Vilar Milar

Un ermitage isolé dans les vignes qui avait une tout autre aspect autrefois

Vilar Milar, c'est un site historique de la plaine du Roussillon, aujourd'hui c'est une simple chapelle étrangement installée au milieu des vignes, alors que précédemment c'était un ermitage isolé, et avant, probablement un ancien village peu peuplé.

Le paysage hivernal, ici, est assez... original !

Vilar Milar, c'est un site historique de la plaine du Roussillon, aujourd'hui c'est une simple chapelle étrangement installée au milieu des vignes, alors que précédemment c'était un ermitage isolé, et avant, probablement un ancien village peu peuplé.

Le paysage hivernal, ici, est assez... original !

Vilar Milar est un ancien village désormais disparu. De ce village, il nous reste un ermitage que l'on connait sous le même nom. Etrangeté propre à la région de Llupia, on se trouve ici dans un paysage... impressionnant. La ville de Llupia, à la fois toute proche et éloignée, est noyée dans les vignes qui s'étendent à perte de vue. L'homogénéité du paysage n'est brisé que par les quelques champs en jachère qui parsèment les vignes. Le ciel bleu d'été est lumineux, il éclaire les feuilles des vignes dans un tapis épais de verdure qui contraste avec le brun du sol calcaire. Au milieu de ce paysage, une route s'allonge, longue, droite. Au seul virage se dresse Vilar Milar, bâtiments incongrus au milieu des vignes.

Vilar Milar est connu sous la forme d'un ermitage, mais avant cette utilisation au XVIIe siècle, c'était une église, l'église paroissiale d'un village disparu. A côté de l'église les bâtiments, probablement ancien presbytère, se dressent, massifs et hélas en partie délabrés.

L'église est de loin lélément le plus intéressant. Monobloc comme l'était les église romane, elle se présente avec un plan rectangulaire. Son fronton est simple, il y a juste deux contreforts de petite taille, sans ouverture. Il est surmonté du clocheton, ajout tardif en cayrous qui dénotent par rapport à ses matériaux de construction, à savoir le galet de rivière pour la nef et la pierre de taille pour le chevet. Le chevet est justement le plus e plus intéressant de l'édifice, avec une belle rangée d'arcatures aveugles particulièrement profondes, ce qui est inhabituel dans ce genre d'édifice. Le chevet est aussi doté d'une fenêtre à simple embrasure dont l'arc en plein cintre est surligné par une rangée de briques rouges. D'autres contreforts ont permis à l'édifice de ne pas s'écrouler, il sont eux aussi assez petits. L'hémicycle formé par le chevet est d'une hauteur plus petite que la nef, il y a donc à l'intérieur un arc doubleau séparant le choeur de la nef. L'entrée de l'église est côté Sud, elle est encadrée de deux colonnes abîmées par le temps et elle est surmontée d'un arc en plein cintre à double voussures.

Le bâtiment de l'ermitage a été construit accolé à l'église. Petit bâtiment simple à un étage, il n'y a rien de spécial à dire dessus, si ce n'est qu'on lui a adjoint une ancienne grange, probablement au XVIIIe siècle.

Pour compléter le tableau il faut voir le puits qui a été creusé près du chevet. C'est un ajout moderne.


Histoire

Le hameau initial

Vilar Milar ne se distingue pas particulièrement avant le Moyen Âge. En effet, aucun dolmen ni menhir n'a été retrouvé sur son territoire, preuve que nos lointains ancêtres du Néolithique (-2500 à -2200) ne nous ont laissé aucune trace matérielle, pas plus que les civilisations ibéro-ligures ou romaines. Pourtant, nul doute que toutes ces civilisations ont vécu un temps ici. Par la suite, les Wisigoths (412) et les Sarrasins (739) n'ont pas laissé de vestiges non plus, mais dans la région le nombre de vestiges de ces périodes est extrêmement faible. Il est donc normal qu'à Vilar Milar, aucun n'ait été retrouvé.

Il faudra attendre l'arrivée des Carolingiens (811) et la conquête du Roussillon par Charlemagne pour que s'installe le système féodal du haut Moyen Âge et apparaissent ainsi les premiers villages tels que nous les connaissons. Les premières mentions de Vilar Milar datent de 1163 sous le nom de Ecclesia Sanctae Mariae de Villare Milariis. Cependant, d'après son architecture, l'église Sainte Marie de Vilar Milar fut bâtie au XIe siècle, soit un siècle plus tôt. D'origine romane, elle fut construite à cette époque, puis modifiée au XIIe siècle (remplacement de la charpente en bois par une voûte en pierre). Elle est à nef unique et à abside semi-circulaire, et contient des statues du XVIIe siècle représentant Saint Antoine de Padoue, Saint François d'Assise et Sainte Élisabeth.

Extérieurement, l'église de Vilar Milar est particulière : son chevet est décoré d'arcatures aveugles et de lésènes suivant un schéma unique en Roussillon. Par ailleurs, le portail de l'église possède une clef gravée dans la pierre qui sert de clef de voûte.

Au XIVe siècle, Vilar Milar voit sa population décliner, puis disparaître totalement au profit des villages alentours (Ponteilla, Llupia). L'église est elle aussi abandonnée et unie à l'église Saint Jean de Perpignan le 20 septembre 1341, en même temps que Sainte Marie de Château-Roussillon et Notre-Dame de Forques. À cette époque, elle était qualifiée d'"église rurale". Une confirmation de cette union a lieu en 1401.


L'ermitage

Vers la fin du XVIIe siècle, la notion d'ermitages se répand en Roussillon. Alors que jusque-là les ermites étaient considérés comme des solitaires, une sorte d'illuminés, leur nombre s'accroît rapidement. La fonction d'ermite évolue : ils deviennent un élément de la société catalane. Plus accessibles, ils savent prodiguer des conseils et servir de confidents. Cette époque voit fleurir un nombre considérable d'ermitages un peu partout en Roussillon.

Certains étaient installés dans d'anciens monastères ou prieurés, d'autres construits de toute pièce. Mais la plupart étaient d'anciennes églises rurales abandonnées auxquelles on ajoutait des logements pour la vie quotidienne. C'est ainsi qu'apparaît l'ermitage de Vilar Milar, cité en 1688 sous le nom de Hermita de Nostre Senyora de Vilarmilar. L'ermite participait à la quête rituelle dans tous les villages alentours, quête destinée à maintenir la vie spirituelle de la chapelle. Les ermites étaient appréciés, et leur fonction revêtait une grande importance. Chaque 8 septembre, un aplec, fête locale, rassemblait la population des villages voisins autour de son ermite.

La Révolution française et ses lois anti-cléricales bouleversèrent cette organisation. En 1790, une loi interdit la pratique des ermitages, provoquant un tollé en Roussillon, où les habitants tenaient à leurs ermites. Mais la loi fut appliquée, et Vilar Milar ferma ses portes. Il fallut attendre 1863 pour que l'ermitage puisse rouvrir. La cérémonie fut officielle et suivie d'une bénédiction, marquée également par la cession de l'ermitage à la ville de Llupia, qui pouvait désormais nommer les ermites. En 1914, Vilar Milar est rouvert au culte, mais la fonction d'ermite amorce déjà son déclin, confirmé au cours des années suivantes.

Le 5 août 1956, Vilar Milar est cédé à l'association diocésaine de Perpignan par un bail emphytéotique de 99 ans. L'édifice est alors en piteux état : plus de toit, seuls quatre murs et une partie de l'autel subsistent. Cet état n'empêche pas la célébration d'une première messe. La restauration commence dès 1956 sous l'initiative de l'abbé Serradeil, mais elle est longue et difficile, visant surtout à sauvegarder et nettoyer les restes.

À partir de 1987, une association prend le relais et accélère les travaux. Les murs sont relevés, le toit remis en place et le sol cimenté. L'ermitage est progressivement remeublé, avec le retour de la Vierge de Vilar Milar, les statues en bois polychrome de Saint François, Saint Antoine de Padoue, Sainte Anne et la fameuse Capeleta de l'ermitage.



Informations techniques

Nom Vilar-Milar
Région Plaine du Roussillon Coord. GPS 42.622961 Est / 2.793628 Nord


Situation et accès

Vilar Milar est un village disparu de la plaine du Roussillon. Il est situé entre Ponteilla et Llupia. Initialement paroisse de l'évêché d'Elne, le hameau s'est peu à peu dépeuplé durant le Moyen Âge. La chapelle du lieu s'est alors transformée en ermitage.



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