De quoi s'agit-il ?
Parmi les nombreuses églises d'Ille-sur-Têt, l'église de la Rodona occupe une place particulière en raison de son histoire. Paroissiale au Moyen Âge, elle fut incorporée dans la dernière enceinte d'Ille, celle du XIIIe siècle, attestant de son antériorité. Son architecture, d'origine romane, est mentionnée dès 1173.
La Rodona servait de lieu de culte paroissial pour les habitants d'Ille, qui y célébraient les événements religieux quotidiens, et ce jusqu'à la construction de Saint-Étienne del Pédreguet, issue de la contre-réforme. Cependant, même après l'édification de cette nouvelle église, la Rodona continua d'être utilisée pendant longtemps. Elle était consacrée à la Vierge.
À la Révolution, seule Saint-Étienne fut désignée comme église paroissiale, entraînant la fermeture de la Rodona et la vente de son mobilier. Elle se distingue toutefois des autres églises du Roussillon car elle devint une propriété de la fabrique de Saint-Étienne del Pédreguet, qui la mit en vente en 1883. Le bâtiment changea de vocation au fil des propriétaires : tour à tour étable, entrepôt, puis hôpital, ce qui entraîna sa dégradation progressive. Aujourd'hui, l'église est désaffectée.
Architecture
Architecturalement, la Rodona est composée d'une nef rectangulaire couverte en berceau brisé, prolongée par une abside polygonale ornée d'arceaux retombant alternativement sur un cul de lampe et une demi-colonne, originalité rare dans la région. Autrefois, l'intérieur comprenait des statues, quelques chapelles latérales et une vaste tribune située au-dessus de l'entrée, aujourd'hui disparus.
À l'extérieur, la grandeur de l'édifice a également été largement effacée. Le portail en marbre rose de Villefranche fut démonté puis remonté sur l'église Saint-Pierre de Corbère au XIXe siècle. L'église possédait également un cloître-cimetière, construit au XIIIe siècle à l'instar du célèbre Campo-Santo de Perpignan. Adossé au mur méridional, il fut démonté en 1868. La plupart des chapiteaux furent récupérés et sont conservés à l'hospice d'Ille, également en marbre rose de Villefranche.