vauban, estimant inutile tout ce qui se faisait ici, alla jusqu'à proposer de raser entièrement Collioure et de transporter tous ses habitants à Port-Vendres où l'on construisait une forteresse toute neuve. Louvois, lui, n'était pas de cet avis, hésitant sans doute quant à la dépense entraînée par un tel projet. Finalement, on réalisa les plans de Saint-Hillaire : la Vieille Ville fut rasée et nivelée ; plus de cent cinquante maisons, l'église, et les remparts du moyen-âge disparurent sous la terre du glacis. Au sommet, on aménagea une grande demi-lune face à la porte d'entrée.
Celle-ci d'ailleurs devint accès secondaire, tandis qu'on ouvrait au nord une nouvelle porte. En ce qui concerne la forteresse elle-même, on ne fit que renforcer et agrandir les bastions conçus au siècle précédent par les ingénieurs militaires espagnols ; toutefois, la massiveté et la hauteur des oeuvres d'art réalisées à cette époque, tant au-dessus du port d'Avall que du côté de la rivière, sont à vrai dire impressionnantes. Le quartier appelé la Ville, devenu les hauteurs de la Justice, le Fort Rond et le Fort Carré, complétèrent la protection extérieure. Ces travaux durèrent de nombreuses années et jusqu'au début du XVIIIe siècle ; ils aboutirent à la création d'une nouvelle place-forte, indélébilement marquée par le style et les conceptions militaires du Grand Siècle.
Une ville de garnison
Durant tout le XVIIIe siècle cette place toute neuve ne fut le théâtre d'aucune opération militaire, mais la garnison y était toujours fort nombreuse. Les hommes de troupe étaient cantonnés dans les casernes du Château, du Mirador, du Moré et parfois même chez l'habitant. Le gouverneur, le lieutenant du Roy et les autres officiers logeaient dans l'ancien château royal, siège d'un état-major brillant : Léon d'Esparbés de Lussan, marquis d'Aubeterre, Charles le Roye de la Sanguinerie, Monsieur de Montmejan, Jean-François de Rollet, Jean de Marast, et bien d'autres noms de la noblesse d'épée illustrèrent ces lieux. En 1770, par exemple, l'état-major se composait ainsi : gouvernement : Marquis de Jonsac ; lieutenant du Roy : Monsieur de Moliner ; commissaire de l'artillerie : Monsieur de Saint-Michel ; ingénieur : Monsieur de Saint-Malo. Un aumônier desservait la chapelle du château, tandis qu'un chirurgien-major et un médecin étaient affectés au service de l'hôpital militaire. Ville de garnison avec tout ce que la soldatesque peut apporter de meilleur et de pire, de grandeurs et de servitudes : rixes et parades militaires, sonneries de clairon et exercices d'entraînement, sentinelles veillant sur les remparts et corps de garde aux entrées, portes de la ville ouvertes ou fermées toujours à heure fixe.
Un Etat Militaire de la province indique qu'en 1770 château, casernes de la ville et Mirador étaient estimés « pour cinq bastions royaux, 3 000 fantassins et 300 cavaliers ou dragons ». L'arsenal comportait 40 canons de fonte, 15 mortiers, 40 affûts divers, et bien sûr avantrains, boulets, bombes, grenades, et autres munitions. Cependant, l'auteur de cette notice, le baron de Ros, lieutenant de la Compagnie Ecossaise des gardes du corps du Roy, signalait qu'il y manquait bien des armements pour sa défense ; et il soulignait que l'ennemi n'oserait pas hasarder une attaque sur la frontière, « s'il n'était maître de Collioure, objet peut-être le plus important de toute la Province, puisqu'il établirait aux ennemis une communication par la mer ».
La condamnation à mort de Louis XVI ayant suscité la coalition des puissances européennes contre la République naissante, les troupes espagnoles pénétrèrent en Roussillon dès le mois d'avril 1793. Le 6 décembre elles attaquèrent le col de Banyuls, mais furent repoussées immédiatement grâce à la bravoure de la population civile. Huit jours plus tard, une nouvelle tentative par le sommet des montagnes réussit. Au manque de préparation de nos troupes vint s'ajouter la trahison du commandant de Saint-Elme, un nommé Dufour, qui fit diriger le feu de ses canons sur la ville de Collioure. Le général Ricardosput ainsi s'en emparer et l'occuper pendant six mois avec 10000 hommes.
Entre-temps, Dugommier ayant réorganisé l'Armée des Pyrénées-Orientales conçut l'idée de reprendre la place par le revers. Escaladant les montagnes, il alla s'installer au sud de Port-Vendres, vers Paulilles, où l'artillerie fut débarquée par une flotille envoyée du Languedoc. La tentative d'approche traînait en longueur et le général pouvait écrire au Comité de Salut Public : « Quiconque connaît Collioure, Port-Vendres et les forts environnants attestera que nous avons affaire à un morceau bien difficile à digérer ». Cependant, le courage des troupes et des populations eut raison de l'envahisseur. Saint-Elme put être repris le 25 mai 1794, et le lendemain Collioure capitulait. Le général Ricardos et ses hommes rendirent les armes ; ils obtinrent les honneurs de la guerre et se retirèrent en Espagne. La Convention pouvait décréter en toute vérité : « Les citoyens de Bagnouls-les-Mers et de Collioure ont bien mérité de la patrie » (15 prairial an II - 3 juin 1794).
Les opérations de ce dernier siège, d'une extrême violence, avaient vivement affectées la population civile, mais aussi irrémédiablement détruit une partie du château royal. Tout au long du XIXe siècle, des constructions adventices pour loger la garnison continuèrent à le défigurer. Toutefois, les ouvrages des XVIe et XVIIe siècles demeurèrent en assez bon état. En 1866, la place de Collioure fut déclassée et alors commencèrent à être abolies les servitudes qu'elle comportait. En 1922 l'ensemble du château fut rayé du tableau des places de guerre et classé monument historique, mais il resta, la propriété du ministère des Armées jusqu'en 1951. A ce moment-là il fut acquis par le Conseil Général des Pyrénées-Orientales qui s'attache à sa restauration et à sa mise en valeur en collaboration avec la Fondation de Collioure qui assure son animation.