Le quartier Saint-Mathieu est l’un des plus anciens de Perpignan, comme le suggère son emplacement très central. Ce n’est toutefois pas un quartier originel de la ville : il a été construit de toutes pièces au milieu du XIIIe siècle, tout comme le quartier Saint-Jacques. Cette extension urbaine est née de la croissance démographique, elle-même liée à la volonté politique et au succès de Jacques Ier le Conquérant. Situé à l’ouest du centre-ville, Saint-Mathieu s’étend le long de l’actuelle avenue Foch.
Urbanisme
Urbanistiquement, le quartier Saint-Mathieu est délimité par la rue Grande-la-Monnaie, la rue des Sureaux, la rue des Lices, la rue Lieutenant Pruneta, la rue des Jotglars et la rue Maréchal Foch. On peut également y inclure la zone située entre la rue Porte d’Assaut, le quai Jean Delattre de Tassigny et la rue Pierre Cartelet, formant un polygone aux rues généralement longues et étroites, à l’image de son quartier jumeau, Saint-Jacques. Des rues transversales y coupent le tissu urbain de manière orthogonale, avec des îlots de bâtiments relativement réguliers. Le quartier est légèrement en contrebas, à proximité de la Basse, la rivière locale.
Le cœur du quartier est, à peu près, matérialisé par l’église Saint-Mathieu, l’une des plus belles de Perpignan, qui a donné son nom au quartier. On y trouve également l’ancien couvent des Franciscains, l’ancien hôpital militaire, le conservatoire, la chapelle Notre-Dame-des-Anges et le palais de justice. Ce n’est pas le quartier le mieux doté en équipements culturels ou administratifs, mais il est déjà bien pourvu.
Lorsque l’on se promène dans le quartier, on est frappé par l’ancienneté des constructions — ou plutôt des petits immeubles, le plus souvent hauts de deux étages. On pourrait même parler de vétusté dans certains cas. Saint-Mathieu est un vieux quartier, et cela se voit. Les rues, en revanche, ne sont pas en si mauvais état : elles sont partiellement refaites de manière régulière, les trottoirs sont corrects… quand ils existent, car la faible largeur des rues ne permet pas toujours d’en aménager.
Globalement, Saint-Mathieu pourrait sembler agréable à parcourir vu de l’extérieur, et dans l’ensemble, il n’est pas si mal loti que cela.
Cadre de vie
De manière générale, Saint-Mathieu n’est pas réputé pour offrir une qualité de vie exceptionnelle, même si l’on n’y vit pas plus mal qu’ailleurs. C’est un quartier populaire, habité à la fois par des jeunes couples et par une partie de la population immigrée de Perpignan. Il s’agit donc d’un quartier cosmopolite, à dominante sociale modeste. Lors des émeutes de 2004, des tensions sont apparues entre les communautés gitanes et arabes, et l’on a alors souvent résumé la situation en disant que Saint-Jacques était le quartier gitan, et Saint-Mathieu le quartier arabe. Si cette lecture peut avoir une part de vérité, la réalité est bien plus nuancée : les deux communautés cohabitent, sont imbriquées, et vivent globalement en bonne entente.
Le quartier ne dispose pas vraiment d’une place centrale. L’espace qui aurait pu en faire office a été réaménagé en petit square et en école. Les habitants ont plutôt tendance à se rassembler le long de l’avenue Foch, avec ses nombreux bars et restaurants, ou du côté de la rue des Augustins, même si cette dernière s’est appauvrie au fil du temps, à mesure que les commerces y ont fermé. Il ne reste aujourd’hui que des commerces de proximité, bien loin de l’époque où toute la ville venait faire ses emplettes rue des Augustins.
Aujourd’hui, Saint-Mathieu est devenu un quartier-dortoir, ayant perdu une bonne part de son dynamisme économique. Sa population, issue de milieux populaires, souhaite vivre dans le centre-ville sans pouvoir accéder aux quartiers plus huppés. C’est également un quartier à forte diversité culturelle, dont la situation géographique est enviable : il se trouve à deux pas de l’hypercentre de Perpignan.