Serralongue

Joli petit village du haut-Vallespir, Serralongue est aussi un haut-lieu du patrimoine local

Serralongue est un village du Haut-Vallespir, une région froide, très boisée, au cadre de vie agréable et aux traditions fortes. Ici, on est en Catalogne, et ça se sent. Le village lui-même n'est pas très grand, il est situé sur un petit mamelon qui surplombe la route passant juste à côté. Cet endroit est essentiellement cultivé, formant une trouée dans la forêt. À Serralongue, deux rues principales sont bordées de maisons accolées, et quelques routes partent de ce centre pour desservir des maisons un peu plus modernes à proximité. Il existe de nombreux mas dans la région, l'habitat y est assez morcelé.

La vie sociale est à la mesure du nombre d'habitants : réduite. On compte tout de même une dizaine d'associations, essentiellement dans le domaine du patrimoine, ce qui est logique vu le nombre d'éléments patrimoniaux que compte son territoire (voir ci-dessous). Économiquement parlant, il y a aussi quelques entreprises, mais il s'agit surtout d'artisanat dans le domaine de l'agriculture ou de l'agroalimentaire (producteur de miel, fromagerie, etc.) ainsi que du bâtiment (sociétés de maçonnerie et d'ébénisterie). Il y a quand même d'autres entreprises à Serralongue, mais principalement dans l'artisanat, et deux commerces : un bar-restaurant pratiquant d'autres activités, comme le dépôt de pain ou la vente de bouteilles de gaz, et un poissonnier. (Oui, vous avez bien lu, le poisson est tout frais, arrivé de Port-Vendres !)

Le tourisme est assez développé ici. Il s'agit d'un tourisme basé sur la découverte de la région, de son patrimoine et du musée médiéval, un musée qui explique avec des maquettes animées les activités traditionnelles du Haut-Vallespir. On y trouve aussi une reproduction des tours à signaux typiques de la région. Un bien beau musée donc.

Pour conclure, il semble que la vie soit assez tranquille par ici. Serralongue propose aux habitants une vie simple, très agréable surtout en été, quand la température monte haut en plaine.


Patrimoine, curiosités à voir sur place


Serralongue possède un patrimoine riche et varié, très important au vu de la petitesse du village de nos jours. Cela n'est pas si étonnant si l'on considère l'histoire locale, qui est particulièrement significative. Le patrimoine comprend tout d'abord le village lui-même, avec ses maisons anciennes et son arbre de la liberté (1848).

Militairement, c'est bien sûr le château de Cabrenc qui domine le site. Lieu de vie des seigneurs de Serralongue, ce château fut construit vers 1086. À l'origine, il s'agissait d'une simple fortification située au sommet d'un pic rocheux dominant le village. Il fut étendu au XIe siècle par un donjon sur le deuxième pic tout proche, puis au XIVe siècle par une enceinte et une tour à signaux. Cette tour était en relation avec le château de Corsavy, la tour de Mir (Prats-de-Mollo), la tour de Cos (Sainte-Cécile-de-Cos) et la tour de Batère (Corsavy). Ainsi, il était facile de communiquer vers la vallée de la Têt ou du Tech, malgré le site très retiré.

Le dispositif complet formait à l'époque un ensemble redoutable, la forteresse étant très haut perchée et en total surplomb de la vallée du Vallespir.

Mais Serralongue possède aussi plusieurs édifices religieux remarquables, à commencer par le curieux Conjurador, dont la fonction était d'éloigner les orages des récoltes. Il y a également l'église paroissiale Sainte-Marie, d'origine romane (1018), classée aux Monuments Historiques. Elle se compose d'une nef unique voûtée en berceau brisé et terminée par une abside semi-circulaire. Son portail est particulièrement réussi : il comporte cinq voussures et est orné de très belles pentures du XIIIe siècle. L'artisan a d'ailleurs gravé son nom au burin sur le verrou : Bernardus Faber Velim me Fecit. Intérieurement, elle contient le retable du maître-autel (1713), deux statues de saints (XVIIIe siècle), une cuve baptismale romane, deux sarcophages (1269 et 1312), plusieurs dalles funéraires (1589, 1748, 1766), une roue à clochettes, ce qui est assez rare de nos jours, une croix processionnelle du XVIIe siècle, une autre du XVIIIe siècle, et un ostensoir de 1745.

Le territoire de Serralongue possède également trois chapelles isolées. La première est consacrée à Saint Antoine de Padoue. Construite en 1750, elle contient un retable du XVIIIe siècle. La seconde est la chapelle castrale du château de Cabrenc (XIIe siècle, aujourd'hui en ruine). La troisième est consacrée à Saint Michel de Faig et date de 1746.


La tour de Cabrenc

La tour de Cabrenc

La tour de Cabrenc

Le château de Cabrenc est situé sur un pic rocheux au-dessus du village, à environ deux heures de marche. Il fut construit durant les XIIe et XIIIe siècles et est classé monument historique.

En réalité, on l'appelle « Tour », mais c'est une véritable forteresse composée de trois éléments défensifs : la tour de surveillance, la tour médiane et le château proprement dit. De nos jours, ce château est partiellement détruit, mais ses vestiges ont été parfaitement restaurés.

En savoir plus sur le château de Cabrenc.


Conjurador

Le Conjurador

Le Conjurador

Un conjurador est un bâtiment carré de petite taille, un peu comme une tour, avec de grandes ouvertures sur chacun des côtés. C'est un édifice typiquement catalan que l'on trouvait dans la plupart des villages. Malheureusement, ils ont quasiment tous disparu : seul celui de Serralongue est encore debout. C'est le dernier exemplaire du Roussillon et, paraît-il, de toute la Catalogne.

En savoir plus sur le Conjurador.


Le hameau de Galdarès

Le hameau de Galdarès

Le hameau de Galdarès

Galdarès est un très petit hameau de quelques maisons, situé sur la route de Serralongue, au bord de la rivière. On y trouve une scierie. C'est un endroit très calme avec un voisinage cordial, mais peu de maisons sont habitées à l'année.

Il n'y a pas beaucoup d'activités à Galdarès, si ce n'est de belles balades dans les environs.

En savoir plus sur le hameau de Galdarès.


Histoire

Le passé de Serralongue est très ancien. Probablement habité dès le Néolithique — sans que l’on en ait la preuve —, le site accueillait déjà, vers 900 av. J.-C., un habitat celte. Une nécropole a été découverte au sud du village, au lieu-dit « El camp de les olles », sous la forme d’un champ d’urnes. Par la suite, les Romains annexèrent le Roussillon (-121), eux-mêmes débordés par les Vandales (408), puis par les Wisigoths (412). Ces derniers, intégrés au royaume wisigoth de Toulouse, prospérèrent jusqu’en 720, année de l’invasion sarrasine qui fit fuir les habitants. Le Vallespir fut alors presque entièrement désertifié jusqu’à la reconquête des territoires par Charlemagne en 811, marquant le début de l’ère carolingienne en Roussillon.

Fidèle à son habitude, Charlemagne découpa son territoire en de multiples comtés, le Vallespir étant rattaché à celui de Besalú. Alors complètement désertée, cette vallée fut progressivement reconquise par des pionniers qui y implantèrent les premières fermes et développèrent la région. L’église du village fut construite en 1018 et consacrée l’année suivante par Bérenger III, évêque d’Elne. Cet événement marqua le point de départ du village de Serralongue, les habitants venant s’installer autour de l’église.

La seigneurie de Serralongue apparaît au XIe siècle sous le nom de seigneurie de Cabrenc, en référence aux chèvres, l’un des rares animaux capables de grimper jusqu’au château perché sur la montagne (véritable « chemin de chèvres »). Elle exerça un grand pouvoir sur le haut Vallespir. Son territoire englobait notamment Lamanère et Coustouges.

Le premier seigneur de Cabrenc fut un certain Oriol de Cortsavi, patriarche de la dynastie de Serralongue, qui régna sur Cabrenc jusqu’en 1313.

À partir de 1313 et jusqu’en 1644, la seigneurie passa à la famille de Rocaberti (dix générations successives), puis, jusqu’en 1792 — date de la création des communes par l’État français —, elle appartint à la famille Ros. En 1792, Abden Senen de Ros, baron de Cabrenc, quitta la France pour s’installer en Espagne ; il fut le dernier seigneur de Cabrenc. Il convient de préciser qu’à une certaine époque, Cabrenc avait été élevé au rang de baronnie.

Un saut temporel nous mène en 1848, année de grands remous en France. Les républicains s’opposent à la bourgeoisie et de nombreux heurts éclatent un peu partout. C’est également en 1848 que paraît le premier numéro d’un quotidien se voulant libre et républicain : L’Indépendant des Pyrénées-Orientales. Dans cet élan, les habitants de Serralongue posent un geste symbolique qui perdure encore aujourd’hui : ils plantent un micocoulier sur la place de la Liberté. Ce symbole a rempli son office, puisqu’il est toujours vivant de nos jours.

Signalons pour conclure que Serralongue a vu naître Pierre Talrich (1810-1880), poète, auteur de Recorts del Rosselló, et par ailleurs propriétaire du Conjurador à son époque.



Informations techniques

Nom Serralongue Nom catalan Serrallonga Code commune 66194
Canton Le Canigou Arrondissement Céret EPCI CC du Haut Vallespir
Région Vallespir Altitude 1407 m Coord. GPS 42.397792 Est / 2.555669 Nord
Superficie 23 km2 Population 235 h. Code postal 66230
Gentillé Serralonguais, Serralonguaises

Population

Années Feux Habitants
1370 50
1732 88
1793 1402
1806 641
1851 900
1901 750
1954 391
1968 244
1975 1206

Etymologie

Le nom vient de "Serra-Llonga", signifiant "la longue montagne". Il fait référence au "Serrat", ces collines allongées typiques de la région.



Situation et accès

Serralongue est un village situé dans le Vallespir, à l'extrême sud du département des Pyrénées-Orientales. Pour s'y rendre depuis Perpignan, empruntez la route en direction du Boulou, puis bifurquez vers Amélie-les-Bains. Une fois dans la vallée du Tech, la route menant à Serralongue sera indiquée sur votre gauche.



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Drapeau catalan Les Pyrénées-Orientales

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