Histoire
Si le Bourdigou est si connu de nos jours, c'est qu'il abritait un vrai village, un village dont l'origine se perd dans la nuit des temps et qui fut détruit à deux reprises, la deuxième fois définitivement en 1979. Ce qui est suffisamment récent pour que nos anciens nous expliquent comment était ce village.
Initialement, il s'agissait d'un village de pêcheurs. Rien d’étonnant à cela, vu que de tels villages existaient sur toute la côte. On en comptait 11 au début du siècle, tous structurés de la même façon. Les pêcheurs des villages alentours, ayant besoin de stocker quelque part leur matériel de pêche, ainsi qu’un endroit où vivre en cas de problèmes particuliers, avaient construit en bord de mer quelques baraques simples, en roseaux et au toit de sanils, ces petits roseaux d'étang. Ces quelques maisons en ont attiré d'autres, et ces villages de pêcheurs se transformèrent peu à peu en véritables villages, lorsque certaines familles vinrent y vivre pour être plus proches de la mer et de ses ressources. Aujourd'hui, quelques passionnés font revivre ces villages en reconstruisant de telles baraques, par exemple à Saint-Hippolyte ou à Canet-en-Roussillon.
Au début du XXe siècle, les techniques de construction évoluèrent, et ces baraques furent peu à peu remplacées par des constructions précaires, mais plus sûres. En 1936, l'arrivée des congés payés permit à un nombre important d'ouvriers catalans de prendre quelques jours de vacances. Ceux qui optèrent pour la mer partirent dans ces villages de pêcheurs, vivre dans ces baraques au bon air, profitant non plus des ressources de la mer mais de ses bienfaits. Le passage au tourisme n'était pas loin.
Arriva alors la guerre et l'occupation allemande. Vu le contexte tendu de l'époque, ces derniers firent interdire la bande littorale, et le village du Bourdigou fut rasé. Mais il renaîtra de ses cendres sous la volonté des anciens, qui reconstruisirent leurs maisons en ce lieu. Au fil des années, le Bourdigou prospéra, et on le retrouve en 1976 sous l'appellation de « Commune libre du Bourdigou »… avec une population de 5000 personnes !
Mais cela faisait déjà 13 ans que le plan d'aménagement du littoral avait vu le jour (le fameux plan « Racine ») qui prévoyait la destruction des villages de pêcheurs et leur remplacement par des stations balnéaires modernes. Ainsi sont nées celles de Canet-en-Roussillon, Saint-Cyprien, Le Barcarès, etc. Mais le Bourdigou ne fut pas choisi, et les autorités décidèrent qu'un tel village ne pouvait pas exister aux portes de ces grandes stations. Elles le firent donc raser, sous le prétexte que les maisons avaient été construites sans autorisation sur le domaine maritime.
La destruction eut lieu de 1976 au 24 avril 1979, date qui marqua la fin du Bourdigou habité.