Rodès

Un village intéressant autrefois protégé par un château imposant

Rodès est un village de taille moyenne du bas-Conflent, situé près de Vinça. Orienté au sud, il est adossé au nord à une colline surplombée par le château de Rodès, une ancienne place-forte de grande importance, historiquement liée aux châteaux de Canet, de Fenouillet, ainsi qu’aux comtes de Cerdagne. Le village est né de la présence de ce château, d’un point de vue historique.

De nos jours, Rodès est composé d’un cœur de village proche de la colline, ainsi que d’extensions sur la plaine qui s’étend jusqu’à la route nationale 116, celle qui mène en Cerdagne. On pourrait croire que cette route constitue un handicap pour Rodès, mais il n’en est rien : elle est suffisamment éloignée pour ne pas provoquer de nuisances, sauf pour les maisons les plus proches, bien sûr. Dans le cœur du village, l’urbanisme se compose essentiellement d’une longue rue montant assez abruptement sur la colline, desservant à droite et à gauche quelques maisons serrées. L’église se trouve tout au bout, au point le plus élevé du village. Les infrastructures municipales, telles que les terrains de sport, sont plutôt situées dans la partie basse.


Patrimoine, curiosités à voir sur place


Le patrimoine de Rodès est particulièrement riche. Il se compose d'édifices religieux, mais aussi civils et militaires, et c'est cette diversité qui marque les esprits. L'église paroissiale, initialement du XIIe siècle, est consacrée à Notre-Dame de l'Assomption et fut reconstruite vers 1637. Elle abrite une série de retables intéressants, dont celui du maître-autel du XVIIIe siècle, la Sainte-Famille du début du XIXe siècle et la Passion du XIXe siècle. On y trouve également des toiles de la Vierge du XVIe siècle, ainsi que de Saint Michel et Saint Paul du XVIIIe siècle. Comme patrimoine religieux, le territoire de Rodès possède aussi la chapelle de Belloch, située au niveau du barrage de Vinça.

À l'extérieur du village, on trouve également l'ermitage de Domanova. Quelques oratoires parsèment le territoire. Militairement, c'est bien sûr le château de Rodès qui retient l'attention, dont les restes se dressent fièrement sur le monticule rocheux au-dessus du village. Ce château possède une chapelle, la chapelle Saint Valentin, qui servit un temps d'église paroissiale. Aujourd'hui en ruine, on peut encore en voir quelques traces sur le site. Elle présentait une architecture simple, avec un plan rectangulaire à chevet droit. Le chœur était surélevé et l'ensemble de l'édifice était couvert par une voûte en berceau brisé.

Civilement, le patrimoine est constitué de plusieurs orris, ces cabanes de pierres sèches servant d'abris aux bergers, ainsi que de la carrière de granit, qui servit à fournir des pavés pour toutes les villes alentours. D'ailleurs, les pavés sur lesquels roulent les Perpignanais lorsqu'ils passent devant la poste centrale proviennent de cette carrière. On trouve également à Rodès les gorges de la Guillera et ses aqueducs, vestiges du XIIe siècle (Acequia Réal de Toyr, ce qui signifie "Canal Royal de Thuir").

Rodès possède par ailleurs sur son territoire les anciennes paroisses de Belloch, Domanova et Ropidère, dont l'histoire est expliquée sur d'autres pages de ce site :


Belloch

La chapelle de Belloch

La chapelle de Belloch

Belloch est également le siège d'un ancien village, attesté pour la première fois dans les documents en 942. La chapelle est dédiée à Saint Pierre ; elle est à nef unique et rectangulaire. Elle possède une abside semi-circulaire et un clocher à arc unique au-dessus de la façade occidentale. À l'intérieur, on peut admirer une voûte en berceau brisé. À noter la qualité de l'environnement : le paysage est vraiment joli.

En savoir plus sur la chapelle de Belloch.


L'ermitage de Domanova

L'ermitage de Domanova

L'ermitage de Domanova

Le nom de Domanova provient de Doma-Nova, ce qui signifie "la maison neuve". À l'origine, un village nommé Crozes s'étendait au pied de la colline de Domanova. Un seigneur local fit bâtir un château sur le sommet de cette colline, qui n'était en fait qu'une maison plus solide que les autres et surtout surveillée. C'était elle, la "maison neuve". On y avait adjoint une chapelle.

En savoir plus sur l'ermitage de Domanova.


Le château de Rodès

Le château de Rodès

Le château de Rodès

Le château de Rodès est situé sur les hauteurs de la ville, qui s'est développée à ses pieds. Rodès est en bas d'une colline escarpée, à la limite de la falaise, et un chemin serpente pour monter sur cette colline où fut construit, au XIe siècle, un château. De nos jours, il est très fortement dégradé, mais certains pans de murs tiennent encore debout. Ce sont eux, d'ailleurs, qui donnent cet aspect strict à ces ruines, surtout lorsqu'on s'en approche.

En savoir plus sur le château de Rodès.


Le village abandonné de Roupidère

Le village abandonné de Roupidère

Le village abandonné de Roupidère

Roupidère est le nom d'un ancien village aujourd'hui disparu. Il se trouvait sur les hauteurs de Rodès, un peu avant Vinça, sur le plateau montagneux au-dessus de la ville, à droite en montant vers la Cerdagne. C'est une zone aride, longtemps recouverte de friches et de végétation rase, qu'un incendie violent en 2005 a fait redécouvrir.

En savoir plus sur le village de Roupidère.


Histoire

Préhistoire

Le site de Rodès a une origine extrêmement lointaine : on y a retrouvé des pierres qui dateraient, selon les spécialistes, de -600 000 ans, ce qui en fait un site préhistorique tout à fait remarquable. Faisons un petit saut dans le temps et arrivons vers -60 000 ans.

À cette époque, l'homme se caractérisait par sa pratique funéraire, enterrant ses morts. Ceux enterrés dans les grottes nous sont parvenus, et c’est le cas pour l'une des grottes près de Rodès, qui nous a livré non seulement des ossements d'hommes préhistoriques, mais aussi des outils taillés et les restes de repas consommés dans la grotte, ce qui nous éclaire sur la faune de l'époque.


Origine du village

À l'origine, le site de Rodès n'était pas un lieu habité. La population était concentrée au château de Domanova, sur la face sud de la vallée, à quelques centaines de mètres de là, dans un lieu appelé Crozes. Mais l'intérêt de ce château étant réduit, il fallut en construire un autre, mieux situé, sur la colline du versant nord. Ce fut fait durant le XIe siècle, le site de Rodès apparaissant pour la première fois dans un document en 1080. Ce déplacement causa le déclin progressif de Domanova, mais la fin du XIe siècle vit la cohabitation des deux villages, tous deux possessions des comtes de Cerdagne, puis quelques années plus tard de ceux de Barcelone.


La famille de Domanova, seigneurs de Rodès

Les comtes, ne pouvant administrer eux-mêmes leurs vastes territoires, firent appel depuis la fin du Xe siècle à des familles locales pour gérer leurs possessions. Ces familles devinrent naturellement les seigneurs du lieu. Ainsi, Rodès et Domanova étaient sous l'administration directe de "Pere de Domanova" (1095), qui figure parmi les témoins du testament de Guillem, Comte de Cerdagne, attestant du lien proche de cette famille avec le pouvoir central.

L'année suivante (1096), son fils Pere Bernat prête serment pour le château de Rodès. On peut donc situer la seconde moitié du XIe siècle comme période la plus ancienne où le château de Rodès est attesté. Au pied de ce château, on imagine aisément la construction d'un embryon de village, un hameau de Crozes, plus au sud, créé par des villageois venus chercher refuge près des soldats. Mais on ne parle pas encore de paroisse : seule la chapelle castrale Saint Valentin assurait la présence religieuse auprès des habitants.

Le seigneur suivant, également nommé Perre de Domanova, fils du précédent, est attesté en 1150. Il tenait du roi d'Aragon une série importante de châteaux, notamment ceux d'Espira-de-Conflent, Mosset, Fuilla. Vers 1170, il abandonna certains droits sur l'église de Saint-Pierre-de-Belloc au monastère Saint-Martin-du-Canigou. En 1204, il reconnut tenir en fief pour le vicomte de Castelnou les lieux de Creu, en Capcir, Illa, Vinça, Ropidera, Espira, Estoer, Sener, Mosset et Fullà. Ce personnage important, au grand pouvoir local, avait une fille, Cerdana de Rodès. Ce prénom n'est pas anodin et tend à prouver que Rodès était devenue une paroisse plus importante que Domanova, le nom d'origine de la famille.


Rodès sous les seigneurs de Canet et leurs successeurs (XIIIe - XVe siècle)

Cerdana épousa le seigneur de Canet, lui aussi puissant dans le Roussillon. Elle apporta en dot ses châteaux et possessions, qui changèrent ainsi de mains. Face aux conflits entre le royaume d'Aragon et celui de Majorque, ce dernier fit renforcer le château de Rodès et confirma le seigneur de Canet comme possesseur du lieu, ainsi que d'autres domaines : Sainte-Marie-la-Mer, Villeneuve, Cauca, Roupidère, Fuilla, et la vallée de Mosset.

Malheureusement, la chute du royaume de Majorque entraîna l'exclusion de ses partisans. Le château de Rodès fut donné à Ramon de Perellos, fidèle à l'Aragon, qui devint châtelain. L’un de ses premiers actes fut de nommer un chevalier-délégué, Pere d'Estoher.

Protégé par son château, le village de Rodès maintint une population importante : environ 300 personnes vivant essentiellement de l’agriculture. Deux canaux d'irrigation furent construits pour alimenter les moulins installés de part et d'autre de la Têt, destinés principalement à fournir la force mécanique nécessaire aux habitants.

En 1369, un inventaire royal indique que Rodès est l'un des deux seuls châteaux royaux du Conflent.

Le principal événement suivant eut lieu en 1393 : en manque de finances, le roi d'Aragon Jean Ier vendit le château de Rodès à Ramon, vicomte de Perellos, qui le conserva jusqu’à sa revente en 1451 à Antoni Viader, bourgeois de Villefranche. La suite de l’histoire du lieu est plus floue, mais on retrouve le château et son village, ainsi que Ropiède, entre les mains de Francesc Andreu, bourgeois de Perpignan, puis de Don Galceran de Vilardel en 1504.


La famille de Perepertusa, derniers seigneurs de Rodès (XVIe - XVIIe siècles)

Le 27 juin 1543, la châtellerie des villages de Rodès et Ropidère fut vendue à Don Francesc de Perapertusa, membre de la famille de Perepertusa (Peyrepertuse). Le château resta dans cette famille jusqu’à la Révolution française. Cependant, l'amélioration des moyens de production et des conditions de vie rendait de plus en plus difficile pour le seigneur de maintenir l'obéissance de la population, notamment en matière de levée des impôts. Plusieurs confrontations opposèrent le seigneur de Rodès, qui était aussi vicomte de Joch, à ses habitants, parfois devant les tribunaux.

Un autre épisode important eut lieu le 10 décembre 1652, lorsque l'armée française entra en Roussillon pour reprendre ces territoires durant la guerre dite de Trente Ans, qui aboutira au traité des Pyrénées. Durant cette bataille, le bayle du village s’illustra en défenseur assidu et fut honoré pour cela.


Époque moderne

Au XIXe siècle, le village fut progressivement déserté, menaçant de s’éteindre complètement. Toutefois, entre 1915 et 1935, une seconde jeunesse lui permit de perdurer : une carrière de granit s’y installa, dont les bâtiments accrochés à la colline ne choquent plus personne aujourd’hui. Cette carrière alimenta les paveurs de rues de Perpignan, jusqu’à ce que le goudron rende cette méthode obsolète.



Informations techniques

Nom Rodès Nom catalan Rodés Code commune 66165
Canton Le Canigou Arrondissement Perpignan EPCI CC Roussillon Conflent
Région Ribéral Altitude 771 m Coord. GPS 42.658056 Est / 2.562305 Nord
Superficie 18 km2 Population 677 h. Code postal 66320
Gentillé Rodésiens, Rodésiennes


Situation et accès

Rodès se trouve dans le Bas-Conflent, du côté de Vinça. Ce village est situé au pied d'une colline calcaire, sur la rive droite de la vallée. Il est dominé par un ancien château, aujourd'hui en grande partie détruit.



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