Histoire
La construction du couvent des Dominicains commence en 1245 sous l’impulsion du roi d'Aragon Jacques 1er le Conquérant. Il est érigé sur un terrain précédemment occupé par une léproserie, offert par le roi au prieur Pons de Lesparre.
Vingt-deux ans plus tard, l’église est achevée (la chapelle Sainte-Dominique), ainsi que le cloître et la salle capitulaire. De 1300 à 1330, de nombreux travaux d’aménagements sont réalisés : l’église est rehaussée et élargie, des sculptures sont ajoutées sur les parties hautes, et le cloître est construit dans le style gothique de l’époque, reflétant les améliorations de l’église.
Le couvent devient rapidement populaire. Dès 1290, pas moins de 60 religieux y résident, sous le règne des rois de Majorque, petit royaume fréquemment en conflit avec l’Aragon. Durant le XVIe siècle, la guerre entre les deux royaumes établit un rapport de force en faveur de l’Aragon. Dans la chapelle Sainte-Dominique est signé le traité par lequel Jacques II de Majorque reconnaît la suzeraineté de Pierre III d'Aragon sur son royaume.
Plusieurs membres de la famille royale de Majorque sont enterrés dans la chapelle : en 1306, l’infant Isabelle, fille de Jacques II, puis en 1316 son frère Ferran et sa femme Isabelle. La dalle funéraire gravée subsiste encore :
Aqui Foren
Les Sepultures de
Ferran
Infant de Mallorca
Fill Germa I Pare de Reis
1316
Isabel de Sabran
La Seua Esposa
1315
Isabel de Mallorca
La Seua Germana
1303
En 1324, un pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle apporte une relique de Saint Jean-Baptiste, son bras gauche, remise au prieur Pierre d'Alénya. Au XIVe siècle, le couvent prospère grâce aux dons et legs, tels que celui du vicomte d’Evol en 1347 ou de Pierre Fabre, bourgeois de Perpignan, en 1383. De 1408 à 1415, Saint Vincent Ferrer séjourne à plusieurs reprises au couvent, dans le cadre du concile de la Réal qui met fin au Grand Schisme d’Occident.
Au XVIe siècle, le cloître est remanié pour la première fois, puis à nouveau au XIXe siècle, masquant l’état original de l’édifice. À cette période est construit le cloître-cimetière de type Campo-Santo sur le côté sud de l’église, détruit en 1774 lors de la construction de la chapelle du Tiers-Ordre par les frères dominicains mineurs. Des vestiges récemment dégagés témoignent encore de ce cloître.
En 1558, un incendie détruit de nombreux bâtiments du couvent, entraînant la perte des archives. À partir de là, l’ordre périclite progressivement à Perpignan. Au XVIIIe siècle, les frères, peu nombreux, louent une partie du cloître et deux appartements à l’armée pour entreposer des denrées alimentaires. Enfin, la Révolution française met fin à la communauté en 1791, lorsque les biens des ordres religieux sont récupérés par l’État, comme pour toutes les communautés de la région.