Histoire
Lors du rattachement du Roussillon au royaume d'Aragon en 1172, la frontière restait floue. Officiellement située au Pas de Salses, elle se trouvait en réalité plus au nord, sur la ligne de crêtes des Corbières. Face à l’expansion du royaume de France dans la région, Jacques Ier le Conquérant décida de renforcer la frontière. Il séjourna à Perpignan pendant huit mois, entre 1245 et 1246, pour diriger les opérations qui aboutirent à la construction de remparts dans la plupart des villages du Roussillon, ainsi qu’à l’édification de forteresses sur les Corbières. Le 15 mai 1246, il ordonna la construction d’une forteresse sur le site du château d’Opoul, sur un plateau rocheux dominant le village à 400 mètres d’altitude.
Jacques Ier déclara : « Qu’il soit connu de tous que nous, Jacques, par la grâce de Dieu roi d’Aragon, pour l’honneur et l’utilité de tout le Roussillon, faisons construire une forteresse sur le podium appelé autrefois Castlart d’Oped, et nommé à présent Salveterra. »
Cette forteresse s’inscrivait dans une ligne de défense formalisée par le traité de Corbeil (1258), comprenant au sud Força-Réal, le château de Tautavel, Salveterra et Salses, et au nord, les forteresses royales françaises de Peyrepertuse, Quéribus et Aguilar.
La citadelle était une véritable petite ville, dotée de tous les corps de métier nécessaires pour assurer une autonomie presque totale. Pour inciter la population à s’y installer, Jacques Ier accorda de nombreux privilèges, mais il fallut redoubler d’efforts pour convaincre des migrants de s’installer sur ce plateau aride, aux conditions de vie difficiles et à l’espace limité.
Déclin
Malgré son activité initiale, la citadelle se dépeupla progressivement en raison de ses conditions de vie ardues. La peste de 1348 fit également de nombreux ravages. Au XVe siècle, le village de Salveterra fut peu à peu abandonné au profit d’Opoul. À la fin du XVIe siècle, le château fut pris par Dalmau Descallar, qui reçut en récompense du roi la châtellenie de Puyvalador. Le château continua de jouer un rôle de sentinelle jusqu’en 1639, année où il tomba sans grande résistance devant les troupes françaises de Louis XIII, le 10 juin.
Depuis, le château a progressivement disparu, mais ses vestiges sont aujourd’hui protégés et constituent un site de promenade très apprécié des Catalans.