Histoire
Le village de Fenouillet, initialement appelé Fonolet, a un passé glorieux. Durant le règne des rois d’Aragon, du Xe au XIVe siècle, il était le siège d’une vicomté dépendant alternativement des comtes de Toulouse et des rois d’Aragon. Le siège de la vicomté se trouvait au château Saint-Pierre, central dans la vallée. Il était protégé au sud par le château de Sabarda, érigé sur un pic rocheux, et au nord par Castel-Fizel, aujourd’hui sur le territoire de Caudiès-de-Fenouillèdes.
La seigneurie de Fenouillet était dirigée par une famille vicomtale dont on a une première trace en 904, date de la première mention du village dans un document écrit. À cette époque, le Fenouillèdes dépendait du comté de Besalú. Le château de Fenouillet est légué en 1020 par le comte à son fils, de même que l’ensemble du Fenouillèdes.
En 1074, les comtes du Roussillon et d’Empúries se mettent d’accord sur un projet de convention. Le château de Fenouillet est remis en gage auprès du comte d’Empúries pour garantir le respect des clauses de cette convention, qui sera finalement signée en 1085. On retrouve une trace du château en 1086, dans une donation faite par le comte de Besalú à un certain Bernard Torronis. Un épisode de l’histoire du Fenouillèdes se joue alors : le comte de Cerdagne de l’époque, Bernard-Guillem, s’indigne du fait que Guillem-Pierre, vicomte du Fenouillèdes, puisse hériter du comte Oliba Cabreta. Il dépêche alors des hommes d’armes et envahit les châteaux comtaux de la région. Impuissant, Guillem-Pierre prête serment féodal en 1109 au comte de Cerdagne pour son château de Fenouillet. Quoi qu’il en soit, deux ans plus tard, Bernard-Guillem quitte les places fortes conquises (le document relatant ce fait est une charte d’évacuation), mais en 1112, il prête à son tour serment féodal à Raimond-Bérenger de Barcelone pour le « château de Fenoeid » et d’autres possessions.
Un deuxième événement majeur a lieu en 1193. Le roi Alphonse d’Aragon inféode le château de Fenouillet et ses dépendances à Ramon Roger, comte de Foix et accessoirement son neveu. À la fin du XIIe siècle, le dernier vicomte de Fenouillet, Arnaud, meurt sans héritier mâle. Son épouse, enceinte, donne naissance à une fille, Ava, qui épousera un membre de la famille de Saissac (seigneurie de l’actuelle Aude). Dès lors, c’est son époux qui prend le titre de vicomte de Fenouillet, fondant ainsi une seconde dynastie.
En 1209, un nouveau document nous apprend que Pierre de Fenouillet de Saissac, fils d’Ava, rend hommage à Aymeri de Narbonne pour le château de Fenouillet. C’est le véritable début de cette deuxième dynastie. Or, nous sommes alors au début de l’hérésie cathare. Plus proche des foyers cathares que le reste de la région, le vicomte prend leur parti. En 1245, il décède, laissant à son fils Hugues le titre de vicomte de Fenouillet. Prenant lui aussi position contre les catholiques, il sera dépossédé de ses terres après la bataille de Muret, qui consacra la victoire des croisés.
Ses héritiers tentèrent en vain, pendant un siècle, de récupérer leurs terres, mais obtinrent en échange, au cours du XIIIe siècle, la vicomté de Canet, à laquelle ils ajouteront plus tard celle d’Ille-sur-Têt. Au début du XIVe siècle, Pere de Fenouillet obtient de Gueralda de Finestret le village qu’elle avait pourtant apporté en dot à son mari, Arnau de Corsavy. Pere le conservera jusqu’en 1357, date à laquelle il le transmet à Ramon de Perellos.
Pour sa défense, Fenouillet était protégé par trois châteaux formant un ensemble apte à contrer toute attaque :
Ils auraient été construits après le traité de Corbeil, qui, en 1258, reconnaissait l’annexion de la région à la France.