Histoire
La vallée de l'Aude jusqu'au XIIe siècle
À quelques exceptions près, le Capcir ne nous a pas laissé de traces d'une activité humaine antérieure à la conquête carolingienne (811). Celle-ci apparut dans la vallée de l'Aude en 833, année de la construction de la première église, celle de Formiguères. Charlemagne et ses descendants instaurèrent le système féodal. La vallée de l'Aude fut une possession du comte de Razès, et le restera jusqu'en 877, au moment où elle fut récupérée par le comte de Cerdagne, liant la vallée à la Catalogne et non au Languedoc.
Vers la fin du IXe siècle, l'abbaye de Saint Jacques de Jocou, en Razès, influença le comte pour qu'il fasse créer des églises en Capcir. L'idée était de fédérer les populations montagnardes autour des édifices religieux. C'est ainsi que furent créés la plupart des villages et hameaux que l'on connaît aujourd'hui, mais Puyvalador n'existait pourtant toujours pas.
Fondation de Puyvalador
C'est en 1195 que le village fut fondé par le comte de Cerdagne. Le but était de couvrir le col d'Arès en y construisant un château à vocation défensive, le Mont-Royal, nom qu'il conserva jusqu'au XIIIe siècle où il prit celui de Puig-Valados, qui par transformation se mua en Puyvalador. Désireux d'attirer sur ce mamelon rocheux une nouvelle population, le comte donna une "carta de població" cette année-là. Un tel titre donnait des privilèges aux habitants, assurant ainsi son peuplement, comme ce fut le cas pour Villefranche quelques décennies auparavant.
Le premier châtelain (Castlà) fut Pons de Lillet. Le château protégeait le village lui-même fortifié. Il faut savoir que jusqu'en 1260, Puyvalador était le seul village fortifié du Capcir, le château de Formiguères et celui des Angles ne couvrant pas les maisons. Voici la succession des châtelains de Puyvalador.
- 1195 : Pons de Lillet
- 1240 : Guillem de So
- 1265 : Bernat Squillat
- 1345 : Domenec de Puig-Molta
- 1347 : Arnaut de St Marsal
- vers 1360 : Pere de Guardia
- vers 1363 : Guillem de Sexa
- 1374 : Anton Paschal, lieutenant de Sexa
- 1387 : Pons de Gurb
- 1393 : Bernat d'Oms, puis Pere Oltzina
- 1413 : Guillem d'Altzina, fils de Pere
- 1424 : Francesc Fahena, neveu de Guillem
- 1432-1462 : Joan-pere Fahena
- 1463 : Arnaud de Miglos, sénéchal de Carcassonne, nommé par le roi de France Louis XI
- 1473 : Damien Dascattlar
Les châtelains de Puyvalador
En 1265, le roi confia son château à Bernat Squillat, fils d'Arnau, notaire à Villefranche. Ce personnage dut avoir la faveur du roi, car il acheta la même année tout le territoire de Puigvalador, ainsi que la dîme de Fontrabiouse. Auparavant, Puigvalador était une propriété conjointe du chevalier Ramon Thoès et des frères Ramon et Arnau de Fabiano. Nouveau maître de la haute vallée du Capcir, Bernat Squillat devint par la suite batlle de Puigcerdà et viguier de Cerdagne.
En 1303 eut lieu le renouvellement par Jacques II de Majorque de la charte octroyée par son père aux habitants de Puyvalador. Le châtelain devenait sous-viguier du Capcir avec les mêmes pouvoirs que celui de Villefranche. Puyvalador devenait ainsi le centre économique et politique du Capcir, devançant Formiguères qui tenait jusque-là le haut du pavé. Après la fin du royaume de Majorque, le nouveau maître du Capcir, le roi Pierre IV d'Aragon, fit faire un inventaire des châteaux en sa possession. Il eut lieu en 1349 et l'on vit que le château de Puyvalador avait pour armement :
- 30 arbalètes de 2 pieds, dégarnies pour la plupart,
- 2 manivelles qui ne valaient rien,
- 1 palan qui ne valait rien,
- 4 arbalètes d'étriers neuves,
- 3180 flèches d'arbalètes d'étrier dans 4 caisses,
- 4 cuirasses dégarnies qui ne valaient rien,
- 5 heaumes en fer dont 2 cassés,
- 2 vieux gorgerins.
Ce château était le seul du Capcir à vocation vraiment défensive. Il était plus grand que celui de Formiguères. Parmi les travaux à faire, il est cité qu'il faut refaire le toit d'ardoises du magasin, réparer la grande salle dont le bois est pourri, réparer les murs "en beaucoup d'endroits dedans et dehors", refaire les murs de la maison où se trouve habituellement le four à côté de la grande tour et la faire recouvrir, etc.
La châtellenie de Puyvalador s'étendait au XIVe siècle sur Espousouille, Galba, Villeneuve, Réal, Odeillo de Réal, Caramat et bien sûr Puyvalador. En 1358, le même roi Pierre IV confirma les privilèges octroyés par la charte de 1195 et perçut 100 florins à ce propos. En 1373, suite à l'inventaire de 1349, le château se fit livrer en armes et munitions. Puis, à partir de 1393, on constate que les châtelains ne sont plus nommés mais que la charge devient héréditaire. Enfin, en 1410, quelques gros travaux sont entrepris afin de le remettre en état de soutenir un siège.
Après l'occupation française (1473-1493), le roi nomma à nouveau les châtelains de Puyvalador, alors que la charge était héréditaire auparavant. Ainsi furent nommés Pierre Lazaro, puis en 1507 son fils Denis Lazaro et enfin les seigneurs suivants :
- 1515 : Pierre de Castro
- 1519 : Fortunyo de Terrenos, lieutenant de Pierre de Castro
- 1556 : Son fils Jean de Terrenos
- 1565 : Son fils Jacques de Terrenos
- 1599 : Dalmau Descallar (cousin de la branche de Villefranche)
- ? : Jacint Descallar, son fils
- ? : Emmanuel Descallar, son fils. Il prit part à la conspiration de Villefranche et fut exécuté en 1674
- 1643 : Pierre Texidor
- 1654 : Christofol Descallar
Cette année-là, les Espagnols reprirent le Capcir. Le château, usé, fut définitivement détruit. Le dernier châtelain, Christofol Descallar, se retira sur ses terres de Gorguja, près de Llívia. Par la suite, les ruines du château et le village restèrent en possession du roi de France jusqu'à la Révolution.