De quoi s'agit-il ?
Le Lydia est un paquebot volontairement échoué sur la plage du Barcarès, devenant un symbole emblématique de la station balnéaire de Port-Barcarès.
Construit dans les années 1930, le Lydia mesure 91 m de long pour un peu plus de 13 m de haut et dispose de quatre ponts : Deck A, B, C et Boat Deck. Pesant 2 693 tonnes, il transportait à son époque 140 passagers à une vitesse de 13 nœuds. Aujourd’hui, il a été aménagé pour accueillir diverses activités : salles de réception, lieux d’exposition, restaurant, et même un casino avant de devenir un espace d’exposition permanent. Sa visite est fortement recommandée, tant la mise en valeur intérieure est réussie et riche en détails historiques.
Plan de visite
L’accès se fait par une ouverture au rez-de-chaussée menant à l’ancienne zone cargo. Une vaste salle en forme d’ogive, située à l’avant du bateau, accueille les visiteurs : c’est la réception, décorée de photos retraçant l’époque où le paquebot s’appelait encore le Moomta. Après l’achat des billets, un couloir mène à la salle du grand escalier, anciennement salle de restaurant.
À l’arrière, on trouve une succession de cabines individuelles ou doubles, avec un salon de réception à tribord. La partie centrale abrite l’ancienne machinerie. L’escalier en bois, magnifiquement conservé, permet d’accéder au pont supérieur, où des coursives présentent une exposition permanente de coraux dans de petites vitrines. Il ne s’agit pas d’une exposition interactive complète, mais de vitrines simples et élégantes.
La partie centrale du pont supérieur est la plus intéressante : elle expose l’histoire du bateau à travers les âges avec de nombreux panneaux explicatifs et des objets du quotidien des passagers et de l’équipage, offrant un aperçu vivant de la vie à bord du Lydia.

Pont B
La partie avant du Lydia est aujourd’hui aménagée en salon, alors qu’elle était autrefois composée de cabines. Elle s’ouvre sur le pont avant, qui est bien entretenu et accessible aux visiteurs. Ce pont comporte deux éléments architecturaux remarquables :
- Un kiosque central, aujourd’hui transformé en bar.
- La proue du navire, qui sert de préau pour stocker du matériel ou se protéger des intempéries.
Un des mâts du paquebot s’élève au-dessus du kiosque, ajoutant à la silhouette emblématique du Lydia.

Pont A
Depuis le salon avant part un second escalier en bois menant à un autre salon, plus cosy. Tapissé de rouge, ce salon conserve encore le vieux piano d'époque et des boiseries patinées par le temps. Les fenêtres à petits carreaux biseautés offrent une belle vue sur l’extérieur.
Juste derrière ce salon se trouve le jardin d’hiver, transformé en vaste espace qui fut autrefois la salle du restaurant après l’ensablement du bateau dans les années 1980. Aujourd’hui, c’est de loin la plus belle salle, avec un joli parquet en bois et de larges fenêtres donnant d’un côté sur la mer, et de l’autre sur la station balnéaire du Barcarès.
Plus à l’arrière, vers la poupe, se trouve un pont de promenade extérieur qui mène au pont arrière. Celui-ci fait le tour du kiosque arrière, au-dessus duquel se trouve la plateforme équipée du superbe gouvernail en forme de roue.

Pont supérieur
Un dernier escalier mène au pont supérieur, où se trouve un autre pont de promenade accompagné de plusieurs cabines. Certaines cabines ont été conservées dans leur état d’origine, ce qui permet de constater à quel point elles étaient exigües. C’est également sur ce pont que se trouvait la cabine du capitaine, désormais inaccessible au public.
On y trouve aussi les canots de sauvetage ainsi que de nombreuses pièces servant à l’entreposage du matériel de navigation. Pour le visiteur, la balade sur ce pont est magique, offrant une vue magnifique sur Port-Barcarès, ses promenades et ses plages.
Cette description pont par pont conclut la visite du Lydia, mais elle ne rend pas compte des nombreux détails à observer çà et là : cornes de brume sur les parties hautes, hauts-parleurs des ponts de promenade, superbes tapisseries du salon intérieur, ou encore le parquet de la grande salle.

Pont du bateau
Les salles d'exposition
Le Lydia fonctionne également comme un véritable musée. Ses salles intérieures accueillent plusieurs expositions, dont certaines temporaires dont le contenu varie régulièrement. Les coursives situées sur le pont inférieur présentent peu d’éléments, mais elles offrent tout de même un aperçu de coraux et de ressources naturelles marines à travers quelques vitrines.
Les véritables salles d’exposition se trouvent sur les ponts supérieurs. On y découvre de nombreux panneaux retraçant l’histoire du paquebot, depuis sa construction jusqu’à nos jours. Les visiteurs peuvent y apprendre les conditions de navigation lorsqu’il opérait en Australie, les étapes de son transfert en Méditerranée, la négociation et l’achat par la station balnéaire du Barcarès, ainsi que l’histoire récente de son échouage.
Les explications sont claires, concises et richement illustrées, offrant aux visiteurs un parcours pédagogique et attrayant au cœur du Lydia.
Au sujet de sa construction
Le Moonta, futur Lydia, est construit à partir de 1927 aux chantiers danois Burmeister and Wain. Pourquoi ce choix ? Tout simplement parce que ces chantiers sont les premiers à avoir inauguré sur des navires d'une certaine taille l'utilisation pour la propulsion de moteur Diesel.
Cette innovation permet au navire d'avoir une architecture plus compacte et un coût d'utilisation plus réduit. Pour le reste le Moonta est un navire classique de son époque : La coque est en effet composée de tôles d'acier rivetées.
pas de soudure donc mais des tôles assemblées les unes avec les autres par des rivets chauffés à blanc. Lors de leur refroidissement, les rivets se contractent et plaquent les tôles les unes contre les autres assurant la solidité et l'étanchéité de la coque.
Au sujet de son arrivée en Méditerranée :
Arrivée en grèce, il passe par les chantiers du Pirée où il subit quelques transformations : La capacité est doublée, passant de 157 à 280 passagers, et l'on installe quatres canots de sauvetage supplémentaires, portant le total à huit.
Le navire est divisé en trois classes : 51 passagers en première classe, 106 pour la classe "touriste" et enfin 123 en troisième classe dans un grand dortoir à lits superposés situé à l'avant.
Il est aussi prévu que le paquebot puisse emporter 180 "embarquants" supplémentaires en "plein air" sur la plage avant, et ce uniquement pour de courtes traversées.
Au sujet du succès de son échouage :
L'opération d'échouage est un succès, et l'exploit va se transformer en véritable coup de pub. Pendant l'échouage ce sont près de 5000 personnes par jour qui viennent assister à la mise à terre du paquebot. La télévision est là elle aussi : Pierre Dumayer pour l'émission "5 colonnes à la une", mais aussi des télévisions étrangères, venues de toute l'Europe.
Dès l'ouverture au public, c'est l'affluence : 12 000 personnes par jour se pressent pour visiter le navire. Le Lydia accueille dès la saison 1967 près de 300 000 visiteurs qui déambulent sur les ponts de ce navire qui "tient si bien la terre".
Le sénateur Gaston Pams peut se frotter les mains : Son "bébé" remplit toutes ses espérances : La station de Port-Barcarès est lancée !
Au sujet du casino :
En 1973, la société mixte Semeta, qui gère le Lydia, décide de mettre en vente le "Paquebot des sable". Il est acquis par le groupe japonais Seïbu en la personne de sa représentante pour la France, Kuniko Tsutsumi.
Le projet de celle-ci est de faire du Barcarès une destination majeure de la côte Méditerranéenne française, et elle décide donc de transformer le Lydia en un casino de luxe de notoriété internationale. LEs artistes des yés-yés vont céder le pas aux VIP parisiennes et le Lydia devient le lieu incontournable de la Jet-set.
La réouverture des casinos en Espagne après la mort de Franco, ainsi qu'une gestion catastrophique vont bientôt avoir raison de l'aventure. Dès 1978, le Lydia est directement repris en main par Tokyo qui décide de fermer le casino. En 1981, le groupe japonais décide de se séparer du Lydia. Fin d'une époque.
Durent trente années qui vont suivre, le Lydia va passer successivement entre les mains de trois groupes différents. Un dernier film est tourné à bord en 1983 : Poussières d'empire, du réalisateur franco-vietnamien Lâm Lê, et qui conte le retour d'Indochine de coloniaux français.
Racheté en 2010 par la commune du Barcarès, il entame aujourd'hui une nouvelle vie grâce aux importants travaux de rénovation, dont il fait l'objet chaque année. En relation avec des passionnés d'histoire, la municipalité s'emploi à lui faire retrouver, autant que possible, son authenticité.
Source : Olivier Alba, président de l'Association "Les Amis du Moonta-Lydia".