Prieuré de Marcevol

Un des emblèmes du patrimoine départemental


De quoi s'agit-il ?

Le prieuré de Marcevol est un très bel édifice religieux situé à Arboussols. Il se distingue notamment par la qualité de son architecture, en particulier par les pièces de marbre sculptées qui ornent sa façade.

D'un point de vue général, le prieuré se compose de deux ensembles : l'église et les bâtiments conventuels. Si ces derniers sont plus grands que l'église, les deux partagent un plan rectangulaire proche du carré, les bâtiments conventuels s'encastrant dans l'église. Celle-ci est massive, monobloc, construite dans le style roman caractéristique de son époque. Les bâtiments conventuels, également imposants et élevés, s'organisent autour d'une cour intérieure accessible depuis l'église.


Plan du prieuré de Marcevol

Légende

1 : Eglise du XIIe siècle

2 : Cimetière

3 : Portail

4 : Mur fortifié XIVe siècle

5 : Entrée fortifiée

6 : Cour intérieure

7 : Bâtiment agricole

8 : Dortoir, cuisine

9 : Puits


L'église du prieuré

L'église est un bel édifice rectangulaire, large, long et haut. Elle possède trois nefs qui communiquent entre elles par des arcs légèrement brisés. Le demi-berceau du bas-côté méridional a perdu ses doubleaux lors de la reconstruction. Quant au collatéral septentrional, il a été transformé en une série de chapelles couvertes de berceaux transversaux. La nef méridionale possède une abside en cul-de-four dont la voûte en quart de sphère est encore de nos jours richement décorée. On y voit parfaitement le Christ Pantocrator entouré d'anges et inscrit dans une mandorle. Sa main droite bénit tandis que la gauche tient les Saintes Écritures. De part et d'autre apparaissent deux lettres grecques, l'alpha et l'oméga. C'est un raccourci d'un verset de l'Apocalypse : "Je suis l'Alpha et l'Oméga, le commencement et la fin, celui qui est, qui était, et qui vient, le Tout-Puissant". Cette représentation est rare et donc d'autant plus précieuse, mais il faut bien imaginer qu'autrefois toute la voûte était décorée, comme c'était le cas dans la plupart des églises romanes de la région.

Sur le parement très soigné de la façade occidentale, le portail de marbre se remarque par l'éclat de sa polychromie. Le marbre utilisé provient des carrières de Villefranche, qui fournissent un marbre rose, mais deux autres types de marbre ont également été employés : du marbre bleu et du marbre blanc. La composition s'articule autour d'une archivolte divisée en plusieurs voussures soulignées d'un bandeau en dents d'engrenage. Les linteaux et le tympan sont fendus. La fenêtre, également en marbre, rehausse la beauté du portail. Les pentures présentent une richesse comparable à celles de Serralongue. La façade, en pierre granitique polie, offre un assemblage harmonieux qui contribue à la beauté de l'ensemble. Elle inclut deux plaques de marbre rose sur lesquelles sont gravées des inscriptions relatives aux tombes de deux prieurs, morts au XIIe siècle.

Le clocher est décalé vers la droite. Il s'agit probablement d'une reconstruction ayant suivi l'effondrement du clocher initial en 1428, lors du tremblement de terre qui secoua toute la région.


Les bâtiments conventuels

Il s'agit des bâtiments jouxtant l'église, organisés autour d'une agréable cour intérieure accessible depuis celle-ci. La présence d'un cloître semble attestée : c'est du moins la principale explication que l'on peut donner à la présence de corbeaux sur le mur sud de l'église ainsi qu'aux fondations du mur-bahut. D'ailleurs, au XVe siècle, un document confirme l'existence de ce cloître lors du renouvellement de l'assujettissement de la population d'Arboussols au nouveau prieur.

Le plan des bâtiments est assez simple. Au nord se trouvait une grande pièce destinée aux travaux agricoles, ainsi que le dortoir et les cuisines. On y trouvait également une entrée, un ancien puits, un four à pain et une citerne aujourd'hui disparus. La partie sud fut construite au XIVe siècle. C'est en effet à cette époque que fut élevé l'épais mur-rempart de la façade ouest prolongeant celle de l'église, mur qui délimitait intérieurement une salle d'accueil des pèlerins, un four et une entrée qui subsiste encore.


Histoire

L’histoire du prieuré de Marcevol commence en 1099, année de la création de l’Ordre du Saint-Sépulcre suite à la conquête de Jérusalem par les Croisés. Le but de cette croisade était de protéger le tombeau du Christ. L’ordre reçut rapidement de nombreuses donations et étendit son influence à travers l’Europe. En 1129, l’évêché d’Elne fit don à l’ordre de l’église de Notre-Dame des Grades, de sa communauté et des dépendances qui y étaient rattachées. Le site fut alors habité par des chanoines réguliers suivant la règle de Saint Augustin — un chanoine étant un moine rattaché à un évêché.

Le prieuré fut fondé au XIIe siècle, entre 1128 et 1142, par les chanoines du Saint-Sépulcre. En 1484, l’ordre fut dissout et ses biens récupérés par la communauté des prêtres de Vinça. La fin du XVe siècle marque donc le déclin de l’importance des chanoines de Marcevol. Durant cette période, le prieuré reçut un retable consacré à la Vierge, installé dans l’abside, et organisa un pèlerinage à la Vierge qui devint populaire, renforcé par la rumeur selon laquelle la mère d’un pape serait enterrée dans l’église paroissiale.

Abandonné à la Révolution, le prieuré fut transformé en ferme. Au fil des deux siècles suivants, les bâtiments se dégradèrent progressivement, jusqu’en 1970, lorsque des bénévoles organisèrent des chantiers de rénovation. Ils se regroupèrent en association, donnant naissance aux "Amis du Monastir de Marcevol", qui restaurèrent le site et l’ouvrirent au public pour des activités artistiques, spirituelles et thérapeutiques. En 2001, l’association devint la "Fondation du prieuré de Marcevol", poursuivant le même objectif d’accueil de groupes et de valorisation du lieu.

Situation et accès

Situé à la limite entre le bas-Conflent et le Fenouillèdes, officiellement sur la commune d'Arboussols, le prieuré de Marcevol est l'une des fondations de chanoines du Saint-Sépulcre. Pour rappel, un chanoine est un moine attaché à un évêché.

Le prieuré se trouve au hameau de Marcevol, qui est à peu près à la même altitude qu'Arboussols (560m), un peu plus à l'Est, dans le vallon suivant. Le site est caractérisé par les montagnes : le pic du Canigou au Sud, le pic de Bau à l'Ouest et le roc des Maures au Nord. Une fois sur place, vous ne pouvez pas vous tromper, on ne voit que lui.



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