Fort de Bellegarde

Un fort dominant le col du Perthus

Fièrement dressé au sommet surplombant Le Perthus, ce fort, issu du génie militaire du XVIIe siècle, a été construit sur les vestiges de fortifications antérieures. Il faut dire que le lieu constitue un verrou naturel pour le passage des Pyrénées !

Fièrement dressé au sommet surplombant Le Perthus, ce fort, issu du génie militaire du XVIIe siècle, a été construit sur les vestiges de fortifications antérieures. Il faut dire que le lieu constitue un verrou naturel pour le passage des Pyrénées !


De quoi s'agit-il ?

Le fort de Bellegarde est une impressionnante fortification du XVIIe siècle, située sur les hauteurs du Perthus, au col du même nom. Cet étroit passage, permettant de franchir facilement les Pyrénées, a toujours été convoité. La présence, quasiment au même endroit, des constructions antiques de Panissars et du trophée de Pompée montre que le col du Perthus était déjà stratégique à l’époque romaine.

Lorsque le renforcement de la frontière devint nécessaire au XVIIe siècle, c’est naturellement à cet emplacement que fut construite la forteresse, s’appuyant sur les restes d’une structure plus ancienne. Le fort de Bellegarde est un bel ensemble de style Vauban, présentant des similitudes avec le fort Lagarde à Arles-sur-Tech, la citadelle de Mont-Louis ou encore le château de Salses, bien que, dans ce dernier cas, la similitude soit plus éloignée.

Le fort a une forme pentagonale, entouré d’un glacis d’environ 1 km. Cinq bastions protègent l’enceinte principale, tous en communication les uns avec les autres. Derrière le rempart, un second mur intérieur renforce la défense du cœur de la forteresse. On distingue ainsi trois niveaux de protection : les bastions, les remparts, puis le mur intérieur. Le cœur du fort abritait les bâtiments de la garnison, pouvant accueillir jusqu’à 600 hommes, une chapelle, un hôpital, une boulangerie avec son moulin, et divers autres services.

La construction est principalement en pierres liées par du mortier, mais de nombreuses parties sont en briques, matériau absorbant mieux les chocs des boulets de canon et limitant les éclats par rapport à la pierre.

Plan du fort de Bellegarde

La chapelle était assez vaste (11,20 m de large pour 12,50 m de haut). Elle fut scindée en deux niveaux au XIXe siècle, réduisant sa hauteur perçue. Les magasins à poudre, enterrés dans de petits bastions indépendants et bien ventilés, témoignent d’une conception militaire soignée. La seule entrée du fort, la « Porte de France », est protégée par un fortin en demi-lune. Le puits du fort est impressionnant : d’un diamètre de 6 mètres et d’une profondeur de 62 mètres, il fut creusé en 1698 et permettait de subvenir aux besoins en eau lors d’un siège prolongé. Le fort étant bâti au sommet d’une colline élevée, il a fallu creuser profondément pour atteindre la nappe phréatique.

De nos jours, le fort de Bellegarde se visite, mais pas toute l’année.


Histoire

L’histoire de Bellegarde remonte à l’époque du royaume de Majorque. En 1285, alors que ce royaume n’existait que depuis moins de dix ans, Pierre III d’Aragon représentait une menace sérieuse pour le jeune roi Jacques II de Majorque. Pour se défendre, ce dernier fit bâtir une tour de surveillance au-dessus du Perthus, conçue pour être autonome. Haute de 20 mètres, avec des murs de 1,50 mètre d’épaisseur, elle était solide mais insuffisamment défensive pour répondre aux exigences militaires de l’époque.

Au XIVe siècle, après la reconquête de la région par le roi d’Aragon, la tour perdit son importance stratégique. Elle fut alors utilisée par le seigneur local pour percevoir un droit de douane sur les voyageurs. Ce n’est qu’à la signature du traité des Pyrénées en 1659, qui fixa la frontière entre la France et l’Espagne au col des Panissars, que le site retrouva une vocation militaire. En 1667, les Français repoussèrent une attaque espagnole et l’intendant royal des fortifications du Roussillon fit ériger plusieurs redoutes pour renforcer la défense du secteur.

La transformation majeure eut lieu en 1668, sous l’impulsion de Vauban, qui décida de remplacer l’ancienne tour par une citadelle. Les travaux étaient encore en cours en 1674 lorsque les troupes espagnoles s’emparèrent du fort et envisagèrent à leur tour des modifications. Mais en 1675, les Français reprirent Bellegarde, mettant fin aux projets espagnols.

Le fort connut une nouvelle période de gloire durant la guerre du Roussillon. En 1793, les troupes espagnoles du général Ricardos envahirent la région. Après avoir occupé Prats-de-Mollo le 25 mai, puis le fort Lagarde le 5 juin, elles descendirent la vallée et prirent Bellegarde le 25 juin. Le fort resta aux mains des Espagnols jusqu’au 7 septembre 1794, date à laquelle il fut repris après un siège de quatre jours par les troupes du général Dugommier.

Dugommier, figure emblématique de la Révolution, mourut quelques mois plus tard, le 17 novembre 1794, à Figuères. Son corps fut d’abord accueilli au fort de Bellegarde avant d’être transféré. Un monument fut érigé sur place en son honneur. Par la suite, le fort perdit progressivement son rôle stratégique, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.

En 1939, à la fin de la guerre civile espagnole, des milliers de républicains espagnols fuirent l’avancée des troupes franquistes et se réfugièrent en France lors de la Retirada. Les autorités françaises, méfiantes vis-à-vis de Franco, décidèrent d’interner ces réfugiés. Les premiers camps apparurent à Prats-de-Mollo et sur les plages d’Argelès-sur-Mer, avant que le camp militaire Joffre ne prenne le relais. En janvier et février 1939, le fort de Bellegarde fut temporairement utilisé comme camp d’internement, hébergeant des réfugiés espagnols dans des conditions précaires.

Situation et accès

Le fort de Bellegarde se trouve sur une colline au-dessus du Perthus, dernière ville avant l'Espagne. Le Perthus est une ville transfrontalière des Albères. On peut accéder au fort sans problème en véhicule : une route part de la ville et grimpe jusqu'à ses pieds.



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