Histoire
Préhistoire
L'origine préhistorique du site sur lequel Laroque-des-Albères a été bâti ne fait aucun doute puisqu'il existe encore aujourd'hui un dolmen que l'on désigne sous le nom de Balma del Moro. Il a été érigé, comme les autres, vers -2500 ans, durant l'époque mégalithique. Par la suite, ce site nous a légué quelques intéressants vestiges du IIe millénaire avant J.-C., à l'âge du bronze, en particulier des haches et des poignards.
Antiquité
Depuis cette lointaine époque, les peuples ibéro-ligures qui occupaient le territoire du Roussillon furent envahis par les Celtes, qui virent eux aussi arriver les civilisations grecques puis romaines. De leurs invasions, en -121, puis de celles des peuples dits "Barbares" (Vandales en 408, Wisigoths en 412), aucun vestige ne nous est parvenu à Laroque. La Via Domitia, voie romaine reliant Rome à la péninsule ibérique, passait un peu plus à l'ouest, au col du Perthus. Après l'invasion sarrasine de 739, c'est à partir de 811 et de la conquête carolingienne que commence l'histoire chrétienne du Roussillon, et avec elle l'histoire des villages catalans tels que nous les connaissons.
Moyen Âge
Sur le fameux rocher (La Roca) se dressait, à partir du XIIIe siècle, le château de Pons Hug IV, comte d'Empúries, possesseur d'un fief sur ce territoire. À cette époque (du IXe au XIIe siècle), le territoire était découpé en de nombreux fiefs appartenant tous à des familles différentes. Cela explique pourquoi le comte d'Empúries lui-même possédait cette terre éloignée de son comté. L'ancien village médiéval était à ses pieds, il a été fortifié par la suite. La lignée des seigneurs de Laroque est assez courte, il faut dire que ce n'est qu'au Xe / XIe siècle que la notion de seigneur apparaît.
Ainsi voit-on apparaître Bernat de Laroque (1161-1180), qui épousa Adelaïda de Thuir. Bernat est le premier seigneur de Laroque dont on ait une trace, il s'agit probablement d'un descendant du premier seigneur du lieu. Ensemble, ils eurent une fille, Alamanda de Laroque, qui épousa Ramon de Vilademuls. Leur fille Maria de Vilademuls se maria avec Hug IV, comte d'Empúries (1200-1230), dont naîtra Pons Hug IV, futur comte d'Empúries (1230-1269). Par la suite, la lignée des comtes d'Empúries s'éteignit (1325), et le comté passa au roi de Majorque. C'est ainsi que Laroque-des-Albères devient une ville royale, propriété directe du roi.
En tant que propriété comtale, en 1264, le comte Pons Hug IV prit une décision importante pour la ville. Il fit venir deux enquêteurs afin de faire l'inventaire des biens. Ce recensement est nommé "Capbreu", il s'agit des plus anciens registres de recensement que l'on connaisse en Catalogne Nord. L'intérêt de celui de Laroque est son âge : c'est le plus ancien de tous les capbreus de la région. Quelques années plus tard, il y en aura un autre à Camélas, puis viendront les six Capbreus "majeurs" des villes royales.
Durant le XIVe siècle eut lieu l'épisode du royaume de Majorque. Jacques Ier le Conquérant, grand roi d'Aragon, sépara son royaume en deux pour éviter de léser l'un de ses deux fils : à l'aîné (Pierre III d'Aragon) sa succession, au cadet (Jacques II de Majorque) le nouveau royaume de Majorque, un territoire pris sur les terres de son frère (Cerdagne, Roussillon, Îles Baléares et la ville de Montpellier). Évidemment, à la mort de Jacques Ier, les deux frères furent en conflit, l'aîné voulant récupérer ses terres, le cadet voulant conserver son indépendance. Devant la puissance de Pierre III, Jacques de Majorque tenta de se liguer avec le roi de France Philippe le Hardi. Mais surpris par le roi d'Aragon, il dut fuir et se réfugia au château de Laroque-des-Albères.
La suite de l'histoire de la ville n'est pas vraiment connue. On retrouve Laroque au XVIIe siècle prise dans la tempête de la guerre de Trente Ans, lorsque le roi de France récupère militairement le Roussillon. À la signature du traité des Pyrénées en 1659, la ville devient officiellement française, la frontière étant placée là où elle est de nos jours.
Peu après la Révolution française, en 1793, l'Espagne déclare la guerre à la France, les troupes du général Ricardos envahissent la plaine du Roussillon. Cette dernière guerre avec l'Espagne ne laissera apparemment pas trop de traces dans la ville, ayant été occupée très tôt.
Laroque-des-Albères a toujours été un village agricole. Nous avons quelques chiffres qui donnent des indications sur l'évolution de l'agriculture durant le XIXe siècle. En 1837, il y avait 44 100 hectares de céréales, 36 377 en 1869 et 32 363 en 1882, soit une diminution constante de la production céréalière au XIXe siècle. Côté viticulture, par contre, la superficie occupée par les vignes n'a fait que croître : 12 000 hectares (1741), puis 25 000 en 1840 et 76 030 en 1882. Au début du siècle suivant, la superficie de terrains plantés en vignes diminua un peu, passant à 61 016 en 1910. Il faut dire que la crise viticole de 1907 est passée par là entre-temps.
Pour traiter les céréales produites, afin de les transformer en farine, les habitants utilisaient quatre moulins. La ville en comptait quatre autres, à huile ceux-là, pour la production oléicole. Le moulin à farine de La Pave, situé dans le prolongement de la rue de l'église, était encore en fonctionnement en 1920. Il a été rénové récemment.