Histoire
Le hameau initial
Vilar Milar ne se distingue pas particulièrement avant le Moyen Âge. En effet, aucun dolmen ni menhir n'a été retrouvé sur son territoire, preuve que nos lointains ancêtres du Néolithique (-2500 à -2200) ne nous ont laissé aucune trace matérielle, pas plus que les civilisations ibéro-ligures ou romaines. Pourtant, nul doute que toutes ces civilisations ont vécu un temps ici. Par la suite, les Wisigoths (412) et les Sarrasins (739) n'ont pas laissé de vestiges non plus, mais dans la région le nombre de vestiges de ces périodes est extrêmement faible. Il est donc normal qu'à Vilar Milar, aucun n'ait été retrouvé.
Il faudra attendre l'arrivée des Carolingiens (811) et la conquête du Roussillon par Charlemagne pour que s'installe le système féodal du haut Moyen Âge et apparaissent ainsi les premiers villages tels que nous les connaissons. Les premières mentions de Vilar Milar datent de 1163 sous le nom de Ecclesia Sanctae Mariae de Villare Milariis. Cependant, d'après son architecture, l'église Sainte Marie de Vilar Milar fut bâtie au XIe siècle, soit un siècle plus tôt. D'origine romane, elle fut construite à cette époque, puis modifiée au XIIe siècle (remplacement de la charpente en bois par une voûte en pierre). Elle est à nef unique et à abside semi-circulaire, et contient des statues du XVIIe siècle représentant Saint Antoine de Padoue, Saint François d'Assise et Sainte Élisabeth.
Extérieurement, l'église de Vilar Milar est particulière : son chevet est décoré d'arcatures aveugles et de lésènes suivant un schéma unique en Roussillon. Par ailleurs, le portail de l'église possède une clef gravée dans la pierre qui sert de clef de voûte.
Au XIVe siècle, Vilar Milar voit sa population décliner, puis disparaître totalement au profit des villages alentours (Ponteilla, Llupia). L'église est elle aussi abandonnée et unie à l'église Saint Jean de Perpignan le 20 septembre 1341, en même temps que Sainte Marie de Château-Roussillon et Notre-Dame de Forques. À cette époque, elle était qualifiée d'"église rurale". Une confirmation de cette union a lieu en 1401.
L'ermitage
Vers la fin du XVIIe siècle, la notion d'ermitages se répand en Roussillon. Alors que jusque-là les ermites étaient considérés comme des solitaires, une sorte d'illuminés, leur nombre s'accroît rapidement. La fonction d'ermite évolue : ils deviennent un élément de la société catalane. Plus accessibles, ils savent prodiguer des conseils et servir de confidents. Cette époque voit fleurir un nombre considérable d'ermitages un peu partout en Roussillon.
Certains étaient installés dans d'anciens monastères ou prieurés, d'autres construits de toute pièce. Mais la plupart étaient d'anciennes églises rurales abandonnées auxquelles on ajoutait des logements pour la vie quotidienne. C'est ainsi qu'apparaît l'ermitage de Vilar Milar, cité en 1688 sous le nom de Hermita de Nostre Senyora de Vilarmilar. L'ermite participait à la quête rituelle dans tous les villages alentours, quête destinée à maintenir la vie spirituelle de la chapelle. Les ermites étaient appréciés, et leur fonction revêtait une grande importance. Chaque 8 septembre, un aplec, fête locale, rassemblait la population des villages voisins autour de son ermite.
La Révolution française et ses lois anti-cléricales bouleversèrent cette organisation. En 1790, une loi interdit la pratique des ermitages, provoquant un tollé en Roussillon, où les habitants tenaient à leurs ermites. Mais la loi fut appliquée, et Vilar Milar ferma ses portes. Il fallut attendre 1863 pour que l'ermitage puisse rouvrir. La cérémonie fut officielle et suivie d'une bénédiction, marquée également par la cession de l'ermitage à la ville de Llupia, qui pouvait désormais nommer les ermites. En 1914, Vilar Milar est rouvert au culte, mais la fonction d'ermite amorce déjà son déclin, confirmé au cours des années suivantes.
Le 5 août 1956, Vilar Milar est cédé à l'association diocésaine de Perpignan par un bail emphytéotique de 99 ans. L'édifice est alors en piteux état : plus de toit, seuls quatre murs et une partie de l'autel subsistent. Cet état n'empêche pas la célébration d'une première messe. La restauration commence dès 1956 sous l'initiative de l'abbé Serradeil, mais elle est longue et difficile, visant surtout à sauvegarder et nettoyer les restes.
À partir de 1987, une association prend le relais et accélère les travaux. Les murs sont relevés, le toit remis en place et le sol cimenté. L'ermitage est progressivement remeublé, avec le retour de la Vierge de Vilar Milar, les statues en bois polychrome de Saint François, Saint Antoine de Padoue, Sainte Anne et la fameuse Capeleta de l'ermitage.