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Camps Joffre




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Situation et accès

Le camp Joffre est un vaste ensemble militaire de plus de 600 hectares à cheval sur les communes de Rivesaltes et de Salses. Il fut construit en 1938 dans le but d'en faire un camp d'instruction. L'emplacement fut choisi avec soin. La plaine du Roussillon est proche des Corbières. Une ligne de chemin de fer passe à proximité, il se trouve à côté d'un voie de communication (la nationale), puis plus tard de l'autoroute, et il est près de la mer.

De nos jours pour s'y rendre, il suffit de se rendre au mémorial du camp, donc de suivre, à partir du rond-point de l'entrée d'autoroute Perpignan-Nord, les panneaux routiers, ils y amènent directement. Sinon, allez de Rivesaltes à Opoul, la route passe devant.


Coordonnées GPS : 42.8009093800 N, 2.8850926440 E.


De quoi s'agit-il ?

Le camp Joffre est, de nos jours, pas spécialement intéressant à voir. Par contre, à découvrir, il l'est beaucoup plus. Ceci signifie que c'est un lieu avant tout chargé d'histoire(s), un lieu que l'état actuel des baraques ne laisse que peu voir ce qu'était la vie ici durant les années si difficile. Plus qu'une simple description du lieu, c'est son histoire, indiquée ci-dessous, qui vous parlera de ce qu'est le camp Joffre.

Toutefois pour en donner une description, le camp est un vaste ensemble de terres arides et en friche, sur lesquels ont été construits plusieurs îlots regroupant des baraques et leurs équipements de vie nécessaires à l'internement de prisonniers. Le mot prisonnier n'est pas forcément celui qui convient car ça dépend des époques, mais l'idée est là, les personnes qui sont passées par ce camps étaient en rétention, quels qu'aient été leurs statuts. Les îlots étaient identifiés par des lettres. L'îlot J est spécial : Il a été acheté par le Conseil Général des Pyrénées-Orientales pour y construire le musée à la mémoire des internés du camps Joffre. Sinon le camps est aussi, et surtout, un camps militaire. Il dispose des infrastructures compatibles avec cette activités, le plus évident était l'immense bâtiment massif, à l'angle Nord-Ouest : C'est un stand de tir. Sinon il y a quelques bâtiments administratifs et un parcours du combattant, mais celui-ci est relativement en ruine, il faut bien le dire.

En tant que zone militaire l'accès au camps est strictement interdit, et ne vous amusez pas à y aller : Dans un camp militaire, on a vite fait de se retrouver face à un char, ou d'un garde armé qui a reçu des consignes de fermeté peu en accord avec la curiosité de découverte du site. Mais en pratique on voit bien, en s'approchant, les vestiges des baraques. Bâtiments longs et uniformes, ils regroupaient de nombreuses familles installées dans des conditions spartiates, pour pas dire hygiéniquement douteux en fonction des époques (voire même complètement insalubre, disons-le). Il reste sur place de nombreuses colonnes soutenant les portails d'autrefois, le grillage qui isole les îlots, certains miradors sont encore debout et le sol est jonché de pièces métalliques dont l'utilité ne nous est plus connus de nos jours, mais devait être en lien avec les taches de surveillance des internés.



Histoire

1938 n'est pas une année anodine. Cela fait déjà 2 ans que la guerre civile fait rage en Espagne. Les partisans du dictateur Franco repousse les républicains de plus en plus loin. Le 26 janvier 1939 Barcelone est pris, les anti-nationalistes se voient obligés de quitter en toute hâte le pays. C'est ce que l'on a appelé "Retirada" (Retraite, en espagnol). Voyant le flux impressionnant de migrants à ses frontières, l'Etat français prend la décision de placer une partie de ces espagnols sous bonne garde dans le camp, formant ainsi le premier évènement de rétention du camp Joffre. Une décision gouvernementale avait ouvert la possibilité de le faire l'année précédente, c'est en effet le 12 novembre 1938 qu'avait été signé un décret permettant "l'internement des étrangers indésirables"

Certains s'engagent auprès de leur pays d'accueil aux côtés de personnes ayant d'autres nationalités : sénégalais, indochinois. C'est là l'origine des "compagnies de travailleurs étrangers".

Presque en parallèle, en 1939, commence la seconde guerre mondiale. A cette époque le camp se compose de 16 ilots désignés par une lettre de l'alphabet. Seuls 9 sont complètement aménagés. Le camp sert de lieu de transit pour les militaires du département en attente d'affectation. Suite à la défaite de l'armée française, il passe sous la direction du gouvernement de Vichy. Le 14 janvier 1941 il est officiellement inauguré sous l'appellation de "Centre d'hébergement de Rivesaltes". Peu à peu le lieu devient un centre de regroupement familial : Tziganes, espagnols fuyant Franco et juifs sont internés dans les baraquements. La capacité du camp est de 18000 personnes. Il s'avère rapidement qu'en pratique les familles sont séparées. Les conditions de vie se dégradent avec l'afflux massif de toujours plus de personnes. Afin de maintenir une vie acceptable, des associations caritatives obtiennent l'autorisation de s'occuper des internés.

C'est durant cette période que vont s'évertuer une petit groupe de femmes à faire sortir de ce camp des femmes enceintes pour les faire accoucher à la maternité d'Elne. Cet établissement sera un véritable havre de paix pour les internés, d'autant plus qu'ils étaient souvent mis en contact avec des résistants.

Mais les heures du camp Joffre s'assombrirent encore en août 1942. Devant l'insistance des allemands les îlots K et F sont transformés en centre de triage et de transit des juifs. Cette partie du camp devient officiellement le "Centre National de Rassemblement des Israélites". Certains juifs auront pour destination Drancy, les autres eurent plus de chance. Au total près de 20000 personnes passèrent par ces deux îlots. En novembre de la même année les allemands envahissent la zone Sud, le camp redevient un lieu purement militaire.

Repris par le ministère de la défense à la fin de la guerre, il deviendra un "Centre de séjour surveillé de Rivesaltes", puis le "Dépôt N°162 de prisonniers de guerre de l'Axe". En 1948 le camp retrouve sa vocation militaire jusqu'en 1963, année qui fait suite aux accords d'Evian marquant la fin de la guerre d'Algérie. Les harkis, ces soldats algériens ayant choisi la France seront rapatriés comme les français, mais pour certains l'arrivée sur le sol national fut douloureux. Des milliers de harkis furent eux aussi internés sur le camp Joffre dans l'attente d'une solution d'hébergement, et d'un point de vue plus général, d'une solution pour leur permettre de vivre en France. Les derniers harkis ont quitté le camp en 1970.

Le camp Joffre fut ensuite confié au 24e RiMA de Perpignan (Régiment d'Infanterie de Marine). Depuis le départ de ce régiment le camp Joffre est grandement laissé à l'abandon. Certaines installations sont toujours utilisées par les militaires de la région, bien que rares. C'est le cas du champ de tir par exemple. Mais la plupart des anciens ilôts ayant servis à l'accueil des juifs, tziganes, harkis, prisonniers allemands et autres républicains espagnols sont en grande partie détruits. Il n'en reste que des vestiges qui se détériore rapidement, pans de murs, toits effondrés, dalles fissurées.

A la place de l'ilôt F se dresse à présent le Mémorial de Rivesaltes.


Les gardiens du camp : Un point de vue différent

Suite à la lecture de ce texte, Bernard, un internaute, m'a envoyé son avis concernant la situation des gardiens du camp par rapport aux conditions de vie des harkis internés. Il amène un éclairage sur une situation méconnue.

Bonjour,

     J'ai effectué mon service militaire au camp Joffre de Septembre 62 à Septembre 63 et je ne peux laisser dire que les harkis étaient internés au camp. Au départ, nous étions 32 pauvres appelés pour encadrer les milliers de harkis comme vous dites. Si, eux, couchaient sur des lits, nous n'avions que le sol pour matelas, ni table, ni armoire pour mettre le peu d'affaires que nous possédions. Nous avions eu une formation pédagogique, soit à Issoire, soit à Fontenay le Comte pour donner un minimum de formation à ces Harkis avant d'être intégrés à la vie de la métropole. Mais avant, il nous a fallu remettre en état le camp qui a servi de centre de formation, c'est à dire les salles de classes, ateliers etc. et les Harkis étaient dispensés de tous travaux étant les hôtes de la France. Je tenais à apporter ces quelques précisions.


Honneurs et Commémorations

Récemment quatre stèles ont été inaugurées pour commémorer les heures sombres de l'histoire du camp Joffre. La première est dédiée aux juifs internés à Rivesaltes, et plus précisément à ceux qui en sont morts, qu'ils aient été déporté ou qu'ils soient morts sur place. Le texte est le suivant :

Des milliers de juifs étrangers qui s'étaient réfugiés en France furent arrêtés et internés en 1940 dans le Camp de Rivesaltes, en zone libre. D'août à octobre 1942, plus de 2250 d'entre eux, dont 110 enfants, furent livrés aux nazis en zone occupée par l'autorité de fait, dite "Gouvernement de l'Etat Français". Déportés dans le camp d'extermination d'Auschwitz, presque tous y furent assassinés parce qu'ils étaient nés juifs. N'oublions jamais ces victimes de la haine raciale et xénophobe.

     Zakhor

     Les fils et filles des déportés juifs de France, le 16 janvier 1994

     - Première commémoration officielle au Camp Joffre de Rivesaltes

Cette stèle fut profanée en 2002. Elle fut remise en état et deux autres l'accompagne depuis ce jour. La première indique ceci :

     Cette nouvelle stèle en hommage aux victimes de la Shoah dans les Pyrénées-Orientales a été inaugurée le Dimanche 22 juin 2003 suite à sa profanation une nuit d'octobre 2002.

     Sous la présidence de Christian Bourquin, Président du Conseil Général des Pyrénées-Orientales.

     Sous l'égide de Me Serge Klarsfled, Président national des fils et filles des déportés juifs de France, membre du bureau exécutif du Conseil représentatif des institutions juives de France, Président des lieux de mémoire pour la fondation de la mémoire de la Shoah.

     Avec le concours de Philippe Benguigui, délégué régional des fils et filles des déportés juifs de France, Président de l'association Zokhor pour la mémoire.

Et la seconde :

     Lors de cette journée de recueillement le 22 juin 2003 le Président du Conseil Général a soutenu rendre officiellement hommage à toutes les victimes de la barbarie nazie en confirmant la création du futur Mémorial-Historial du Camp de Rivesaltes sur l'emplacement même de cette tragédie.

La seconde stèle est dédiée aux républicains espagnols

     In Memoriam

     Ici ont été internés, des enfants, des femmes, des hommes civils et militaires, lors de "la retirada" espagnole de février 1939.

     L'AACVGRE

     "Vivez, la vie continue, les morts meurent et les ombres passent, emporte qui laisse et vit qui a vécu...". Antonio Machado, poète républicain espagnol (1875-1939)

La troisième, elle est consacrée à la mémoire des harkis internés à Rivesaltes.

     Honneur aux harkis

     25 septembre 2001

     Journée d'hommage national aux harkis

     La République Française témoigne sa reconnaissance envers les rapatriés anciens membres des formations supplétives et assimilés ou victimes de la captivité en Algérie pour les sacrifices qu'ils ont consentis.

     Loi du 11 juin 1994, art. 1er

     La stèle rendant hommage aux harkis »

Elle est accompagnée d'une plaque plus modeste dont le texte est le suivant.

     Stèle commémorative à la mémoire des soldats réguliers et supplétifs issus de l'armée d'Afrique

     En hommage à la communauté harkie qui, fidèle au drapeau et aux valeurs de la République s'honore de tous ses combattants morts pour la France au cours des différents conflits qu'elle a connus.

     En souvenir de ceux qui de 1962 à 1972 ont vécu en ce camp et qui par loyalisme ont consenti tant de sacrifices.

     Rivesaltes, le 2 décembre 1995.

Enfin la quatrième stèle est en mémoire des tziganes.

     Toi qui ne connais ni frontières ni chaines,

     Toi dont la liberté coule dans les veines,

     La folie des hommes... La folie hitlérienne

     Ici t'ont enfermé aux portes de la haine.

     Toi qui passes, prie, que cela jamais ne revienne.

     Dis-le... Crie-le au monde, afin qu'il s'en souvienne.

Ce texte est suivi de 2 larmes découpées dans le métal suivies de ces mots : "Ces larmes d'acier sont des larmes de sang. Souffrance des Tsiganes, Roms et Gitans." (14 janvier 2009)




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