Elne

Belle ville de la plaine du Roussillon, Elne est aussi l'une des plus riches en terme de patrimoine.

Canet-en-Roussillon est bien sûr l'une des plus grandes stations balnéaires des Pyrénées-Orientales, mais réduire la deuxième ville du département en nombre d'habitants à cette seule image serait réducteur. Canet, c’est aussi un ancien village dynamique, avec une histoire bien plus riche qu’on ne l’imagine au premier abord.

Entre son château aux tours défensives et son église où les processions traditionnelles sont toujours vivantes, Canet a su préserver ses racines et son identité catalane si forte.

Canet-en-Roussillon est bien sûr l'une des plus grandes stations balnéaires des Pyrénées-Orientales, mais réduire la deuxième ville du département en nombre d'habitants à cette seule image serait réducteur. Canet, c’est aussi un ancien village dynamique, avec une histoire bien plus riche qu’on ne l’imagine au premier abord.

Entre son château aux tours défensives et son église où les processions traditionnelles sont toujours vivantes, Canet a su préserver ses racines et son identité catalane si forte.

Ah, Canet !

Pour les habitants de la plaine du Roussillon, c’est la station balnéaire de Perpignan, plutôt étendue, avec de belles plages, parfois critiquée pour être la station huppée de la région, là où vont les citadins... Pour les touristes, c’est une station comme les autres, peut-être un peu moins populaire qu’Argelès-sur-Mer ou Le Barcarès. Mais tous oublient qu’avant tout, c’est une ville proche de la plage, avec son église, sa place, son château et ses habitants.

Canet-village, comme on aime le raccourcir par ici, ce n’est rarement une destination en soi, c’est plutôt un endroit où l’on connaît un ami, où l’on a sa famille. Parfois, c’est la ville de Saint-Jacques, avec ses festivités propres, ses géants. Mais si on regarde la ville d’un œil neutre, on constate... eh bien qu’elle n’est pas si bien que ça, en comparaison avec d’autres villes du coin. Bon, attention, il y a bien pire comme endroit où vivre, la ville est quand même pas mal, mais curieusement elle est un peu triste, peu mise en valeur alors qu’on imagine que la station balnéaire rapporte à la ville un assez gros revenu. C’est peut-être plus complexe que ça, mais force est de constater que l’urbanisme de la ville d’Argelès est quand même un peu plus agréable que celui de Canet, à station balnéaire comparable. Pourquoi ce petit grief envers Canet ?


Des aménagements urbains perfectibles

Ce qui marque quand on traverse Canet-en-Roussillon, c’est que c’est une ville banale en termes d’aménagements. On s’attend, avec la présence de la station balnéaire, à de jolies rues aux trottoirs impeccables, des mobiliers urbains modernes, des décors peints en trompe-l’œil sur de vieilles maisons refaites… Mais non. Les rues du centre sont à peu près identiques à ce qu’on trouve ailleurs : étroites, courtes, mais surtout banales. La rue principale qui traverse la ville et passe devant la mairie et l’église est simple, juste décorée d’un buste de François Cassanyes, natif de la ville. La place de la mairie, qui fait l’arrière de l’église, est le seul endroit vraiment travaillé, avec des plantes, du marbre au sol, des bancs agréables et de la verdure. Mais c’est bien peu tout ça, c’est bien peu. Devant la médiathèque, en plein cœur de ville, un grand parking vient défigurer ce qui aurait pu être un petit parc. Les commerces tout proches nécessitent des places de stationnement, et elles sont là, en plein centre. Effectivement, c’est important, mais ça défigure le centre. Et c’est dommage.

Si on s’éloigne un peu dans les lotissements, on trouve des maisons individuelles souvent bien sympathiques, entretenues. Les rues sont larges et belles, mais impersonnelles. Rien ne vient vraiment marquer le fait qu’on est dans l’une des plus grandes villes du département, la seconde même en nombre d’habitants. Et en plus, la voie rapide menant à la station traverse la ville de part en part, qui a un côté historique, sur une petite colline, et un côté résidentiel, vers la plaine. On imagine la gêne sonore pour les habitants les plus proches. Enfin, ça, c’est difficile à modifier.


Une vie sociale correcte

Si on faisait des généralités, on pourrait dire que les habitants de Canet sont de deux typologies différentes. D’une part, les familles historiquement du village, et d’autre part, des personnes non catalanes venues s’installer dans l’une des villes les plus connues de la région. Et cette distinction se matérialise lors des festivités locales de façon plus forte qu’au quotidien. En effet, Canet est historiquement une ville importante, son passé est riche, et ses traditions se perpétuent grâce à la population locale. Les personnes qui arrivent dans la région sont plus éloignées de cela et, même si elles participent et parfois deviennent de grands catalans, peuvent parfois être perçues comme restant extérieures à la catalanité. C’est le rôle des différentes municipalités de s’occuper de cette fracture, ce qu’elles font avec plus ou moins de succès.

Et il faut le reconnaître, Canet héberge un grand nombre d’associations aux buts variés. Que ce soit dans le domaine de la culture, très présent, dans celui de l’aide à la personne, du sport ou dans le domaine patriotique, Canet saura proposer à ses habitants ce qu’ils souhaitent. Si les associations sont aussi nombreuses à Canet, ce n’est pas que dû au fait qu’il y a plus d’habitants qu’ailleurs, ce n’est pas, du moins, la seule explication. Il y a ici des habitants qui vivent à l’année à la station balnéaire, et même beaucoup plus, proportionnellement, que dans d’autres stations balnéaires. Toutes ces personnes ont développé des associations qui n’auraient pas été créées dans la ville si la station avait été bien plus déserte l’hiver. Et c’est tant mieux, la vie sociale de la ville s’en trouve grandie.

D’autant plus que la ville a des traditions fortes, avec la présence de géants (ce n’est pas le cas de beaucoup de villes par ici), mais aussi la fameuse fête de la Saint-Jacques (le pèlerin, pas le coquillage !) qui se déroule fin juillet. Le feu d’artifice du 14 juillet est particulièrement réputé, et on pourrait continuer la liste très longtemps. La vie sociale à Canet est vraiment intéressante, avec des traditions bien ancrées.


Équipements, infrastructures

Par rapport à sa population, la ville de Canet est dotée d’infrastructures classiques. Rien d’extraordinaire, mais le nécessaire. C’est culturellement que la ville est la mieux dotée, peut-être un reflet de la population. En plus de la classique médiathèque, Canet est équipée d’un théâtre, d’une galerie d’art, d’une salle de spectacle, d’une antenne musicale du conservatoire, et même d’un ciné-club. Il y a à Canet une saison culturelle proposée chaque année aux habitants (mais pas que, évidemment). On trouve aussi un arboretum, et ça c’est très bien, ainsi que plusieurs aires de jeux, et bien sûr... le fameux aquarium Oniria, récent et particulièrement intéressant.

Par contre, les équipements sportifs sont plutôt faibles. Il y a bien sûr des stades, des terrains de tennis, 3 boulodromes, deux gymnases (dont un glacial qui laisse de mauvais souvenirs), et un skate-park. Il y a d’autres terrains ou aménagements, mais ceux-ci sont plutôt à la plage (terrain de basket, zone de remise en forme au grand air, zone de kite-surf et beach-volley) et ne sont pas vraiment adaptés à la pratique du sport par les habitants, toute l’année.

Pour la jeunesse, la ville possède les équipements classiques, là aussi. C’est bien, d’autres villes n’en font pas autant, proportionnellement à leur population. Ici on a un relais d’assistantes maternelles, une crèche, une halte-garderie, plusieurs écoles maternelles et primaires. Les enfants des habitants ont la possibilité d’accéder à une cantine et une garderie extrascolaire. Il y a même un service de bus.


Commerces, vie économique

La vie économique de Canet est intense, il faut le reconnaître. On est ici dans une ville dynamique, avec à la fois beaucoup de commerces et beaucoup d’entreprises, et en plus il s’agit parfois d’entreprises de grande envergure. Les chantiers navals du port apportent pas mal d’activités, et toute l’activité maritime est bien développée à Canet. Mais pas seulement : on y compte plusieurs zones artisanales qui hébergent des entreprises de taille variée, mais relativement florissantes. Pourtant, on peut se poser la question de l’emplacement de la ville, limitée à l’est par la mer et donc moins pratique que d’autres pour rayonner un peu partout dans le département, mais la présence de la voie rapide et la possibilité de longer facilement le littoral aident les entreprises à s’installer ici.

Les commerces sont eux aussi plutôt nombreux à Canet. Ils se voient quand on traverse la ville, au centre. Évidemment, la plupart, du moins en nombre, ne sont ouverts que l’été et sont destinés aux estivants, mais c’est loin de provoquer un déséquilibre entre l’été et l’hiver puisque même en hiver, l’activité commerciale de la station se poursuit. Les principaux commerces du centre-ville sont des commerces de bouche, des services à la personne et des services de santé, mais on y trouve aussi des magasins plus rares en centre-ville, comme des boutiques de vêtements par exemple.

D’une manière générale, on peut dire que Canet a une vitalité économique. Un peu dommage que cela ne se voie pas trop dans les aménagements urbains.


Patrimoine, curiosités à voir sur place


Le château de l'Esparrou

Château de l'Esparrou

Château de l'Esparrou

Le château de l'Esparrou est un château du XIXe siècle construit sur la presqu'île de l'Esparrou, qui s'avance dans l'étang de Canet. Il fut construit par l'architecte Vigo Dorph Petersen, un Danois qui travailla beaucoup en Roussillon. Il était l'architecte attitré de la famille Bardou, les mêmes qui commandèrent les châteaux de Valmy (Argelès-sur-Mer), d'Aubiry (Céret), et de Ducup de Saint-Paul (Perpignan).

En savoir plus sur le château de l'Esparrou.


Le château de Canet

Château de Canet

Château de Canet

Le château médiéval de Canet est attesté dès le XIe siècle, c’est-à-dire très peu de temps après la reconquête franque de la plaine du Roussillon. C’est un château assez bien conservé et surtout bien mis en valeur. On y voit notamment le plus grand et plus joli puits à glace de tout le Roussillon. Ce château se trouve dans la ville de Canet, tout en haut.

En savoir plus sur le château de Canet.


L'étang de Canet

L'étang de Canet

L'étang de Canet

Il faut aussi parler du patrimoine naturel de la ville : l'étang de Canet est une vaste étendue d'eau partagée entre Canet-en-Roussillon et Saint-Nazaire. Siège d'une réserve ornithologique, son écosystème est encore régulièrement étudié car c’est un point de passage pour les oiseaux migrateurs. Il existe d’ailleurs un point d’observation ornithologique à Saint-Nazaire. Pour s’y rendre, il faut se garer à l’école, près du camping, que l’on longe en gardant la rivière sur sa gauche. Le chemin suit la rivière jusqu’au poste d'observation.

En savoir plus sur l'étang de Canet.


Les cabanes de pêcheurs

Les cabanes de pêcheurs

Les cabanes de pêcheurs

Apparues bien avant, mais réellement utilisées au XIXe siècle, les cabanes de pêcheurs étaient des lieux de vie temporaires permettant aux pêcheurs de s’abriter, eux et leur matériel. Elles étaient fabriquées en sanil, des roseaux fins et solides qu’il fallait renouveler régulièrement.

Il existe plusieurs villages de pêcheurs sur la côte roussillonnaise. Celles de Canet-en-Roussillon sont plutôt bien entretenues et parfaitement mises en valeur.

En savoir plus sur les cabanes de pêcheurs.


Saint-Michel-de-Forques

Saint-Michel-de-Forques

Saint-Michel-de-Forques

Saint-Michel-de-Forques est un site archéologique médiéval situé à l'ouest de Canet-en-Roussillon, derrière l'arboretum de Canet. C’était un site similaire à Vilarnau. Il s'agissait du lieu d'installation d'une chapelle qui donna naissance à un petit village. Ce dernier fut peu à peu abandonné, et la chapelle devint un ermitage, avant de disparaître complètement.

En savoir plus sur Saint-Michel-de-Forques.


La station balnéaire

La station balnéaire

La station balnéaire

Station balnéaire des Perpignanais, Canet est aussi l’une des trois grandes stations, avec Argelès et Le Barcarès. Canet, c’est une grande place accueillant de nombreuses activités estivales, un long front de mer, et de belles plages de sable fin. C’est d’ailleurs l’atout principal de Canet : la qualité de son sable. C’est une station dynamique, jeune, avec beaucoup d’activités nautiques.

En savoir plus sur la station balnéaire.


Histoire

Préhistoire : les champs d'urnes

Canet-en-Roussillon possède une origine très ancienne. Bien sûr, le fait que le village soit situé en plaine, à proximité de la mer, a contribué à effacer les traces d'une éventuelle occupation préhistorique. Toutefois, les premières traces d’habitat remontent vers -1000. De cette époque, correspondant à l’âge du bronze, on a exhumé divers objets : des haches, des bijoux, des épées, et surtout de nombreuses céramiques.

L’âge du bronze final (vers 700 av. J.-C.) se caractérise par la pratique de l’incinération : les corps étaient brûlés puis les cendres déposées dans une jarre, accompagnées d’objets usuels du défunt. L’accumulation de ces urnes a donné naissance à ce que l’on appelle des champs d’urnes. Canet en possède deux nécropoles attestées. La première se situe au Mas Bellevue, aujourd’hui recouvert par un lotissement. La seconde, dite des Champs des Hospices, est traversée par l’autoroute. Heureusement, ces deux sites ont pu être étudiés avant leur destruction partielle.

Les jarres étaient enterrées à seulement 70 cm de profondeur. On peut donc en conclure que les terrains ont peu évolué depuis deux millénaires, sans quoi elles auraient refait surface d’elles-mêmes bien plus tôt. Chaque nécropole couvrait une surface modeste, de l’ordre de 80 m2. De nombreux objets ont également été retrouvés à côté des urnes.


Antiquité

Les Romains n'ont pas laissé beaucoup de traces tangibles de leur présence à Canet. Bien que l’on sache que le site était habité, les fouilles menées au Puig del Baja ont livré peu de vestiges. On y a tout de même mis au jour les ruines de quelques bâtiments : maisons, citernes, etc.

Pourtant, Canet devait être à la fois très peuplé et actif, car il servait de port à Ruscino, capitale de l’administration romaine locale. Ainsi, une partie des échanges avec les puissances méditerranéennes transitait par Canet — quand ce n’était pas par Port-Vendres.

Parmi les objets exhumés, certains sont plus récents et appartiennent à la période wisigothique, soit aux VIe et VIIe siècles. Comme ailleurs dans le Roussillon, les reliques funéraires des Wisigoths sont relativement nombreuses, mais leur mode de vie quotidien reste mal connu, faute de sources. L’attaque des Sarrasins, puis leur brève occupation au VIIIe siècle, n’ont laissé aucune trace archéologique à Canet. Ce n’est donc qu’à l’époque carolingienne que le nom du village réapparaît dans les textes.


Le Haut Moyen Âge

L’histoire du village de Canet tel que nous le connaissons débute véritablement au XIe siècle. La première mention écrite remonte à 1013 sous la forme « Castellum de Caned », puis en 1017 « Villa de Caneto » et en 1052 « Canetum ». À cette époque, le littoral n’était encore qu’une bande de terres marécageuses. Les villages situés à proximité de la mer étaient relativement isolés. Canet échappa à cet isolement grâce à son port.

Le premier seigneur connu de Canet fut Raimond Bérenger, à qui Gausfred II donna « divers gages et garants pour une portion de la ville de Torelles et pour le château de Canet ». Ce château fut probablement construit peu avant cette donation. Raimond Bérenger était alors le suzerain d'une dizaine de chevaliers.

En 1075, une église fut érigée au cœur du château. Dédiée à Saint Martin de Tours, elle servit d’église paroissiale jusqu’à la construction d’une seconde église, au XVIe siècle. Le second seigneur connu, Pierre Raimond, est mentionné en 1087 comme témoin du testament de Bernard de Corneilla. Puis vint Guillaume Ier, qui participa, aux côtés de Guinart, comte du Roussillon, à la première croisade. Il était présent lors de la prise d’Antioche (1098) et de celle de Jérusalem (1099). Son successeur, Raimond Bérenger II, fut témoin d’un acte du comte Raimond Bérenger IV de Barcelone concernant Prats. Il mourut après 1099.

Les terres du seigneur de Canet prirent rapidement de l’importance. Le port favorisa les échanges commerciaux, et la population s’enrichit. La vigne fut introduite dès le XIe siècle à Canet, puis à l’Esparrou au XIIIe siècle — l’Esparrou étant alors une dépendance de Canet. Le développement économique se poursuivit avec l’exploitation des salins, puis les échanges avec Perpignan. Ainsi doté, le village connut une expansion rapide.


Les dépendances

Bien plus qu’un simple village, la seigneurie de Canet s’étendait dès le XIIe siècle sur de vastes terrains, en grande partie composés de zones marécageuses. Afin de regrouper spirituellement les habitants dispersés dans la plaine, l’Église fit construire plusieurs chapelles, ou en rattacha à Canet. Ainsi, la seigneurie comprenait :

  • le village, situé sur les hauteurs, proche de la mer, organisé autour du château,
  • le port, naturellement établi en bord de mer,
  • le hameau de l’Esparrou,
  • le hameau de Saint-Michel de Forques,
  • le hameau de Sainte-Marie de Pabirans, devenu Sainte-Marie-la-Mer,
  • le hameau de Sainte-Anne,
  • le hameau de Vilarnau, aujourd’hui disparu avant d’avoir pu devenir une commune indépendante.

L’Esparrou est resté un hameau jusqu’à nos jours, tandis que Sainte-Anne a été absorbée par l’urbanisation. Saint-Michel de Forques fut détruit pendant la Révolution, et Vilarnau s’éteignit au XVIIe siècle. Quant au port, il donna naissance à Canet-en-Roussillon plage.


Conflits Aragon-Majorque

Les seigneurs de Canet se succèdent de manière héréditaire. En 1170, Bérenger est mentionné comme co-seigneur de Rivesaltes et de Peyrestortes. Son successeur, Raymond, obtint en 1198 l’autorisation de construire une « força » à Sainte-Marie, alors rattachée à Canet. Son fils, Guillaume II, est cité en 1205 ; il avait épousé Cerdana de Rodès. Leur fils, Raymond II, épousa Raymonde de Serralongue — un couple formé de Raymond et Raymonde.

Raymond II fut un fidèle soutien des rois d’Aragon. Il combattit aux côtés de Ferdinand lors de la bataille de Toulouse, le 16 juillet 1212. En 1229, il participa à la conquête des Baléares contre les Sarrasins, puis à la campagne de Valence. Pour financer son engagement militaire, il dut lever des fonds et vendit des privilèges aux habitants. Ceux-ci déboursèrent 3000 sols de Malgone pour, notamment (le 31 mai 1238) :

Racheter toutes obligations ou cautions forcées envers leur seigneur, ainsi que tout usage ou coutume contraire à la liberté naturelle.

Dans son testament, Raymond légua plusieurs maisons au profit de l’hôpital du village. Par ailleurs, Canet fut entouré d’une enceinte fortifiée au cours du XIIIe siècle. Cette période marque l’apogée démographique du village.

Le cimetière fut déplacé à l'extérieur du village, signe d’une forte expansion démographique. En 1300, le village comptait environ 500 habitants. Raymond II eut deux enfants, Guillaume et Pierre, tous deux élevés par leur grand-père maternel, Bernard Hugues de Serralongue. Ce dernier, avec sa fille Raymonde, accorda de nouveaux privilèges aux habitants de Canet. Pierre, nommé Pierre de Domanova, mourut en 1244. Guillaume, quant à lui, devint Guillaume III de Canet, successeur de son père.

Guillaume III confirma d’abord les privilèges octroyés par son grand-père (le 23 mai 1265), contre 700 sous barcelonais. Lui aussi avait un grand besoin d’argent pour prendre les armes aux côtés de Jacques Ier de Majorque lors de la conquête de Murcie (mai-juin 1266). À partir de 1274, le royaume de Majorque devient indépendant du royaume d’Aragon, qui cherchera sans relâche à le reconquérir. Guillaume III mourut vers 1286, après avoir épousé Alamande, fille de Pons de Vernet. N’ayant pas d’enfant, la seigneurie de Canet passa aux mains de son beau-frère, Pons de Guardia, mari de Timberga et fils de Galcerand de Pinos, seigneur de Llo. C’est ainsi que Canet passa à la famille de Pinos.

Pons entra en conflit ouvert avec le vicomte de Castelnou, partisan du roi d’Aragon. Il l’attaqua avec Arnau de Corsavy, Guillaume de Pinos et Ramon Roger de Pallars. Son successeur fut son fils Raymond III. Sous son règne, Canet devint une baronnie. À sa mort en 1312, le pouvoir passa à son frère Guillaume IV, qui reçut les châteaux de Vilarnau d’Avall, d’Espira et de Jujols en récompense de sa fidélité.

L’année 1322 fut marquante : le roi de Majorque Sanche éleva Canet au rang de vicomté, en remplacement de celle de Castelnou, jugée trop fidèle à l’Aragon. Cette nouvelle vicomté comprenait Sainte-Marie, Villelongue, Torreilles, Vilarnau d’Amont, Saint-Michel-de-Forques, Saint-Nazaire, Alénya, Théza, Corneilla-del-Vercol, Vilarasa, Mosellos et Villeneuve-de-la-Raho — un territoire immense.

En 1343, Pierre IV d’Aragon tenta de reprendre militairement le royaume de Majorque (voir l’histoire du Royaume de Majorque). Il lança ses troupes sur la plaine du Roussillon et assiégea la ville le 31 juillet 1343, causant de lourds dégâts. À ce moment-là, François d’Oms était gouverneur du château de Canet, et le vicomte Raymond IV, fils et successeur de Raymond III, s’y trouvait également. Le lendemain, Pierre IV lança un ultimatum, rejeté par les défenseurs. Le siège commença.

Le 3 août 1343, soit deux jours plus tard seulement, Raymond céda et ouvrit les portes de la ville à Philippe de Castro, représentant du roi Pierre IV. En représailles, Raymond fut exilé par galère à l’évêché de Gérone. Pierre IV installa une garnison dans le château de Canet jusqu’en 1344, année de la chute définitive du royaume de Majorque.

L’église fut endommagée. Entre-temps, les habitants, appauvris, durent emprunter aux prêteurs juifs de Perpignan pour financer les travaux de rénovation. Ceux-ci traînèrent en longueur, à l’image de ceux de Vilarnau, et ne s’achevèrent qu’au XVe siècle. Victorieux, Pierre IV d’Aragon confia Canet à Pierre II de Fenouillet, cousin de Raymond II. Il s’agissait d’une forme de compensation envers cette branche familiale, spoliée jadis en raison du soutien de leur aïeul aux cathares. C’était aussi une manière de maintenir la vicomté dans la même famille tout en interrompant la lignée anti-aragonaise. Pierre II de Fenouillet, fidèle de l’Aragon, alla jusqu’à témoigner faussement contre Jacques II de Majorque.

En 1364, la nouvelle église fut construite. Il fallut trente ans pour l’achever, mais elle est toujours debout aujourd’hui, trônant fièrement au cœur du village. Vous remarquerez d’ailleurs une grande similitude avec l’église d’Ille-sur-Têt, commandée en même temps et bâtie par le même architecte.

Le vicomte suivant, André de Fenouillet, rédigea un testament exigeant la création d’un monastère composé de neuf moines bénédictins. Ceux-ci devaient résider au château et recevoir les revenus non seulement du château, mais aussi des villages de Torreilles et de Sainte-Marie.

À partir du XIVe siècle, Canet subit les conséquences de la politique régionale. Entre 1398 et 1422, Collioure fut déclaré seul port autorisé au débarquement des marchandises dans le Roussillon. Bien que le village ait eu d’autres sources de revenus, cette décision marqua le début de son déclin. La démographie baissa rapidement, tout comme l’activité économique.


Canet en France

Au milieu du XVe siècle, les Catalans s'opposèrent aux Français, qui s’étaient rendus maîtres des comtés du Roussillon et de Cerdagne à la suite du traité de Bayonne. Louis XI était alors officiellement vicomte d’Ille et de Canet, mais la population lui était hostile. Plusieurs tentatives furent donc menées pour remettre les places fortes aux Aragonais. Si Perpignan, Collioure et Villefranche purent être sauvées, celle de Canet tomba aux mains des Aragonais le 1er février 1472, grâce à Bernard d’Oms, seigneur de Corbère.

En 1493, Charles VIII restitua le Roussillon à l’Aragon. Pierre Galcerand de Castro redevint vicomte de Canet. Par testament, il légua tous ses biens à son neveu, Guillaume Raymond Galcerand, dont la lignée conservera la vicomté jusqu’au traité des Pyrénées. Durant le XVIe siècle, la ville fut conquise par des mercenaires allemands, puis, au XVIIe siècle, par les Français pendant la guerre de Trente Ans. À cette occasion, la ville souffrit énormément.

Louis XIV devint le nouveau maître de la vicomté. Il la confia à Joseph Fontanela, fidèle à la France, écartant ainsi la lignée historique des vicomtes. Plus tard, la vicomté passa à la comtesse de Sforza, jusqu’à sa mort. Le 27 mai 1730, le Conseil d’État la transféra au duc d’Híjar, grand d’Espagne, issu d’une branche cadette des premiers rois d’Aragon. En 1789, il percevait encore des revenus provenant du moulin et du four de Canet.

Avec la Révolution française, Canet devint une commune. Le 12 avril 1789 eut lieu une réunion préliminaire aux États généraux de Versailles. Chaque habitant était invité à exprimer ses doléances, qui seraient ensuite relayées par le député. Seuls 19 habitants sur les 63 invités y participèrent. Il en ressortit les plaintes suivantes :

  • Les habitants devaient payer trop d’impôts : gabelle, dîmes, vingtièmes, taxes sur le tabac, l’huile, la viande, etc.
  • Trop de personnes étaient exemptées d’impôts.
  • La population réclamait la fin des privilèges et davantage d’égalité.

À cette époque, la ville ne ressemblait plus à celle du passé. L’enceinte fortifiée était en mauvais état, totalement incapable d’assurer une quelconque défense. Les anciennes tours de surveillance servaient d’abri aux sans-abri, aux mendiants et à ceux qui n’avaient pas de domicile. Le château était à moitié en ruine. Le vendeur de glace utilisait encore le puits à glace, mais celui-ci se trouvait au milieu d’un pâturage où un chevrier gardait son troupeau. Les rues, en terre battue, n’étaient pas encore pavées, et les ordures étaient jetées par-dessus les murailles.

Il fallut attendre 1830 pour que les habitants utilisent les pierres du château pour paver les rues. Le début du XIXe siècle vit également l’assainissement des marais. Les terres ainsi récupérées furent mises en culture, notamment pour la vigne.

À partir de 1946, Canet connut un développement régulier grâce au tourisme, jusqu’à devenir la station balnéaire que nous connaissons aujourd’hui.



Informations techniques

Nom Canet-en-Roussillon Nom catalan Canet Code commune 66037
Canton La Côte Sableuse Arrondissement Prades EPCI Perpignan Méditerranée Métropole
Région Côte Radieuse Altitude 37 m Coord. GPS 42.703348 Est / 3.006275 Nord
Superficie 22 km2 Population 12598 h. Code postal 66140
Gentillé Canétois, Canétoises

Population

Il est difficile d'estimer la population d'un village lors des premières étapes de son existence. Cependant, le cas de Canet est intéressant, car il est rapidement devenu un village important, bien que cette importance ait diminué durant le Moyen-Âge, c'est-à-dire à l'époque où les premiers recensements officiels ont été réalisés. Plus que des chiffres, il suffit de savoir que ce village était un bourg majeur durant l'Antiquité pour comparer sa population à celle des autres : elle était largement supérieure.

Vers 1300, une estimation place la population à environ 500 habitants, ce qui est confirmé par le premier recensement officiel : en 1362, on dénombrait 102 feux à Canet. Un feu correspond à un foyer, soit environ 5 à 6 personnes. La population commence alors à décroître rapidement : en 1553, 49 feux (250 personnes), en 1643, 62 feux (350 personnes). En 1806, la ville comptait 233 habitants, 466 en 1846, 887 en 1886, et 1215 en 1911. En 1936, la population était de 1238 habitants (1213 après la guerre, en 1946). En 1954, il y avait 1853 habitants, 4339 en 1975, 6299 en 1984, et enfin 7750 en 1990.


Etymologie

Les spécialistes ne sont pas d'accord sur l'origine du mot "Canet". Trois interprétations ont été proposées :

  • Il viendrait de Canna, signifiant "roseau". En effet, la région était marécageuse, et le roseau y poussait à perte de vue.
  • Il viendrait de la combinaison des mots Kan, qui signifie "hauteur" dans la langue primitive pré-indo-européenne, et du suffixe latin ittum.
  • Il serait issu d'une déformation du nom de la tribu ibérique qui vivait là, les Kynetes.

Il semble que la deuxième proposition soit la plus probable.


Héraldique

Blason CanetEnRoussillon

Expression héraldique

D'azur au lion d'or, armé et lampassé de gueules.

Description

Voici la description détaillée de cette expression héraldique. Le blason est "d'azur", ce qui signifie que le fond est bleu uni. Il comporte un lion "d'or" (jaune), "armé" (avec les griffes apparentes) et "lampassé" (avec la langue visible) de "gueules" (rouge).

Explications

La ville de Canet-en-Roussillon fut érigée en vicomté au Moyen Âge, adoptant naturellement le blason de la famille vicomtale.



Situation et accès

Canet-en-Roussillon est une ville située à 2 km de la plage. Sa position géographique en a fait une grande station balnéaire du département des Pyrénées-Orientales. Il s'agit également de l'une des plus grandes villes du département, ainsi que de l'une des plus peuplées.

Elle se trouve à l'Est de Perpignan, dont elle est distante d'une bonne dizaine de kilomètres. Elle possède plusieurs voies d'accès, dont les deux principales sont les deux routes départementales qui se croisent orthogonalement à Canet : l'une reliant Perpignan à Canet, l'autre reliant Le Barcarès à Argelès. Il existe aussi une route menant à Saint-Nazaire et une autre menant à Sainte-Marie.

En savoir plus sur la station balnéaire de Canet.



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Drapeau catalan Les Pyrénées-Orientales

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