Histoire
Llar fait partie des toutes premières possessions de l’abbaye Saint-Michel de Cuxa, dès l’époque où celle-ci était encore établie à Exalada. Un acte daté de 846 atteste déjà de la possession, au IXe siècle, de l’église Saint-André de Llar. Deux autres chartes, datées de 952 et 1012, attribuent à Saint-Michel la "villa de Llar", avec son église, ses dîmes et prémices, ainsi que l’alleu de tout son territoire et de ses dépendances.
L’abbaye conserva cette possession jusqu’au XVe siècle. Le 8 juillet 1482, dans l’enceinte même de l’abbaye, l’abbé Pierre céda à Jean Sirach le lieu et le château de Llar, avec tous leurs revenus et dépendances : champs, vignes, prés, pâturages, forêts, garrigues, eaux, droits d’usage, dîmes, censives, tasques, acaptes, llouismes, tiers, foriscapis, hommes et femmes, droits d’entrée et de sortie, ainsi que tous droits réels et personnels sur ce territoire. En échange, Jean Sirach remit à l’abbé le château de Bolvir, la viguerie et la baylie associées, qu’il détenait déjà sous la suzeraineté abbatiale. Il reçut en outre 140 livres. Issu d’une famille bourgeoise de Villefranche qui possédait déjà, au XIIIe siècle, une partie des dîmes de Porcinyans, Jean Sirach est à l’origine de la famille seigneuriale de Llar.
Le 16 septembre 1599, le capbreu du village fut refait. Il y est mentionné que le seigneur de Llar ne possédait qu’une tour ou un petit château, mais détenait les droits de haute et basse justice sur le lieu, ainsi que le droit d’installer un battle (battage public) à Thuès et à Llar.
Le XVIIe siècle fut marqué par un événement tragique pour la seigneurie. En 1674, Carles Cassany-Gall i Teixidor, cinquième seigneur de Llar, prit part à la conjuration de Villefranche, aux côtés de son fils aîné. Tous deux furent arrêtés, condamnés à mort et Carles fut exécuté par le garrot à Perpignan. La maison de Llar perdit alors tous ses biens, confisqués et attribués d’abord à la veuve du comte de Las Illas, puis à la famille de Montferrer, qui poursuivit la lignée seigneuriale.
À la fin du XVIIIe siècle, le village comptait environ 60 habitants. Par la suite, l’isolement du site entraîna un lent déclin démographique. Symbole de cet isolement : Llar ne fut électrifié qu’au cours des années 1950.