Histoire
Tura est un village disparu depuis plusieurs siècles déjà.
Il semblerait que la Via Domitia franchissait l’Agly sur un pont construit en face de Rivesaltes, ce qui aurait donné naissance à une station de cette voie. Le lieu ainsi défini se serait transformé en village, avec son château et son église Saint-Martin. Mais cette hypothèse a été remise en cause par le véritable tracé de la voie, qui passait beaucoup plus à l’est.
Les premiers possesseurs de la seigneurie de Tura furent les seigneurs de Peyrepertuse, qui la conservèrent jusqu’en 1150. À cette date, elle passa au monastère Sainte-Marie d’Alet, puis en 1211 à l’abbaye de Fontfroide. L’église est citée en 1237 sous le vocable Ecclesia Sancti Martini (église Saint-Martin). En 1330, l’Agly provoqua de nombreux dégâts dans la région à cause de son débordement. Située à proximité, la paroisse de Tura fut durement touchée. En 1402, un document atteste qu’elle était toujours habitée, puis un autre en 1435 mentionne le rector de Tura (recteur de la paroisse).
À partir du XVe siècle, l’histoire devient plus silencieuse au sujet de cette paroisse, signe de son abandon progressif au profit des villages voisins. Au XVIIe siècle, l’église est signalée comme étant en ruine. En 1629, elle est démantelée et, sur ses vestiges, une nouvelle chapelle est construite pour accueillir un ermite. Il faut dire que le XVIIe siècle correspond à l’avènement des ermites séculiers, des religieux physiquement isolés mais socialement accessibles. Leur tâche consistait à aider la population environnante en prodiguant des conseils que seul un homme détaché des biens matériels pouvait fournir. Cette vision est toutefois un peu idéalisée, certains ermites disposant d’une relative aisance leur permettant de vivre dans un certain confort, mais ce n’était pas la règle générale.
En 1651, les religieux de Fontfroide, qui détenaient la seigneurie depuis 1211, vendirent ce qui restait de Tura à la communauté séculière de Rivesaltes. On retrouve l’ermitage mentionné en 1688 sous le nom de Hermita de Sant Marti de Tura, et il perdura ainsi jusqu’à la Révolution française.
En 1790, la toute nouvelle République voulut faire table rase des anciennes pratiques religieuses. Les biens de l’Église furent déclarés biens nationaux, à l’exception des églises paroissiales. Les ermitages du Roussillon furent supprimés et l’ermite de Tura termina sa vie dans la société civile. Cet ermitage n’eut pas la chance de renaître au XIXe siècle, comme ce fut le cas pour Notre-Dame de Juhègues ou Notre-Dame de la Salut en Salanque, et le bâtiment tomba en ruine au fil des ans. En 1975, il fut restauré par la municipalité de Rivesaltes.