Museum de Perpignan

Le musée d'Histoire Naturelle de Perpignan est peu connu, hélas


De quoi s'agit-il ?

Le musée d'histoire naturelle de Perpignan, appelé Muséum de Perpignan, est installé dans l'hôtel Ca Garriga, un hôtel particulier du XVIe siècle. Bien que le bâtiment ait été remanié de sorte qu'il n'apporte plus beaucoup à l'intérêt de la visite du musée, certains éléments de décor et le magnifique escalier restent d'un grand intérêt en eux-mêmes.

De nos jours, il présente des collections de référence concernant la faune et la flore des Pyrénées-Orientales, ainsi que quelques spécimens plus exotiques, dont une collection d'ethnologie provenant principalement d'Océanie.

Issues de tous les domaines des sciences naturelles tels que l'archéologie, la paléontologie, la zoologie, la botanique, la minéralogie et l'ethnologie, et riches de plus de 100 000 spécimens, les collections du Muséum offrent une vision globale de la biodiversité locale et constituent un outil précieux pour de nombreux chercheurs.

Les salles d'exposition se partagent aujourd'hui entre le rez-de-chaussée, dévolu aux expositions temporaires, et le premier étage, pour les collections permanentes. Le Muséum ayant obtenu l'appellation "Musée de France" depuis le 1er février 2003, ses collections sont reconnues d'intérêt public et il a pour missions de :

  • Conserver, restaurer, étudier et enrichir ses collections,
  • Rendre ses collections accessibles au public,
  • Concevoir et mettre en œuvre des actions d'éducation et de diffusion visant à assurer l'égal accès de tous à la culture,
  • Contribuer aux progrès de la connaissance et de la recherche ainsi qu'à leur diffusion.
L'hôtel Ca Garriga

L'hôtel Ca Garriga


L'hôtel Ca Garriga

L'hôtel Ca Garriga, où se trouve le musée, appartenait à l'une des plus nobles et anciennes familles de Perpignan. La famille le conserva jusqu'en 1792, année de sa récupération comme bien national par les révolutionnaires. L'hôtel servit alors de tribunal révolutionnaire.

De l'édifice d'origine ne subsiste qu'une fenêtre donnant sur le patio, face à l'entrée. Elle est armoriée de trois écus représentant les maisons Ca Garriga, Alemany et Cervello, datant du premier quart du XVIe siècle. L'écu central, celui de la famille Ca Garriga, est orné d'un buisson de chêne vert, surmonté d'un casque fermé à sept grilles et d'une couronne de baron, en référence aux sept barons de Catalogne. L'écu de gauche porte les armes de la famille Cervello, illustrées par un cerf, et celui de droite celles de la maison Alemany, représentées par trois petites ailes. La présence de ces trois armes sur une même pièce d'architecture s'explique par les unions de la famille Ca Garriga avec les Cervello et les Alemany dès le XVe siècle.


Les collections

La visite du Muséum commence par... une côte de baleine, ainsi qu'une de ses vertèbres. Eh oui !


La baleine du XIXe siècle

La côte de la baleine

La côte de la baleine

Il s'agit de la baleine qui s'est échouée à Saint-Cyprien à la fin du XIXe siècle. Dépecée, certains ont récupéré une côte, dont deux sont exposées dans des lieux complètement différents : une ici, au Muséum, et l'autre sous le porche de l'église Sainte-Juste et Sainte-Ruffine de Prats-de-Mollo. Pour celle du Muséum, il faut bien le dire : sa présentation laisse à désirer. Sous l'escalier monumental, derrière une grille, sans lumière d'ambiance, elle apparaît un peu abandonnée. La vertèbre est posée à côté, tout aussi délaissée. On pourrait imaginer une mise en valeur plus adaptée : éclairage, explications, repositionnement...

Au rez-de-chaussée, quelques vitrines présentent également des restes issus des fouilles du Serrat d'en Vaquer, un site archéologique où ont été retrouvés des vestiges du Paléolithique. Parmi eux, un morceau du Titanochelon perpiniana, une tortue géante découverte ici et nommée d'après la ville. Pour être exact, cette tortue vivait au Pliocène ancien, il y a environ quatre millions d'années. Elle mesurait 1,5 mètre de diamètre et est aujourd'hui exposée au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris (malheureusement pas à Perpignan).


Les animaux

Les animaux empaillés

Les animaux empaillés

La visite se poursuit par le grand escalier et mène au premier étage, où l'on découvre un parcours consacré à la faune. Plusieurs galeries se succèdent, avec de nombreuses vitrines présentant des animaux empaillés : petits, moyens, gros ; à plumes, à écailles, à poils… un véritable panorama du règne animal. Les espèces sont regroupées par type et présentées avec leurs noms communs et scientifiques, ainsi que quelques informations, notamment sur leur présence dans le département des Pyrénées-Orientales.

Le parcours dégage un certain sentiment d'oppression, surtout lorsqu'on visite seul : l'impression d'être observé par tous ces animaux, figés dans leurs vitrines, est saisissante. La présentation, inchangée depuis des années, peut sembler lourde et massive. Des respirations, comme des panneaux explicatifs ou des parcours ludiques, seraient les bienvenues. Pour être honnête, il existe un petit espace pédagogique destiné aux plus jeunes visiteurs.


La momie

La momie

La momie

Au bout de ces galeries se trouve une petite pièce sombre, haute de plafond, qui était l'ancienne laverie de l'hôtel Ca Garriga. Elle possède un joli plafond en bois à caissons, datant du XVIIIe siècle. Mais le véritable intérêt de la pièce réside dans son contenu : une momie.

Il s'agit d'IOUEF-EN-KHONSOU, un nom signifiant "Qui appartient à KHONSOU, fils d'AMON-RE". Il était prêtre et scribe au temple d'AMON-RE. Mort à l'âge de 30 ans, il était contemporain de la XXIe dynastie et serait donc vieux d'environ 3000 ans. Il est présenté dans son cercueil, recouvert de hiéroglyphes prouvant que ce dernier servit auparavant aux corps de PAEN-NEST-TAOUY. La figure représentée sur le couvercle laisse supposer que le propriétaire initial aurait pu être une femme, ce qui signifie que le cercueil a été utilisé par trois personnes différentes.

Le corps, après une déshydratation par le natron, a été préparé selon le rituel : dépôt du linge ayant servi à éponger les parois de la cavité thoraco-abdominale, application de résine lors des enroulements, et bandelettage soigneux des différentes parties du corps. La momie, entièrement emmaillotée de lin, est exposée en position allongée à l'intérieur de la cuve de son cercueil anthropomorphe.

Le sarcophage est composé de trois pièces : la cuve, le couvercle intérieur et le couvercle extérieur provenant d'un autre cercueil. L'iconographie et le fond, de couleur jaune dominante, le datent de la XXe dynastie (1085-950 avant notre ère). Le cercueil a été fabriqué avec différentes essences de bois : cèdre pour la cuve, figuier sycomore pour le couvercle extérieur et ficus pour le couvercle intérieur. Seules les faces externes sont décorées et portent des inscriptions. Le couvercle intérieur, le mieux conservé des trois, est orné de la déesse Isis étendant ses ailes en signe de protection ; au-dessus, Nephthys et Isis battent des ailes, symbolisant le souffle de la vie, illustré par la croix ansée (Ankh) et le scarabée, attribut de Ptah.

Mais que fait donc une momie à Perpignan ?

La réponse est simple : c'est un don fait à la ville par Ibrahim-Pacha, fils du vice-roi d'Égypte, vainqueur de plusieurs batailles, dont celle de Saint-Jean d'Acre. Ce personnage, à la santé fragile, suivit les conseils de la faculté de médecine de Montpellier et se rendit à Vernet-les-Bains pour une cure. Son séjour fut si agréable qu'il remercia la région par ce don inattendu, une fois retourné au Caire.


Le crâne préhistorique

Le crâne préhistorique

Le crâne préhistorique

La seconde pièce remarquable du Muséum présente le crâne d'un homme préhistorique. Peu mis en valeur, il est exposé au sol dans une vitrine consacrée à quelques vestiges préhistoriques, avec un panneau indiquant qu'il s'agit du premier crâne préhistorique découvert dans les Pyrénées-Orientales. Découvert en 1849 par Companyo, le lieu exact de la découverte fut perdu : seule une indication reste, "dans une gangue ossifère dure dans une caverne du bassin de Saint-Paul de Fenouillet". En 1861, Companyo précise : "sur la continuation de la chaîne de Saint-Antoine vers Caudiès, à une petite distance de la brisure que traverse l'Agly".

Au début du XXe siècle, Laurent Maurette fouilla plusieurs grottes et anfractuosités du chaînon de Saint-Antoine, au nord de Saint-Paul. Il y découvrit une industrie lithique mais ne retrouva pas de gangue similaire à celle du crâne. Après plusieurs recherches, Depéret supposa que la caverne pourrait se situer au sud de Saint-Paul, au niveau de la Clue de la Fou, où il avait découvert une brèche osseuse identique à celle remplissant le crâne fossile. Ces brèches furent décollées de la paroi et transportées par A. Donnezan. Le Muséum en possède quelques échantillons.

Certains auteurs y reconnaissent des caractères néandertaliens archaïques, tandis que R.P. Charles en 1964 le rapproche de l'Homo sapiens du Néolithique ancien, de type aquitano-méditerranéen, caractérisé par une boîte crânienne allongée (dolicrâne), à voûte moyenne (orthocrâne) et assez étroite (métrio-acrocrâne). La forte minéralisation du crâne et de la brèche osseuse est due à la présence d'une source pétrifiante à cet endroit, dans la Clue de la Fou.


La salle géologique

La salle géologique

La salle géologique

Plus amusante qu'autre chose pour le grand public, cette salle de taille modeste présente une belle collection d'échantillons de pierres provenant des différents territoires du département. Ce qui surprend, c'est la grande diversité géologique, avec notamment des marbres aux couleurs variées et de fortes différences entre les roches des trois vallées.

On y trouve également quelques fossiles intéressants.


Le cadre Arago

Le cadre Arago

Le cadre Arago

Vous souvenez-vous de ces cadres remplis de papillons, de scarabées ou d'autres insectes, tous présentés par ordre et accompagnés de légendes ? Plusieurs de ces cadres sont exposés ici, datant de la fin du XIXe siècle. L'un d'eux est particulièrement remarquable : le cadre Arago, nommé en l'honneur du scientifique catalan François Arago.

Ce cadre fut offert par son frère Jacques au muséum en 1839, après que François Arago entreprit, entre 1817 et 1820, un tour du monde à bord des navires scientifiques l'Uranie et la Physicienne. Il contient une collection de lépidoptères en provenance d'Amérique du Sud.

Le cadre présente sept colonnes de spécimens, chacune regroupant neuf familles de lépidoptères : Brassolidae, Morphidae, Danaidae, Heliconiidae, Ithomiidae, Papilionidae, Pieridae, Nymphalidae et Lycaenidae. Certaines espèces se répètent selon une symétrie bilatérale centrée sur la colonne médiane.


La collection d'Océanie

L'Océanie

L'Océanie

Voilà une autre curiosité de ce muséum qui, décidément, offre de belles surprises. Les dernières salles sont dédiées à une jolie collection d'objets provenant d'Océanie, ce à quoi on ne s'attend pas forcément.

Plusieurs vitrines, présentées de façon assez simple, exposent divers objets de la vie quotidienne, du culte, de la chasse ou de la pêche, ainsi que des armes. Parmi eux : des massues à collerette gravée, des haches de fer montées sur des manches de massues traditionnelles, des gibernes à pierres de fronde, des bracelets de coquillages, et un joli jupon de paille, pièce d'habillage traditionnelle très visible.

La pièce maîtresse de la collection semble être une sculpture de grade anthropomorphe, originaire du Vanuatu et taillée dans un tronc de palmier. De telles sculptures se dressent à l'entrée des villages ou près des bâtiments où se réunissent les hommes. La population masculine de ces régions est organisée en associations aux grades strictement hiérarchisés. Les nouveaux grades s'acquièrent lors de cérémonies, au cours desquelles des sacrifices de porc et des dons de plus en plus importants sont offerts. Chaque promu fait alors sculpter une statue en palmier. Seuls les hommes riches et âgés peuvent atteindre les plus hauts rangs de ces associations, qui jouent un rôle économique et social majeur.


Histoire

Le muséum de Perpignan a été créé le 8 octobre 1770, date d’un décret de l'université de Perpignan instituant un cabinet botanique. Ce cabinet avait été initié par Joseph Carrère, professeur agrégé de médecine, qui souhaitait développer l’étude des plantes. Rapidement, le cabinet accueillit également des animaux et d’autres végétaux, constituant les premières collections du futur muséum.

Le 3 juillet 1773, Joseph Carrère fut relevé de ses fonctions et remplacé par le doyen de médecine Costa, qui poursuivit son œuvre. La Révolution française en 1793 provoqua l’abandon de l’université et du jardin des plantes, dont les collections furent laissées à l’abandon. Emmanuel Bonafos, médecin de Montpellier, reprit les collections à l’école centrale, alors installée dans les locaux de l’ancienne université. Cependant, la fermeture de l’école centrale le 6 thermidor an XI entraîna la mise sous scellés des collections. Par décision gouvernementale (8 pluviose an XI), elles furent remises au citoyen Lasserre, adjoint au maire, pour être mises à disposition de la ville.

Les collections restèrent ensuite négligées jusqu’en 1830, année de la création de la "Société Philomatique", future "Société Agricole Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orientales". Lors de la séance du 4 septembre 1835, la société demanda officiellement la création d’un cabinet pour recueillir et exposer ses collections. La demande fut acceptée le 18 septembre 1835, donnant naissance au muséum de Perpignan.

Grâce aux dons de passionnés, notamment dans le domaine de l’histoire naturelle, les collections s’agrandirent rapidement. En 1837, un lieu d’entreposage permanent fut recherché, et le maire autorisa le transfert des collections, comme l’indique la lettre suivante :

« Je m'empresse de vous informer que le conseil municipal a adopté la proposition que vous avez faite par lettre du 7 de ce mois de transférer dans la salle de votre Société la collection donnée par M. Boluix, ainsi que les objets d'histoire naturelle de l'ancien cabinet. Vous pouvez en conséquence faire retirer soit de la mairie, soit de la maison de M. Companyo qui a bien voulu jusqu'à ce jour en conserver le dépôt, tous les objets se rattachant au cabinet d'histoire naturelle. »

Pour assurer une gestion durable, la Société clarifia ses relations avec la ville. Le 4 juin 1840, le Conseil municipal adopta les articles suivants :

  • Article 1 : Le cabinet d'histoire naturelle est la propriété de la ville.
  • Article 2 : La ville alloue 2 000 F pour l’installation du cabinet.
  • Article 3 : La Société conserve le droit de proposer trois candidats au poste de conservateur, dont le maire choisira l’un. Ces fonctions seront rémunérées en fonction de leur importance.

Cette décision fut confirmée le 4 août 1840, faisant officiellement du muséum d’histoire naturelle la propriété de la ville de Perpignan.

Situation et accès

Le muséum d'histoire naturelle de Perpignan se trouve en plein centre-ville. Méconnu des habitants, il possède pourtant un passé remarquable et abrite des collections intéressantes. Il est situé au 12, place de la Fontaine Neuve, à Perpignan, au début du quartier Saint-Jacques, peu après la médiathèque.



Rejoignez-nous sur les réseaux sociaux !

Facebook Instagram Bluesky Threads
Facebook Instagram Bluesky Threads
Drapeau catalan Les Pyrénées-Orientales

Copyright 2013 - 2025 - Toute reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur. Ce site Internet est un site privé, non officiel, issu du travail de compilation des oeuvres de différents auteurs. Sauf mention contraire, les photos sont la propriété du webmaster. Toute utilisation des textes, photos ou autres éléments de ce site internet sont interdits sans accord du webmaster.