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Les reliques de St Vincent


Chaque année a lieu, à Collioure, dans la soirée du 10 août, une cérémonie très originale qui a pour origine la très ancienne tradition de saint Vincent. Ce saint aurait été martyrisé au IIIe siècle sur un ilot situé à peu de distance du rivage et où se trouve une petite chapelle : il fut, dit-on, solidement garotté, horriblement frappé, puis brûlé vif. Les pêcheurs de Collioure prirent naturellement comme patron le courageux martyr et, chaque année, ils lui rendent hommage en promenant sur mer avec un curieux cérémonial ses reliques conservées dans la petite chapelle.

Cette cérémonie remonte à l'année 1701, Ce fut en effet le 10 août 1701 que, pour la première fois, on porta dans l'ilot les reliques de saint Vincent avec celles de saint Maxime et de sainte Libérate. Ces reliques auraient été rapportées de Rome en 1790 par l'abbé Prats, d'Argelès-sur-Mer (les anciennes auraient été en effet emportées à Concavillon par le gouverneur de Collioure en 1012).La fête qui a lieu de nos jours est donc un anniversaire de cette journée.

Elle est très pittoresque et rappelle les fêtes vénitiennes des fiançailles du doge. Au milieu de la foule qui envahit la plage on fait brûler un tonneau enduit de poix (souvenir du bûcher sur lequel expira saint Vincent). La lune blafarde, les feux de Bengale, les lumières du port, les lanternes vénitiennes multicolores suspendues aux antennes des barques produisent un aspect vraiment féérique ; les montagnes voisines forment un magnifique décor, dominées par le fort Saint-Elme, qui ressembla à un château féodal dont la silhouette se détache comme un fantôme.

Bientôt surgit dans la mer une grande bannière blanche ; elle annonce la barque qui porte les reliques. Partie de l'ilot, l'embarcation s'est dirigée vers la haute mer précédant la procession des barques; elle revient maintenant dans le port pour atterrir.

La voila qui parait aux acclamations des spectateurs groupés sur le rivage, hissés sur les barques, postés en grappes serrées aux fenêtres ou sur les toits des maisons du port. Un dialogue s'établit aussitôt entre le prêtre qui amène les reliques et le syndic des pécheurs qui le reçoit :


— Ola ! de la barca, qui es aquit ?

— Sont Vicens glorios.

— D'hont vé la barca ?

— De Sant Vicens de l'illa.

— Que porta la barca ?

— Sant Vicens, santa Maxima y santa Lliberata.

— Los de la barca, ja seu declarats ?

— Si, tots los passalgers estent arreglats.

— Donchs, que demaneu ?

— Una hona entrada.

— Al nom de Deu, vaji la barca !


Traduction :

— Hola de la barque ! Quelle est cette barque ?

— C'est la barque de saint Vincent, répond le patron.

— D'où vient la barque ?

— Elle vient de Saint-Vincent de l'île.

— Qu'apporte-t-elle ?

— Elle apporte les reliques de saint Vincent, saint Maxime et sainte Libérale.

— Y a-t-il des passagers et sont-ils en règle ?

— Oui, il y a des passagers et ils sont en règle.

— Que demandez-vous ?

— Nous demandons bonne entrée.

— Au nom de Dieu, que la barque rentre.

En un clin d'œil la barque est tirée sur la plage, portant les prêtres et les reliques, par des marins vigoureux qu'escortent des porteurs de torches. Et ce n'est pas un spectacle banal que cette barque vacillante courant à toute vitesse vers l'église, précédée des pêcheurs vêtu de blanc, coiffés d'un mouchoir blanc et ceints de la fâcha rouge, tandis qu'autour d'elle s'empressent les curieux venus de tous les points du département et criant en chœur : Sant Vicens bencit ? Sant Vicens beneil !

La résurrection des mystères qui faisaient la joie des populations du moyen âge n'est pas plus intéressante.



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