Étrange village que celui des Cluses. Autrefois associées au Perthus et à l'Albère au sein d'une même commune, les Cluses forment aujourd'hui deux sites distincts : Les Cluses Hautes et Les Cluses Basses. Et, franchement, chacun porte bien son nom !
Les Cluses
Un site stratégique, verrou de l'accès aux Albères, mais aussi un joli petit village discret
Étrange village que celui des Cluses. Autrefois associées au Perthus et à l'Albère au sein d'une même commune, les Cluses forment aujourd'hui deux sites distincts : Les Cluses Hautes et Les Cluses Basses. Et, franchement, chacun porte bien son nom !
Les Cluses est un village des Albères, situé juste avant Le Perthus et à droite de Maureillas-Las-Illas. Il présente une configuration particulière, avec deux parties bien distinctes : un ensemble de lotissements modernes et une vieille ville. En soi, cette organisation n’a rien d’exceptionnel — de nombreux villages sont construits de cette manière — mais ici, la séparation est marquée. La vieille ville est perchée sur un piton rocheux, le long d’une route sinueuse en montagne, tandis que la partie récente s’étend sur les terrains plats au pied du massif. Les deux zones sont nettement séparées. À la jonction de la route menant à la vieille ville se trouvent les bâtiments administratifs, notamment la mairie, comme un lien symbolique entre les deux parties.
Il faut le reconnaître, la vieille ville est particulièrement petite : peu de maisons, peu d’habitants. C’est avant tout un site historique et patrimonial. On ne peut toutefois ignorer qu’une véritable vie locale y persiste, avec ses habitants, ses liens humains et leur volonté de rester vivre ici. Mais ce n’est pas le cœur dynamique du village. Cette situation s’explique par l’exiguïté du site : le piton rocheux n’est pas très grand. En revanche, la vue depuis là-haut est magnifique.
Le reste du village se trouve dans la plaine, au pied du piton. Les maisons y sont plutôt classiques : des pavillons deux, trois ou quatre faces, dans des lotissements en expansion, mais de manière raisonnée. La croissance démographique est limitée par la nécessité d’aménager les infrastructures. D’ailleurs, ces équipements restent peu nombreux à Les Cluses. Il n’y a ni terrain de sport, ni véritable zone de loisirs. On trouve tout de même un parc public, quelques aires de jeux pour enfants, ainsi qu’une médiathèque intégrée à la mairie. C’est l’essentiel, sans superflu.
Patrimoine, curiosités à voir sur place
Les Cluses possèdent un patrimoine intéressant, principalement d’ordre religieux. Mais c’est également sur leur territoire que se trouve le château des Maures, perché sur un pic dans les Albères.
L'église Saint-Nazaire des Cluses-Hautes
L'église Saint-Nazaire des Cluses-Hautes
L'église Saint-Nazaire (Les Cluses-Hautes) repose sur un plan basilical à trois nefs et trois absides, avec des voûtes en berceau plein cintre. Certaines arcades ont été agrandies après la construction initiale. Le fronton est orné d’une fenêtre à chapiteau trapézoïdal et de décors d’entrelacs.
La principale curiosité de cette église réside dans son abside, qui conserve encore des parties des décors peints par le maître de Fenollar.
Le château des Maures
Le château des Maures
Le château des Maures est une forteresse antique située au Sud du territoire des Cluses. Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, il s’agit d’une fortification romaine, destinée à verrouiller le passage vers le col du Perthus. Ces vestiges constituent un cas unique en France : c’est le seul château romain construit en montagne encore visible de nos jours.
En savoir plus sur le château des Maures.
Histoire
L'histoire des Cluses est très ancienne. La principale preuve archéologique en est la Voie Domitienne, qui reliait l’Espagne à Rome. Elle passait par un étroit défilé, facile à surveiller et à défendre. La situation stratégique du lieu n’avait pas échappé aux Romains, qui en avaient fait un site d’habitat. Aux Cluses, on a retrouvé de nombreuses pièces de monnaie datant de 350 après J.-C., soit moins de soixante ans avant la chute de l’Empire romain.
Sur les hauteurs se trouvaient deux forteresses, aujourd’hui en ruine, dont l’une est appelée le château des Maures. La première mention écrite du lieu remonte à 672, ce qui est bien antérieur à celle de nombreux autres villages de la région. À cette époque, le territoire des Cluses était sous domination sarrasine, et le resta jusqu’au début du IXe siècle, lorsque Charlemagne parvint à reconquérir le Roussillon, puis la Catalogne jusqu’à Valence.
C’est un certain Arnald d’Oms, chevalier de l’armée de Charlemagne, qui réussit à reprendre Les Cluses. Récompensé pour sa bravoure par le titre de vavasseur de Montescot, Arnald fut à l’origine de la prestigieuse lignée des Oms, une des plus puissantes familles féodales du Roussillon. Les Cluses devinrent ainsi une seigneurie appartenant à Arnald dès le IXe siècle, et la famille Oms conserva ce territoire jusqu’au 31 septembre 1654, en transmettant le titre de seigneur des Cluses de père en fils, voire en fille.
Le 31 septembre 1654, la seigneurie des Cluses fut confisquée à Antoine d’Oms, en raison de son soutien à l’Espagne lors de l’insurrection anti-française de 1652. À cette époque, le Roussillon était occupé par les Français, et le roi Louis XIV réattribua naturellement la seigneurie à Isabelle Dulach, qui en prit possession à cette date.
Mais Isabelle Dulach ne la conserva pas longtemps. À la signature du traité des Pyrénées, en 1659, le Roussillon devint officiellement français. Une sorte d’amnistie fut décrétée, permettant à Antoine d’Oms de retrouver ses seigneuries, notamment celle des Cluses. Toutefois, en difficulté politique vis-à-vis du roi de France, il dut la revendre. Le 8 septembre 1670, la seigneurie fut ainsi vendue à François Puig y Terrats, docteur en droit. Là encore, le nouveau propriétaire ne la conserva pas longtemps : accusé de crime de lèse-majesté envers Louis XIV, il fut spolié le 14 novembre 1674. Ce jour-là, le roi fit don de la seigneurie à Alexandre du Vivier, fils de Guillaume du Vivier et d’Anne de Verriole, époux de Marie d’Ortaffa. Alexandre conserva la seigneurie jusqu’à la Révolution française, qui mit fin à la féodalité et créa la commune des Cluses.
La municipalité actuelle des Cluses fut formée en 1836 par la fusion de trois communes : Le Perthus, Les Cluses et l’Albère. Toutefois, cette fusion fut ultérieurement invalidée, et les trois villages retrouvèrent leur indépendance en 1948, bien que le texte actant leur séparation ait été adopté dès 1851. La commune des Cluses date donc officiellement de cette dernière année.
Informations techniques
| Nom | Les Cluses | Nom catalan | Les Cluses | Code commune | 66063 |
| Canton | Vallespir-Albères | Arrondissement | Céret | EPCI | CC du Vallespir |
| Région | Plaine du Roussillon | Altitude | 368 m | Coord. GPS | 42.490036 Est / 2.829913 Nord |
| Superficie | 9 km2 | Population | 233 h. | Code postal | 66480 |
| Gentillé | Clusiens, Clusiennes | ||||
Etymologie
Non, le nom "Les Cluses" ne vient pas d'une éventuelle écluse, mais du mot "Clusa", signifiant "le verrou". Le village est situé sur un renfoncement de la vallée ; contrôler ce lieu permettait de mieux surveiller la vallée. D'où le nom de "Verrou de la vallée".
Situation et accès
Les Cluses est une petite ville des Albères, située juste avant la ville frontalière du Perthus. Elle se divise en deux quartiers, un en hauteur et un autre plus bas, et se trouve à l'écart de la route nationale qui passe à proximité.
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