La catalanité est un état d'esprit, un sentiment d'appartenance à un peuple qui va au-delà des différences entre les habitants. C'est une pensée qui fait référence à la grandeur de la Catalogne, au dynamisme des paysans du coin, et au besoin d'appartenir à une culture forte et prégnante. La séparation faite entre le Nord (français) et le Sud (espagnol) n'a pas complètement dissocié les mentalités. Le sentiment d'appartenir à la même terre est omniprésent en Catalogne, quelle que soit la nationalité que l'on ait.
La Casa Pairal, le musée des Arts et Traditions Populaires de Perpignan
Il s'agit d'un intéressant musée créé dans les années 60, mais hélas, il a fermé en 2010. Ses collections sont entreposées, en attendant d'être à nouveau exposées dans un autre lieu, car initialement, il était situé à l'intérieur du Castillet.
C'était un musée qui présentait les objets du quotidien de nos ancêtres : des objets utilisés dans les cuisines, les champs, les ateliers. On y voyait les outils pour fabriquer les fouets de Sorède, les banastes, les verreries de Palau, etc. Les travaux des champs étaient également largement représentés.
Pour en savoir plus : le musée de la Casa Pairal.
Expressions catalanes
Voici quelques expressions catalanes typiques, plutôt représentatives de la langue. Elles ont été prises au hasard, au fil de mes conversations avec des catalophones, particulièrement des anciens qui les utilisent encore parfois. Comme toutes les langues vivantes, le catalan s'est doté d'expressions vraiment originales.
"Fer la cadireta" ("Faire la courte échelle") : Aider une personne afin qu'elle atteigne son objectif.
"Sangrar fins a l'os" ("Saigner jusqu'à l'os") : Expression populaire désignant la rapacité d'un créancier vis-à-vis de son débiteur.
"Brut com una xinxa" ("Sale comme une punaise") : Désigne une personne sale. On peut utiliser d'autres expressions, comme "Com un furat d'aigüera" ("Comme un trou d'évier") ou "Com un corral de porcs" ("Comme une porcherie").
"Fer el refastinyos" ("Faire le difficile") : Cette expression s'utilise pour décrire quelqu'un qui est exigeant à table.
"Venir amb l'ametlla al front" ("Se présenter avec l'amande au front") : C'est chercher à paraître le meilleur possible. L'amande est en théologie le symbole de la virginité, que l'on retrouve dans la forme de l'auréole des Saints.
"Se n'anar a bracet" ("Aller en se donnant le bras") : Être en accord avec l'autre.
"Veig això mal empallat" ("Cela ne se présente pas bien") : C'est mal parti !
"Restar segat" ("Être scié") : Être figé par l'émotion. L'expression "être scié" que l'on utilise de nos jours est non seulement la parfaite traduction, mais possède le même sens figuré.
"Això li farà tant com un pellot a un banc" ("Cela fera le même effet qu'un chiffon sur un banc") : Autant dire que ça ne fera pas d'effet du tout.
"Fer un cluc d'ull" ("Faire une petite sieste") : Tout un art dans la culture des pays du Sud.
"Mirall de fora i fems dedins" ("Un miroir en dehors, du fumier dedans") : Expression utilisée pour désigner une personne d'apparence coquette mais qui a une maison très sale.
"Tenir tants de diners com un grapau de plomes" ("Avoir autant d'argent qu'un crapaud des plumes") : Ne pas avoir un sou bien sûr.
"Això se farà al temps de batre les carbasses" ("Ceci se fera au moment de dépiquer les citrouilles") : "À la St Glinglin" paraît être une bonne traduction.
Premier livre imprimé en catalan
Si de nos jours le catalan est encore parlé par 10 millions de personnes dans le monde, c'est en grande partie grâce à la formidable extension du comté de Barcelone au cours des XIIIe, XIVe et XVe siècles. Les Catalans étaient alors présents sur tout le pourtour méditerranéen, et la langue s'est diffusée de la même façon : rapidement. Or la fin du XVe siècle est marquée par l'apparition de l'imprimerie. Il était donc tout à fait normal que l'on imprime des livres en catalan aussi bien qu'en français, en anglais ou en allemand.
![Premier livre en Catalan](../../Images/Decouvrir/LivreCatalan.jpg)
Premier livre en Catalan
Il faut savoir que l'imprimerie était connue à Perpignan au XVe siècle, mais comme toute nouvelle technique, elle avait du mal à être vraiment mise en œuvre, et les livres manuscrits restaient largement majoritaires. Les mémoires de Saint-Malo nous éclairent un peu sur la présence de la langue catalane à Perpignan dans l'imprimerie : en 1489, la calligraphie était fort pratiquée à Perpignan. L'imprimerie commençait à peine à se répandre. Sur 183 volumes signalés dans 20 inventaires de notaires, 4 seulement étaient imprimés : deux en français, un en italien, un en latin.
C'est en 1502 qu'un imprimeur catalan créera le premier livre imprimé en catalan. Il s'agissait d'un dictionnaire bilingue, le *Vocabolari molt profitos per apendre La Catalan alamany i Lo Alamany Catalan*, c'est-à-dire "un vocabulaire très profitable pour que les Catalans apprennent l'allemand et que les Allemands apprennent le catalan".
Ça peut paraître étrange que le premier livre en catalan soit un dictionnaire catalano-allemand, mais en fait, c'est plutôt normal dans le contexte de l'époque : ce livre témoigne simplement de l'importance grandissante de l'influence catalane sur la Méditerranée, dont les habitants devaient communiquer pour le commerce avec tous les autres peuples. Cet imprimeur était Johan Rosembach, un prêtre et imprimeur originaire d'Heidelberg, vivant en Catalogne. On le trouve successivement à Valence, à Barcelone et à Tarragone, où il imprime différents ouvrages. En 1500, il s'installe à Perpignan et imprime *Brevarium Elnense*, puis en 1502 cet ouvrage en catalan dont nous venons de parler.
L'original est conservé à la bibliothèque de Catalogne, à Barcelone. En 1503, il "publiera" (si on peut utiliser ce verbe pour désigner les publications de cette époque) un deuxième ouvrage en catalan, *La Cirurgia de Mestre Pere de Argilata*. Il repartira à Barcelone pour imprimer pour la ville de Perpignan la *Recollecta de tots els privilegis, provisions, pragmatiques et ordinacions de la fidelissima vila de Perpinya*, dont l'original se trouve au Centre de Documentation et d'Animation de la Culture Catalane de Perpignan.
Il faut savoir qu'au XVIe siècle, les livres étaient indifféremment imprimés en latin, en espagnol ou en catalan. À titre de comparaison, le premier livre imprimé en français ne l'est qu'en 1684 : *La vie de notre Seigneur et Rédempteur Jésus-Christ*.
La Catalogne là où l'on ne s'y attend pas...
Quand on trouve des mentions de la Catalogne Nord là où l'on ne s'y attend pas... C'est ce qui m'est arrivé en visionnant la série télévisée "Millénium", tirée de l'œuvre de Stieg Larsson, qui se déroule pourtant exclusivement en Suède.
À votre avis, quel lien peut-il y avoir entre la ville de Banyuls-sur-Mer et le livre "Millénium", l'ouvrage de l'écrivain suédois Stieg Larsson, décédé en 2004 ? A priori aucun, et pourtant...
Ceux qui ont vu la série télévisée tirée de la trilogie n'ont sans doute pas fait attention à ce détail, mais il vaut la peine de s'y attarder, tant il est curieux de trouver une telle référence à notre Catalogne Nord dans cette histoire qui se déroule exclusivement en Suède.
Tout se passe dans *La reine dans le palais des courants d'air*, le troisième volume (épisode 5 de la série télévisée, à 49 minutes et 30 secondes du début). Mikael Blomkvist, l'un des deux personnages principaux, se sait épié. Il sort d'un restaurant en compagnie de sa collègue, qui est aussi sa maîtresse.
![Millennium 1](../Images/Decouvrir/Millenium1.jpg)
Elle lui indique qu'elle va passer la nuit à l'hôtel et lui propose de la passer ensemble.
- "Non, pas ce soir, je suis crevé", répond Mikael Blomkvist. "J'ai campé au bureau la nuit dernière".
![Millennium 2](../Images/Decouvrir/Millenium2.jpg)
- "On peut aussi dormir", lui rétorque-t-elle.
- "Tiens, c'est bizarre, ça fait quatre fois que je vois cette voiture", s'étonne Mikael.
![Millennium 3](../Images/Decouvrir/Millenium3.jpg)
Les personnages passent devant la caméra, qui s'attarde à peine une seconde sur l'arrière du véhicule en question.
![Millennium 4](../Images/Decouvrir/Millenium4.jpg)
Non, vous ne rêvez pas, c'est bien l'âne catalan qui trône à droite de la plaque d'immatriculation, tandis qu'à gauche, un autocollant de la Corse lui fait face. Mais, bien sûr, c'est celui qui est en dessous qui est le plus intéressant.
![Millennium 5](../Images/Decouvrir/Millenium5.jpg)
![Blason de Banyuls-sur-Mer](../Images/Blasons/BanyulsSurMer.gif)
Aucun doute à avoir, c'est bien le blason de Banyuls-sur-Mer !
Félicitations donc au réalisateur Daniel Alfredson pour avoir réussi à glisser cette allusion à la jolie ville de Banyuls dans son film, qui a, rappelons-le, une portée internationale. On aurait aimé voir la voiture plus longtemps, mais ne faisons pas la fine bouche pour autant. J'ai bien relu le livre et je confirme qu'il n'y a aucune mention de Banyuls dedans. C'est donc le réalisateur qui a choisi d'y inclure ce détail, probablement parce que cela permet de justifier que Mikael reconnaît ce véhicule pourtant banal.
Et aussi...
Saviez-vous que votre site Internet préféré est passé à la télévision ? Cela s'est produit dans un téléfilm intitulé *Meurtre à Collioure*. C'est même grâce à lui que les héros, Héléna Noguerra et Stéphane Freiss, ont pu comprendre l'histoire de la légende de Paracolls, celle qui sert de base à l'intrigue !
Pour en savoir plus, lisez l'article sur 'Meurtre à Collioure'.