Histoire
Préhistoire et Antiquité
Comme tous les villages du Roussillon, la période antérieure à la création des comtés, le IXe siècle, nous est difficile à comprendre. L'histoire de Brouilla n'y échappe pas.
D'un côté, le sol acide de la plaine du Roussillon ne permet pas la conservation d'ossements préhistoriques, ce qui annule la possibilité de trouver des restes du Paléolithique. Quant au Néolithique, aucune recherche n'a permis de trouver des preuves d'habitats. Après les Ibères, qui s'étaient mélangés aux Ligures, les Celtes vinrent occuper le territoire du Roussillon (-500), colonisé en -128 par les Romains. Bien que ceux-ci aient beaucoup modelé la région, en construisant de grands domaines ruraux et des axes de communication importants (dont la Via Domitia, qui passait à proximité de Brouilla), ils ne s'étaient pas implantés sur le territoire de l'actuel village.
Par la suite, les Romains furent envahis par les Wisigoths (408), eux-mêmes envahis par les Sarrasins (735), arrêtés par les troupes de Pépin le Bref à Poitiers, comme tout le monde le sait.
Moyen-Âge : Naissance du village
Les Francs, possesseurs d'un vaste territoire dans le nord de la France, repoussèrent alors les conquérants sarrasins et les renvoyèrent au-delà des Pyrénées, après une lutte de quelques années durant laquelle le Roussillon fut envahi à plusieurs reprises. En 811, Charlemagne fonde la marche d'Espagne, région militaire ; le Roussillon est fortifié et re-christianisé. De grandes abbayes sont fondées, essaimant des chapelles un peu partout, ce qui attira les pionniers francs venus s'établir dans les nouveaux territoires : c'est très probablement l'origine de Brouilla, situé assez proche des abbayes de Saint-André et Saint-Génis.
Une fois un embryon de village installé, celui-ci se développe peu à peu (du IXe au XIe siècle). Mais autour du XIe siècle apparaît la notion de seigneurs : les territoires d'une paroisse passent sous le contrôle de familles plus ou moins importantes. Qui plus est, la marche d'Espagne est divisée en plusieurs comtés, de la taille d'un demi-département français actuel. Les comtes s'échangent des paroisses, des droits, ce qui segmente le Roussillon.
La première mention du village date du Xe siècle, en 959 exactement, soit relativement tôt par rapport à d'autres communes ayant la même origine. Le village est désigné sous le nom de Sainte Marie de Brouilla. Cette église sera remplacée par une autre, plus grande et surtout plus solide, durant le XIIe siècle.
Au XIIIe siècle, la paroisse passe au comte d'Ampurias, probablement de la même façon que Laroque-des-Albères, par mariage de Maria de Vilademuls, héritière de Brouilla, avec le comte Pons-Hug IV d'Ampurias (1230-1269). Par la suite, les comtes d'Ampurias conserveront la paroisse jusqu'à la fin de la lignée, au XIVe siècle. Récupérée par le roi d'Aragon Jacques II, elle sera plus tard acquise par les Templiers de la commanderie du Mas Deu. Il ne semble pas que la paroisse de Brouilla ait été échangée, achetée ou même donnée par le roi : c'est plutôt par des dons individuels, puis par des achats que les Templiers acquirent l'ensemble de la paroisse.
Brouilla jusqu'à nos jours
La suite de l'histoire n'a pas eu d'impact direct sur la vie des habitants de Brouilla. Village paisible de paysans, il n'a pas vraiment subi les dégâts de la guerre de Trente Ans opposant Louis XIII, roi de France, au roi d'Espagne au début du XVIIe siècle. Ce conflit se termina par la signature du traité des Pyrénées, officialisant la frontière entre les deux pays et rendant Brouilla français. De même, la Révolution française n'a pas laissé de traces à Brouilla.
Plus intéressant, la guerre de 1793 fut un épisode important. Cette année-là, l'Espagne déclara la guerre à la France et envoya le général Ricardos, à la tête d'une importante armée, envahir le Roussillon, ce qui fut fait. Brouilla fut occupé un an avant d'être libéré par les Français.
Par la suite, Brouilla ne se développera pas rapidement : son extension est récente. Au XIXe, puis au XXe siècle, il s'agissait essentiellement d'un village agricole, les céréales et la vigne étant les plus représentatives. De nos jours, ce sont les arbres fruitiers qui dominent la production agricole.