Histoire
Les Garrotxes semblent avoir été habitées dès la période préhistorique, mais aucune fouille sérieuse n’a encore permis d’en retrouver des traces. Même au Néolithique récent, à l’époque des mégalithes, ce territoire ne compte ni dolmens ni menhirs, contrairement à la Cerdagne ou aux Albères.
La première mention de Sansa dans un document écrit concerne son église paroissiale et date de 1189. Il s’agit d’un acte de vente d’un mas au prieur de Corneilla, Bérenger. Les vendeurs étaient Arnaud et Guillaume, originaires de Llugols. Cette église, dédiée à saint Jean-Baptiste, était plutôt modeste, avec une voûte en berceau brisé. La nef fut rallongée ultérieurement. Le retable du maître-autel, datant du XVIIIe siècle, représente le saint patron, accompagné de saint Pierre et saint Paul, tous surmontés d’une Vierge à l’Enfant.
En 1263, Sansa apparaît sous le nom de « Villa de Censiano », terme utilisé par le roi d’Aragon pour reconnaître sa possession par le prieur de Corneilla. En 1304, les hautes et basses justices furent accordées au prieur Raymond, puis à ses successeurs. Dès lors, toute la seigneurie de Sansa passa sous l’autorité du prieur, ainsi que la moitié des revenus du pasquier de Conflent, partagés avec le roi, les pasquiers étant propriétés royales.
Au XVe siècle, Sansa fut frappée de plein fouet par la peste, comme le reste du Conflent (peste de 1438 et années suivantes). Puis, des protestants français, fuyant les persécutions, vinrent dans les Garrotxes et pillèrent les villages. Sansa fut totalement détruit, château et église compris, tout comme Caudiès-de-Conflent.
Le village resta abandonné jusqu’au 25 septembre 1562, date à laquelle le prieur de Corneilla, Baudire Agullana, proposa à quelques habitants des villages voisins de le repeupler. Certains acceptèrent les conditions :
Paul Noliach, prêtre ; Gui Fondéra ; Raymond Vergès ; Jean Salvat (major) ; Jean Salvat (minor) ; Jacques Salvat ; Barthélemy Teixidor, tous de Matemale, ainsi que Jean Pidell et Gaspard Deulofeu d’Eyne, participèrent à l’opération.
Le prieur leur céda les terres contre une censive commune de 70 livres pour les pâturages et 100 livres pour les fruits, et leur inféoda les herms et bois communs, à l’exception des pasquiers royaux. Il leur donna également l’autorisation de construire un moulin à farine et un moulin à scie, contre une rente annuelle de 100 livres. Le curé reçut 3 journaux de terre (superficie correspondant à trois journées de travail), bien que l’église ne fût pas encore reconstruite. Les nouveaux habitants s’engagèrent à reconstruire le château à des fins défensives. Ils récupérèrent également l’ancien territoire du village, y compris les pasquiers, dont l’usage était partagé avec les habitants de Réal et Villeneuve-de-Formiguères.
Les revenus de Sansa atteignirent 35 doubles d’or en 1677, et sa part de la rente des pasquiers royaux varia entre 100 et 125 écus de France en 1683 et 1687.
Une autre mention du village date de 1767 : André Cases, d’Olette, afferma les revenus de Sansa pour 450 livres et 3 mesures de seigle. Cette année-là, il retira 546 livres et 6 sols de son bail. Il versait également à l’abbé de Montferrer une somme de 600 livres pour les pasquiers.
L’église romane du village, dédiée à saint Jean, est mentionnée dès 1189. Elle possède une nef unique, d’abord courte, mais rallongée après le remplacement de la voûte en bois par une voûte en pierre. L’appareillage des murs est irrégulier. Au XIXe siècle, en 1866, une seconde église fut construite, mais l’église primitive fut conservée.
Les droits de Bouleternère
Curieusement, le village de Bouleternère possédait des droits sur les pasquiers royaux de Sansa. Ce droit remonte à l’année 1162, lorsque le comte de Barcelone, Raymond, donna à Pierre d’Avalri la seigneurie de Pinos ainsi que la moitié des revenus des pasquiers du Conflent. Ces droits étant transmissibles à ses héritiers, une partie en resta aux mains des seigneurs de Canet et d’Ille.
Un acte de Jacques Ier de Majorque confirma ce droit le 3 des ides d’octobre 1309, au château de Bouleternère, par l’intermédiaire du seigneur de l’époque, Pierre de Fenouillet. Son descendant reçut une nouvelle confirmation le 24 décembre 1403 de la part de Martin d’Aragon.