Petit bout de Cerdagne situé près de la frontière, Iravals est avant tout un ancien village dont seule l’église subsiste aujourd’hui. Particulièrement soignée, celle-ci fait la fierté des habitants du secteur.
Cette chapelle isolée de Cerdagne était le siège d'une ancienne paroisse
Petit bout de Cerdagne situé près de la frontière, Iravals est avant tout un ancien village dont seule l’église subsiste aujourd’hui. Particulièrement soignée, celle-ci fait la fierté des habitants du secteur.
Petit bout de Cerdagne situé près de la frontière, Iravals est avant tout un ancien village dont seule l’église subsiste aujourd’hui. Particulièrement soignée, celle-ci fait la fierté des habitants du secteur.
Iravals, que l'on connaît aussi sous le nom d'Yravals, est un hameau de Latour-de-Carol, situé dans la vallée du Carol, au bout de la Cerdagne française. C'est une vallée qui monte vers le nord, dans laquelle serpente la route menant en Andorre, elle est donc assez fréquentée. Mais Iravals se trouve à l'ouest de la ville, sur des terrains un peu en contrebas, à un ou deux kilomètres à peine du centre de Latour-de-Carol.
Il existe essentiellement deux raisons pour se rendre à Iravals : soit vous allez dans l'une des résidences de vacances qu'il possède sur son territoire — et il n'y en a pas beaucoup —, soit c'est pour voir la très belle église Saint Fructueux. Cette église est la curiosité locale, c'est un bel édifice plutôt connu dans la région qui attire les touristes amateurs de vieilles pierres, surtout l'été. Mais mis à part cette église, il n'y a rien d'autre à faire à Iravals, sauf si vous y résidez. Quelques routes très longues desservent les lieux de vie touristiques, donc il n'y a d'animation que l'été, et un peu l'hiver, mais les intersaisons sont plutôt désertes. C'est pourtant une zone agréable, avec quelques petits cours d'eau, une campagne verdoyante au printemps, mais les aménagements ont été faits pour les résidences de vacances et non pour la balade.
Iravals est donc plutôt agréable, mais seulement si vous y résidez. Sinon, c'est l'église Saint Fructueux qui sera votre point de chute.
C'est bien sûr l'église Saint Fructueux qui retient l'attention à l'Iravals.
Elle date du IXe siècle, autant dire des premiers temps de la chrétienté dans la région. Elle est mentionnée dans un document pour la première fois dans l'acte de consécration de la Seu d'Urgell au début du Xe siècle. Cet acte précise que la paroisse de Vallis Eravals (vall Iravals, c'est-à-dire la vallée d'Iravals) était la plus importante de la région.
Elle se compose d'une nef unique terminée par une abside semi-circulaire. Sa façade est un mur-clocher accueillant deux cloches et elle dispose d'un porche, au sud. Son toit est revêtu d'ardoise, comme cela se fait par ici. Datée d'une époque si ancienne, c'est forcément une église romane. On le constate par sa forme trapue, son style monobloc et ses fenêtres à ébrasements, petites et étroites. Cette église remplaça très probablement d'autres édifices plus anciens construits en bois, et donc ayant naturellement disparu.
L'intérieur de l'église contient plusieurs statues de la Vierge et du Christ, ainsi que les retables du XIVe siècle : Sainte Marthe, de Ramon Destorrents, et de Saint Fructueux, du XVIe siècle, de Peytavi et Verdaguer. Mais si cette église est si connue, c'est pour son antépendium. Il date du XIIe siècle et se trouve, comme il se doit, devant l'autel. D'après son style, l'antépendium d'Iravals a été fait par la maison du maître d'Avia, un peintre roman tardif qui travailla dans plusieurs régions de l'actuelle Catalogne, dont la Cerdagne.
Face à la porte d'entrée se trouve un triptyque représentant des scènes de la vie de sainte Marthe, la sœur de Lazare. Dans un des panneaux de droite, on reconnaît parfaitement le château du roi René à Tarascon. Il est attribué à Ramon Destorrents, célèbre peintre de la cour de Barcelone. Initialement, cette pièce était placée dans l’église de Latour-de-Carol. Le texte ci-dessous est de Marcel Durliat, qui en fait une description précise :
La sainte [Sainte Marthe], qui est vêtue d'un très riche manteau dessinant, dans la chute de ses plis, l'élégante arabesque des galons brodés, se détache à la partie centrale sur un fond poétique d'or et d'étoffes précieuses. Le pinacle supérieur triangulaire, orné de fleurons, contient une crucifixion à deux personnages seulement, sur un fond tout aussi richement orné de rinceaux. La fantaisie narrative trouve l'occasion de se manifester dans les scènes latérales. C'est, à gauche, le repas de Jésus dans la maison de Marthe et de Marie, la première sert le Seigneur avec un regard de réprobation pour Marie agenouillée dans l'attitude de la contemplation. Les personnages trouvant difficilement à se loger dans l'espace restreint, le peintre s'est autorisé à prolonger le dessin de la tête de Jean sur le cadre du pinacle. La scène voisine représente tout à la fois l'arrivée en Provence des deux saintes et de saint Maximin, ainsi que la domestication de la Tarasque.
Sur le compartiment inférieur est peinte la résurrection de Lazare, sans aucun respect pour la chronologie des événements, mais avec le souci très net d'ordonner la scène sur le modèle des funérailles chrétiennes, avec accompagnement du clergé et présence de la croix processionnelle. Le premier panneau de droite est consacré à la résurrection du jeune homme que les eaux du Rhône avaient emporté, non pas suivant la version de la Légende Dorée, où sainte Marthe triomphe elle-même de la mort en invoquant le nom de Jésus, mais en faisant intervenir Jésus personnellement pour sauver le noyé qui se dresse dans le fleuve. La seconde scène de droite correspond à la venue de Madeleine, appelée par Marthe mourante pour rallumer les flambeaux éteints par le vent et chasser les esprits mauvais. L'artiste ne s'est pas davantage astreint à suivre servilement le texte de la Légende Dorée : Madeleine devient une garde-malade compatissante qui approche de la malade une cuillerée de la potion présentée par une servante. La même simplicité, riche de rayonnement spirituel, caractérise le dernier épisode où l'on voit le Christ, accompagné par la cour des anges, accueillir l'âme de la défunte, en présence de Madeleine et de saint Maximin.
Si l’on ne dispose pas de traces d’occupation des sols antérieures à l’ère chrétienne, c’est probablement parce que cette vallée n’était pas véritablement habitée, tout au plus traversée. Quelques rares vestiges nous prouvent que les civilisations successives ont, sinon habité, du moins traversé la vallée du Carol. La trace la plus évidente est la présence de roches gravées, ainsi qu’une inscription en langue ibère, datant probablement du Néolithique. Remarquons que ce lieu ne nous a laissé aucun vestige des époques celte (vers -500), romaine (vers -128) et sarrasine (vers -735).
En réalité, la première mention de ce hameau apparaît à travers l’église romane qui existe encore aujourd’hui. Elle est citée pour la première fois dans l’acte de consécration de la cathédrale d’Urgell, en 839. Cet édifice préroman a ensuite été remplacé par une église romane du XIe siècle, celle-là même qui subsiste actuellement dans le hameau.
Il s’agissait à l’origine d’un antique village protégé par une tour perchée sur un piton rocheux. Cette tour constituait la troisième ligne de défense de la vallée du Carol, après la tour cerdane et le château de Carol. Après sa destruction, ses fondations accueillirent l’église du nouveau village de Latour-de-Carol, celui qui existe aujourd’hui. Mais entre la christianisation de la vallée et l’avènement de Latour-de-Carol, c’était bel et bien Iravals qui était le principal village de la vallée — en termes de population, d’activités industrielles ou agricoles, et même sur le plan militaire.
La très belle église Saint-Fructueux d’Iravals est assez bien conservée extérieurement. Il s’agit d’un édifice à nef unique, voûtée en berceau, et doté d’une abside semi-circulaire. Son clocher-mur comporte deux arcs. Nous avons la chance de la posséder encore dans son état initial : elle n’a été que très peu modifiée depuis sa construction. À l’intérieur, on peut admirer un retable de saint Fructueux datant de 1572, un Christ du XIIe siècle, une Vierge du XIIIe et une chasuble du XVIe.
Iravals, parfois orthographié Yravals, est un hameau de Latour-de-Carol. Il se situe à seulement quelques minutes de Latour-de-Carol, de l'autre côté de la rivière.
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