Histoire
Situé dans les Corbières, il aurait pu être banal de découvrir à Opoul des restes du lointain passé préhistorique de la région. Mais si l'on trouve à quelques kilomètres la Caune de l'Arago et son fameux homme de Tautavel, il n'existe ici aucun vestige de cette période de l'histoire.
L'histoire du site commence à l'époque wisigothique, c'est-à-dire entre 512 et 739. Les Wisigoths, peuple d'origine germanique et chrétien, conquirent le Roussillon et s'y installèrent. Pour se défendre, ils construisirent une place forte, dont dérive le nom du village, sur le plateau calcaire juste au-dessus de l'actuel village. Il est probable que ce château ait été édifié en même temps que Castell-Vell, situé entre Opoul et Rivesaltes, dont il ne reste aujourd'hui que des ruines.
Abandonné, le site fut choisi par Jacques Ier le Conquérant pour fortifier la frontière nord de son royaume, fixée par le traité de Corbeil en 1285 au "Pas de Salses". Lorsque cette nouvelle citadelle, nommée La Salveterra, manqua d'eau, les habitants acceptèrent de la quitter pour s’installer plus bas, dans la vallée. Nous sommes alors au XVIe siècle, et c’est là l’origine du village d’Opoul.
Par la suite, le village fut assiégé et capitula deux fois : la première en 1598, la seconde en 1639 lors de la guerre de Trente Ans. Cette année-là, les troupes du roi de France envahirent la Salanque jusqu’à la Têt, passant par la vallée du Verdouble pour conquérir les châteaux de Tautavel et de la Salveterra, alors quasiment déjà abandonné. Passé sous domination française à la signature du traité des Pyrénées au XVIIe siècle, le village ne fut plus à la frontière et perdit de son intérêt stratégique.
Il faut cependant savoir que seul le château avait un intérêt pour les possesseurs du Roussillon, tandis que les habitants se contentaient de vivre à sa proximité pour bénéficier d’une protection. Le village, en tant que tel, n’avait donc pas une grande importance dans l’histoire régionale.
Le village fut toutefois protégé par une sorte de cellera, construite à une époque où elle n’était plus vraiment nécessaire. Une cellera est une fortification entourant le cœur du village ; elle abritait un autre château, beaucoup plus petit, l’église, quelques maisons et surtout le grenier commun, d’où son importance. L’édification des celleras s’est arrêtée devant, d’une part, l’essor démographique, rendant impossible la protection de l’ensemble des habitants, et d’autre part, la modernisation des armes de siège, capables de les faire tomber rapidement.
Le château situé au centre du village était nommé Castell del Segnou ("château du seigneur"). Il s’agissait d’une construction relativement petite, plutôt une maison fortifiée.
Lors de la Révolution française, Opoul ne fut pas particulièrement remarqué, comme beaucoup de villages de la région. Les cahiers de doléances des habitants reflétaient à peu près les mêmes revendications : une baisse des impôts jugés trop lourds et la liberté de pratiquer leur culte, ce qui était alors perçu comme contre-révolutionnaire, mais restait courant en Catalogne. Juste après la Révolution, Opoul obtint le statut de commune, ce qui n’était pas forcément le cas de toutes les anciennes paroisses. Le village voisin de Périllos, plus petit, se dépeupla peu à peu. Il finit par fusionner avec Opoul en 1972, suite à l’abandon du village par son dernier berger, qui alla s’installer à Opoul.