Histoire
Lors de la conquête de la région par Charlemagne, celui-ci fit de Ruscino le chef-lieu politique du tout nouveau comté du Roussillon. C’est à cette époque qu’un nouveau château, le Castrum Ruscinonense, fut construit et utilisé jusqu’au XIIe siècle. La première mention écrite du château comtal, érigé sur les vestiges de la ville antique, remonte au début du Xe siècle. De cette époque subsistent aujourd’hui la tour, silhouette fièrement dressée, et la chapelle. La tour cylindrique, haute de 20 mètres, n’a qu’une largeur intérieure de 3,5 mètres. Construite en galets de rivière, elle permettait de communiquer avec d’autres tours de surveillance, au sein d’un réseau mis en place par les rois de Majorque. Cette tour date en réalité du XIIIe siècle.
Quant à la chapelle, elle est citée pour la première fois en 1153 sous le nom d’Ecclesia Sanctae Mariae, mais elle semble avoir été construite plus tôt, au XIe siècle. En 1153, elle fut presque entièrement reconstruite. En 1385, elle est mentionnée comme une église rurale (Ecclesia ruralis), puis en 1401 elle est rattachée à la communauté de Saint-Jean de Perpignan, signe d’une certaine désaffection. La chapelle comporte deux nefs : une nef principale et une nef annexe plus étroite, chacune dotée de son abside. La partie la plus ancienne est bâtie en galets et mortier, tandis que la partie plus récente est en grès rose d’Espira-de-l'Agly. La différence de qualité de construction est notable. L’intérieur est décoré de peintures murales datant de l’époque moderne. L’église et la tour sont inscrites à l’inventaire des monuments historiques depuis 1944.
Vers le XIIe siècle, la ville entre en décadence et ne s’en remettra plus. À la fin du XIIIe siècle, le village fait partie des possessions des Castelnou. En effet, en 1299, le roi Jacques Ier le Conquérant accorde la seigneurie de Château-Roussillon à Arnaud de Castelnou.
Bien que non attesté formellement, Château-Roussillon semble avoir suivi le sort des terres des Castelnou. En 1378, Pierre de Perapertusa, issu des comtes de Fonollet, porte le titre de seigneur de Castell-Rossello. La vicomté de Castelnou passe au XIVe siècle aux mains des vicomtes de Fenouillet, expliquant ainsi que Château-Roussillon soit resté un fief de cette famille jusqu’à l’extinction de sa branche.
Le 2 juin 1415, Pierre Albert de Perpetusa, fils de Pierre, seigneur de Château-Roussillon, fonde un ermitage sur place « afin de plaire à Dieu ». La présence d’un ermite est attestée au 8 août 1445. Cet ermitage est mentionné en 1577 sous le nom de Sainte Ruffine, puis en 1688 sous celui de Hermita de Santa Rafina. La Révolution française, qui supprime tous les édifices religieux non paroissiaux, met fin à la présence d’ermitages. Restaurée en 1988, la chapelle est devenue, depuis 1982, une annexe de la paroisse Saint-Jacques de Perpignan.
Après la période des seigneurs de Peypertuse, la seigneurie de Château-Roussillon passa successivement entre plusieurs familles. La famille des Canta en fut propriétaire en 1629, avant de la transmettre à la famille Oms, qui en fit don à la ville de Perpignan. En 1775, l’église fut restaurée, comme en témoigne la date inscrite sur la clé de voûte. À cette occasion, des artisans réutilisèrent des blocs de calcaire coquillier provenant d’un édifice antique.
De nos jours, une tour du château, toujours fièrement dressée sur son escarpement, est particulièrement visible depuis la nouvelle voie rapide vers Canet-en-Roussillon.
Je vous invite à lire à présent l’histoire de Guillaume, personnage lié à ce village.