Histoire
Après la reconquête de la Catalogne Nord par Charlemagne sur les Sarrasins en 811, le système féodal fut instauré et se répandit rapidement sur toute l’Europe. Les montagnes se couvrirent de châteaux, souvent fortifiés, en particulier sur les frontières de l’Empire. Ces châteaux étaient confiés à des personnes influentes auprès du comte local ou des abbés des monastères récemment établis, afin d’attirer les premiers pionniers francs.
L’un de ces châteaux était appelé "Château du Mont Dony", du nom de son propriétaire. Aujourd’hui, le sommet de cette montagne porte le nom de "Roca de Sant Salvador". La présence de ce château est attestée dès 1020 sous le nom de "Castello Monte Donno". La chapelle de ce château, après son abandon et sa destruction, fut reprise par les premiers ermites.
Le XVIIe siècle fut celui de l’essor des ermitages dans la région. Cette pratique ancestrale, déjà observée au IXe siècle en Catalogne Sud, se développa rapidement. Toutes les anciennes chapelles, qu’elles soient d’origine paroissiale ou castrale, furent réhabilitées. Elles furent modifiées et enrichies de bâtiments annexes pour accueillir l’ermite. C’est le cas de l’ancienne église Sainte-Engracià, mentionnée sous le vocable "Hermita de Santa Engracia" en 1688.
Les ermites du Roussillon, entre les XVIIe et XVIIIe siècles, n’étaient pas des religieux isolés mais des membres actifs de la société catalane. Ils étaient accessibles physiquement et détenaient un bien précieux : le savoir. Respectés pour leur connaissance et leur bon sens, les habitants venaient les consulter pour résoudre des problèmes moraux et prendre des conseils avisés.
Cette situation prit fin avec la Révolution française. En 1790, la jeune République vota une loi déclarant que les biens de l’Église étaient désormais des possessions de l’État. Tous les édifices religieux qui n’étaient pas le siège d’une paroisse furent vendus comme biens nationaux, ce qui fut le cas de Sainte-Engracià.
Quelques années plus tard, certaines restrictions furent levées et certains ermitages purent rouvrir au culte. Malheureusement, Sainte-Engracià resta à l’abandon. La chapelle arriva jusqu’à nous dans un état très dégradé, avec le logement de l’ermite en ruine. Une campagne de restauration fut entreprise en 2003 par l’association locale "Sauvegarde du patrimoine". Lors de cette restauration, une nouvelle cloche fut installée dans le clocheton à arc unique, nommée "Bernadette". La chapelle conserve également un retable du XVe siècle.