Ermitage de Domanova

Un intéressant ermitage sur le territoire de Rodès


De quoi s'agit-il ?

L'ancienne paroisse de Crozes

Le nom de Domanova provient de Doma-Nova, ce qui signifie "la maison neuve". À l'origine, un village, Crozes, s'étendait au pied de la colline de Domanova. Un seigneur local fit bâtir un château au sommet de cette colline, qui n'était en fait qu'une maison plus solide que les autres et surtout surveillée. C'était elle, la "maison neuve". On y avait adjoint une chapelle.

Durant le Xe et XIe siècles, les habitants de Crozes vivaient sous la protection de ce château, dont on a retrouvé une trace écrite dans un document datant de 942. Mais cette protection n'était pas assez efficace, aussi a-t-il été décidé de construire un deuxième château sur le versant nord de la vallée de la Têt : le château de Rodès.

Dès qu'il fut terminé (en 1080, le château de Rodès était achevé), la population partit pour Rodès, délaissant Domanova qui devint une paroisse fantôme, bien qu'elle conserva le titre de paroisse jusqu'en 1571. Le second fils de Raymond II de Canet porta le nom de Pierre de Domanova.

On retrouve cette chapelle à plusieurs reprises durant cette période : en 1293 sous le nom de Ecclesia Sanctae Mariae, puis en 1329 sous celui de Parrochia Sanctae Mariae de Domanova.


L'ermitage de Domanova

Ainsi délaissée, l'église de Crozes subira en 1580 les invasions des huguenots français. Certains huguenots, poursuivis en France suite au massacre de la Saint-Barthélémy, se sont ligués et ont commis des exactions en Roussillon et en Conflent pendant quelques années. Domanova fut pillée et sérieusement endommagée à cette occasion ; l'ermite fut même assassiné.

Le XVIIe siècle fut celui de l'essor des ermitages. Cette pratique ancestrale (déjà pratiquée au IXe siècle en Catalogne Sud) se développa rapidement. Toutes les anciennes chapelles, qu'elles soient d'origine paroissiale ou castrale, furent réhabilitées. On les modifia et on construisit des bâtiments annexes pour accueillir l'ermite. Ce fut le cas de l'ancienne église de Crozes, qui apparaît sous le vocable de Nova constructio de la capella en 1648, puis de Hermita de Nostre Senyora de Domanova en 1688, ce qui prouve sa réhabilitation. À cette occasion, une deuxième nef fut construite, parallèle à la précédente, et le mur est fut reconstruit pour soutenir le logement.

Les ermites du Roussillon, entre les XVIIe et XVIIIe siècles, n'étaient pas des religieux isolés : ils étaient au contraire des membres de la société civile catalane. Ils étaient physiquement accessibles et détenaient un bien précieux : le savoir. Ils représentaient la connaissance et le bon sens, et on les respectait pour cela. Les habitants de la région allaient les rencontrer pour résoudre des problèmes, en particulier de moralité.

Mais cette situation ne dura que jusqu'à la Révolution française. En 1790, la toute jeune République vota une loi déclarant que les biens de l'Église étaient des possessions de l'État. Ainsi, tous les édifices religieux qui n'étaient pas le siège d'une paroisse furent vendus comme biens d'État, ce qui fut le cas de Domanova. La chapelle fut rachetée par la municipalité de Rodès.

Quelques années plus tard, les lois anticlericales furent assouplies et les ermitages purent rouvrir au culte. Domanova put le faire dès 1806, où elle apparaît comme une annexe de Rodès. Un nouvel ermite prit place dans la chapelle, un ermite moderne, issu de la dernière génération des ermites. Il n'était pas religieux mais laïc, s'habillait en tenue catalane plutôt qu'en bure, poursuivait son rôle de quêteur, mais n'avait plus l'aura d'autrefois. Dans les années 1950, le dernier ermite disparut avec cette étrange activité.

La chapelle fut restaurée pour la dernière fois en 1996. Pendant l'été, elle accueille les personnes désirant faire une retraite religieuse. La chapelle possède aujourd'hui une collection d'ex-voto peints sur bois (datée du XVIIIe siècle) ainsi qu'un retable réalisé par Joseph Sunyer : le retable de la Vierge à l'Enfant. Enfin, Domanova fut la principale source d'inspiration du poète Francis Catala.

Comme la forme de son clocher le prouve, l'ermitage de Domanova avait initialement trois cloches. L'une a disparu pendant la Première Guerre mondiale, probablement fondue pour en faire des canons. Une seconde a été récemment remplacée : elle porte le nom de Michel. Quant à la troisième, on ignore ce qui lui est arrivé.

Situation et accès

Domanova est un ancien lieu d'habitation situé sur une colline de la vallée de la Têt, en entrant dans le Conflent, sur la gauche. À l'arrière de la colline se trouve le village de Joch, mais devant, c'est Rodès. On peut facilement s'y rendre : il suffit d'aller à Rodès et, au lieu de tourner à gauche vers le village, tourner à droite. L'ermitage est un peu en hauteur, au bout de la piste.



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