Histoire

Corneilla-la-Rivière est un village du Ribéral. En tant que tel, le sol y est trop acide pour qu’il ait pu conserver des vestiges de la lointaine période paléolithique. De toute façon, il y a peu de chances que les hommes de cette époque aient habité la vallée de la Têt, trop humide et dangereuse à ce moment-là. Quant au Néolithique, les hommes préhistoriques l'ont sûrement habitée, ou du moins traversée, mais la culture intensive de la vallée a probablement détruit toute trace de leur passage.

Vers -500, les Celtes vinrent occuper le Roussillon. À partir de -121, les Romains les envahirent, avant d’être eux-mêmes envahis par les Vandales en 408, puis par les Wisigoths en 412. Enfin, les Sarrasins occupèrent la région en 735 et y restèrent jusqu’en 811, année où Charlemagne, roi des Francs, réussit à les repousser de l’autre côté des Pyrénées. Commence alors le Moyen Âge. Jusqu’à cette période, il est difficile de déterminer précisément quand le territoire de Corneilla a été occupé. Il l’a évidemment été durant l’époque romaine, puisqu’on y a retrouvé quelques vestiges, dont des pièces, et d’autre part, l’étymologie de la ville prouve qu’elle a été fondée par un Romain. Mais on ne sait pas à quelle époque exactement. Quant aux Wisigoths, ils ont en général repris les domaines ruraux des Romains, mais ils n’ont guère laissé de traces de leur passage.

En réalité, la première mention écrite de Corneilla dans un document, qui fait apparaître le village tel que nous le connaissons aujourd’hui, date de l’an 902, dans un acte autorisant le creusement d’un canal d’irrigation pour les terres situées autour du village. Puis, en 951, un autre document indique que la paroisse était une possession de l’abbaye de Lagrasse, en Languedoc. L’abbé était, au XII^e siècle, seigneur temporel de Corneilla, et la nomination du curé lui revenait. La première église, datant du XI^e siècle, fut incendiée au XVII^e par les Castillans, puis reconstruite. Elle fut consacrée en 1145 par Udalgar, évêque d’Elne, et agrandie au XIX^e siècle. Cette église, dédiée à saint Martin, est remarquable par son portail d’entrée en marbre et son mobilier : un retable du chœur du XIX^e siècle avec des statues du XVIII^e, ainsi que d’autres statues de la même époque. La sacristie abrite deux "Vierges du Rosaire" datant du XVII^e siècle. L’église contient également un tableau récemment restauré, représentant sainte Ursule, attribué à Guerra le Jeune.

Au XII^e siècle, alors que le comté de Besalú est intégré à celui de Barcelone et que la Catalogne s’est déjà dessinée, Corneilla semble être un village rural en plein essor. Il est protégé par un château, en réalité une grande maison fortifiée. Aux XII^e et XIII^e siècles, on ceinturera le village d’une muraille flanquée de tours de défense. Le village en possède encore deux. Détail amusant : une maison attenante à l’église, datant aussi de cette époque, possède une entrée donnant directement dans l’édifice religieux.

L’eau amenée par le canal n’était pas destinée uniquement à l’irrigation, mais servait aussi de source d’énergie. Un moulin à huile, mû par la force hydraulique, fut ainsi construit ; on peut encore en voir les vestiges aujourd’hui. Par la suite, Corneilla suivra tranquillement l’histoire du Roussillon. Il sera peu concerné par la guerre de Trente Ans opposant la France à l’Espagne, puis il passera à la France après l’occupation du territoire, officialisée par la signature du traité des Pyrénées, qui fixa la frontière entre les deux pays. De même, la Révolution française n’eut pas de répercussions particulières sur la population. Le village a peu à peu grandi avec l’évolution démographique et est resté un village agricole.

Signalons enfin qu’à l’extérieur du village, on peut voir un oratoire dédié à Notre-Dame.