Le liège est issu de l'écorce des chênes-lièges, un arbre de type méditerranéen qui abonde dans le département des Pyrénées-Orientales. On le trouve plus particulièrement dans les Albères et les Aspres, le qui fait de ces deux régions des zones de production importante. A c'est plus particulièrement de Sorède au Boulou que se trouvent historiquement les principales activités liées au liège.
La récolte du liège
La récolte du liège est difficile, elle demande dextérité et précision. C'est tout un métier, celui de "leveur". Ce dernier sait quand lever l'écorce du chêne-liège, exactement lorsque l'arbre fait une sève montante, ce qui irrigue ses tissus. Ainsi l'écorce se détache plus facilement, ce qui évite d'abimer d'une part la couche superficielle, d'autre part le liège lui-même. Abimer la couche superficielle revient à compromettre la récolte suivante, abimer l'écorce actuelle réduit la qualité du liège.
Pour travailler, le leveur dispose d'une petite hache, étroite et tranchante dont le manche se termine comme un coin. Il pratique d'abord une incision circulaire autour du tronc, en haut et en bas. Puis d'autres, verticales, entre les deux, pour former des plaques incurvées de liège. Puis, le leveur passe la hache entre le tronc et l'écorce et force jusqu'à détacher la première plaque, la plus difficile à extraire. Les autres plaques sont, du coup, plus simples à enlever. Mais on ne peut pas enlever l'écorce chaque année, l'arbre met un certain nombre d'années avant de recréer son écorce exploitable. Dans la région, il faut 12 à 13 ans. En comparaison, au Portugal, autre pays exportateur de liège, les subéraies sont des sources économiques importantes, les arbres ont été planté sur un sol plus riche, et ils peuvent faire des récoltes tous les 7/8 ans seulement.
Les arbres doivent avoir, dans le Roussillon, au moins 50 ans avant de pouvoir être exploités. La première écorce n'est même pas bonne à être utilisé, c'est ce qu'on appelle l'écorce "mâle", qui doit être supprimée par l'opération de "démasclage". 10 à 15 ans plus tard, une seconde écorce, dite "femelle", repousse. C'est celle-là que l'on peut récolter, elle est dite "bouchonnable", c'est à dire transformable en bouchons.
Le traitement
A l'issu de l'écorçage les leveurs fournissent aux transformateurs les plaques de liège, incurvées. Ces plaques doivent sécher 1 an à l'air libre, ce qui va lui supprimer la sève restante dans les tissus et les tanins. Ensuite, en fait subir aux plaques le "bouillage", un bain bouillant qui les désinfectent, les assouplissent et rectifient leurs courbures. Elles passent ensuite quelques autres semaines à l'air libre, puis elles sont "tubées", une opération qui consiste à tailler à l'emporte-pièce dans la largeur de la plaque les fameux bouchons bruts.
Les fabricants de bouchons vont ensuite les traiter de façon à les transformer en bouchons prêts à être utilisés par les vignerons principalement.
Histoire de l'activité locale
Historiquement, l'utilisation du liège dans le principe de bouchage est attesté depuis plus de 2000 ans. Dans la Méditerranée, des amphores romaines ainsi fermées ont été extraites de l'eau, par exemple à Port-Vendres) Mais la création des bouchons, une activité importante principalement située autour du Boulou, semble date du XVIIe siècle. Il semble par ailleurs que la Catalogne ait été le berceau de cette création, utilisé partout dans le monde depuis. La légende raconte que c'est Dom Pérignon, en visite dans les abbayes catalanes, qui auraient adopté le bouchon de liège pour fermer ses bouteilles. Il faut dire que pour ce moine itinérant, la mise en bouteille du champagne qu'il venait d'inventer était un casse-tête quasi insoluble, le champagne étant sous pression, rien ne permettait de les boucher correctement. Le bouchon de liège s'est ainsi popularisé, au point de conquérir le marché des vins tranquilles par la suite.
La plus ancienne fabrique de bouchons connue semble être à Tossa de Mar (Costa Brava), elle apparaît dans les textes en 1739. Au Boulou, l'entreprise Sabaté, créée par Modeste Sabaté en 1939, est devenu le 2e producteur mondial de bouchons.
Notons enfin que le mot "liège" est formé sur le mot latin "suber", qui a donné suberaie. En catalan, on dit "suro", venant de "levis", léger en latin. D'où le nom de Sorède.