Réal





Réal est un village de petite taille situé sur le côté Est de la vallée du Capcir, pas loin de Puyvalador et au Nord de Matemale. Une de ses particularités est qu'il est isolé dans la campagne, légèrement en hauteur par rapport au lac de Puyvalador, ce qui le rend visible de loin. Et vu de loin, Réal semble très joli, et il faut avouer qu'il l'est, même si il ne représente pas le plus beau village de la région.

En fait Réal est faite de plusieurs rues qui montent et descendent avec une faible déclinivité, ce sont des rues étroites bien entretenues mais parfois inesthétiques. Les maisons sont de beauté variable, avec certaines très bien entretenues, avec jardins propres et fleurs un peu partout, mais d'autres sont clairement laissées à l'abandon. On imagine qu'il s'agit de maisons inoccupées ou occupées par des résidents n'ayant plus la possibilité de faire un entretien correct. Mais l'un dans l'autre il faut relativiser : Réal dégage une image très agréable. Son environnement, la qualité de ses rues en font un lieu où il semble bon vivre.

Qui plus est la vie sociale est forte ici. Non par ses associations ou structures officielles, mais plutôt par la solidarité qui émane naturellement de la population. Il y a une entraide forte entre les habitants. L'isolement relatif du village et les conditions climatiques habituelles en sont probablement à l'origine.

Il y a une forte différence dans l'appréciation de Réal en fonction de la période où l'on s'y rend. L'été est de loin le moment le plus agréable. Baigné de Soleil toute la journée mais sans ressentir les brûlures comme c'est le cas en plaine, le Capcir est agréable. Attention toutefois aux coups de Soleil, ils peuvent être très violent. L'hiver est sympathique aussi car les résidences secondaires, des anciennes maisons du village pour la plupart, sont de nouveau habitées, ce qui apporte un peu plus de vie sur place. L'automne est la saison la moins intéressante, c'est dû au froid mordant qui s'installe, à l'humidité du Capcir (cette vallée est parcourue régulièrement d'entrée nuageuse veantn du Nord) et au vent, le fameux Carcanet, un vent du Nord glaçant l'hiver. Reste le printemps, saison très agréable mais qui peut avoir des jours très frais et où il n'y a pas d'animation particulière.

Les animations sont essentiellement l'été à Réal. Il y en a peu, il faut bien le dire, mais c'est compenseé par le fait qu'il y en a aussi dans les villages alentours, Formiguères, Puyvalador, Matemale, Fontrabiouse et autres Espousouilles, même si dans son cas c'est un peu plus éloigné. L'activité principale à Réal est la marche à pieds, le VTT ou la balade à cheval, il y a pusieurs sentiers qui serpentent dans la vallée, montent tranquillement dans la montagne ou font le tour des lacs. Si vous suivez la route qui vous a amené ici vous arriverez à Odeillo-de-Réal, un hameau du village encore plus petit et encore plus au Nord. Situé face au lac de Puyvalador, il ressemble beaucoup à sa commune de tutelle en plus petit. Il faut dire qu'historiquement les deux étaient des villages agricoles, comme d'ailleurs un grand nombre d'entre eux dans le Capcir.

Pour résumer la vie à Réal s'écoule tranquillement dans un environnement naturel privilégié.



Situation et accès

Réal est un hameau de Formiguères, de l'autre côté du lac, la plus importante ville du Capcir. Réal se trouve exactement sur le flanc Ouest de la vallée du Capcir, au Nord de Matemale. Pour se rendre sur place, disons à partir de Mont-Louis, il faut suivre la route de Matemale, poursuivre vers Formiguères. La bifurcation vers Réal est sur la droite.

Il y a une originalité à Réal : La route fait un cul-de-sac, elle se poursuit juste jusqu'au hameau d'Odeillo-de-Réal, un peu plus au Nord, puis elle s'arrête dans la campagne.


Patrimoine, curiosités à voir sur place


Réal étant un petit village, il y a assez peu d'éléments marquants du patrimoine local. Comme souvent c'est l'église paroissiale l'élément le plus important.


L'église paroissiale Saint-Romain

L'église paroissiale Saint-Romain

L'église paroissiale Saint-Romain

L'église paroissiale de Réal est dédiée à St Romain. C'est une église romane mentionnée dès 893, durant la première années du règne du roi Charles le simple. On trouve une référence dans un diplome de 908, on peut y lire que St Romain de Réal est une possession de l'abbaye St Jacques de Joucou, dans le Razès. Le pape Aggapet le confirme en 955.

L'édifice était initialement construit suivant un plan rectangulaire, l'abside droit étant dans le prolongement de la nef. La façade Sud possède encore les bandes lombardes de cette église initiale, ainsi qu'une petite fenêtre dans l'abside. La voûte est en arc brisée. Cette église sera largement modifiée au XVIIIe siècle avec l'ajout du portail, du clocher-mur et d'une chapelle sur le côté Sud. Il y a aussi une chapelle latérale, de plan carré, voûtée en berceau surbaissé qui s'ouvre sur une arcature elle aussi surbaissée. La sacristie est au Sud, elle fut construit en 1851. La porte est datée de 1744, elle est venue remplacer une porte plus ancienne dont il ne reste que l'ébrasement intérieur Sud. Une fenêtre étroite et haute, désaxée par rapport au berceau de la nef, date de l'ancien édifice. LEs deux grandes fenêtres, éclairant la nef n son flanc Sud, datent du XVIIIe siècle. Le clocher-mur possède deux cloches baptisées Ste Maximine et St Romain le 5 septembre 1807.

Dans l'église le baptistère date du XIe siècle, c'est un bloc de granit évidé qui est placé dans l'embrasure de l'ancienne porte Sud. L'église possède des éléments de décor de grande valeur patrimoniale. Le retable, au fond du choeur, contient en son centre une Vierge à l'enfant et, de part et d'autre, de St Maximine et St Romain. Il fut construit par Jean-Jacques Melair, un maître sculpteur de Carcassonne. A son fronton une toile peinte, à priori "la résurrection", respecte les instructions de Monseigneur Pavillon, évêque d'Alet de 1637 à 1677.

Il y a d'autres élément de mobilier ancien : un bénitier orné d'une croix à quatre branches égales et s'élargissant aux extrémités (croix pattée). Il repose sur une colonette et une meule encastrée dans le dallage.


Le hameau d'Odeillo

Le hameau d'Odeillo

Le hameau d'Odeillo

Odeillo-de-Réal est vraiment un petit hameau. Mais du genre vraiment petit. Il est bien sûr rattaché au village de Réal, à deux kilomètres plus au Sud. Il est formé d'un coeur autour duquel s'articule une vingtaine de maisons, le tout desservi par une unique rue étroite et relativement courte. Autant dire qu'il s'agit d'un lieu de vie où tout le monde se connait. Les maisons sont généralement anciennes, mais certaines ont été rénovés. Crépis, elles sont plus récentes que les autres mais ne le sont pas forcément. Tout le village est historique, il vient de l'époque de la colonisation du Capcir par les premiers pionniers chrétiens dont les générations successives ont permis au village de survivre jusqu'à nos jours.

En savoir plus sur le hameau d'Odeillo.


Sinon Réal possède, sur son territoire, une croix métallique. Elle se trouve le long de la départementale 32c, au Nord.


Histoire

Vers la fin du IXe siècle, seule l'église de Formiguères existait (833). Il faut dire que les comtés n'avaient été conquis par les francs que peu de temps avant. (793-811) Ceux-ci, et en particulier Charlemagne, instaurèrent le système féodal. La vallée de l'Aude fut une possession du comte de Razès, et le restera jusqu'en 877, au moment où il sera récupéré par le comte de Cerdagne, liant la vallée à la Catalogne et pas au Languedoc.

Vers la fin du IXe siècle, l'abbaye de St Jacques de Jocou, en Razès, influença le comte pour qu'il fasse créer des églises en Capcir. L'idée était de fédérer les populations montagnardes autour des édifices religieux. C'est ainsi que parut Réal et ses hameaux voisins. On trouve Réal lors de la donation de Guifred II comte de Cerdagne à son second fils Béranger. L'appellation qu'il utilise est "Les montagnes de Madres avec les villas de la rivière d'Auda qu'on appelle Creu et Réal avec près, pasquiers et garrigues." Notons le mot de Garrigues, signifiant probablement autre chose que ce que l'on connaît aujourd'hui (c'était sûrement un synonyme de "broussailles"), et la mention du village de Creu, au pied du col du même nom.

Puis en 1087, un autre acte de don fait à Guillem, petit fils de Guifred II nomme la "villa de Real", nom sous lequel est alors indiqué le village.

Durant le XIIIe siècle le roi d'Aragon confie à un certain Arnau Squillat, notaire à Villefranche, les droits de pêche dans la Lladura entre Formiguères et Réal, alors quasiment non peuplé.

Ce droit fut transmit à son fils Bernat, qui reçu du roi la châtellenie de Puyvalador. Bernat acheta la même année la dîme de Fontrabiouse et tout le territoire de Puyvalador. Il était déjà propriétaire du lieu d'Odeillo (Odeillo de Réal de nos jours, en Capcir) et devint plus tard viguier de Cerdagne et battle de Puigcerda.

Nul doute que ce personnage a joué un grand rôle dans la structure moyenâgeuse du Capcir du XIIIe siècle. Mais Réal était depuis 1276 en la possession de Pere d'Onzès. A sa mort Hugues Squillat récupéra la seigneurie, ce qui laisse à penser que la famille Squillat, bien dotée par les rois d'Aragon, avait un pouvoir étendu dans la vallée du Capcir. D'ailleurs Hugues a rendu hommage au roi pour cette seigneurie.

Son fils Bernat, un chevalier, devient seigneur de Réal en 1334, mais dix ans plus tard le royaume de Majorque tombe. Le nouveau maître du Capcir, le roi Pierre IV d'Aragon remanie complètement ses territoires. Les anciens seigneurs sont spoliés au profit d'autres, favorable à l'Aragon. C'est ainsi que la seigneurie de Réal passe sous la direction du comte de Foix, puis au seigneur d'Evol, vicomte et ancien possesseur de la plupart des autres hameaux du Capcir.

Nous avons quelques traces de l'évolution de la population de Réal durant cette époque. En 1359 le village était composé de 9 feux, et en 1515, c'est à dire une fois l'épidémie de peste du XVe siècle fut endigué, 8 feux.

Entre le XIVe et XVe siècle Réal sera cédé à Arnau Béranger Vidal, de Fuilla. A sa mort le frère de celui-ci hérite de la seigneurie et c'est ainsi que Réal passa à un certain Bernat Colomer. En 1500 on trouve Réal en tant que possession de la famille de Banyuls, suite au rachat de la seigneurie par Jean, seigneur de Banyuls de Montferrer. Le village restera dans la famille jusqu'à la Révolution française. En 1687 par exemple, la seigneuresse était la veuve de Charles de Montferrer, lointaine héritière de Jean et seigneur de Réal et d'Odeillo, fille des comtes d'Ille, marquise de Montferrer depuis 1675.

Et une anecdote pour finir. A la fin du XVIIe siècle la France envoya des régiments de cavalerie s'installer un peu partout en France, surtout sur les frontières. En 1690, c'est à Réal et à Matemale que le régiment de cavalerie Légat prit ses quartiers.


Etymologie

Il n'y a pas trop d'originalité dans le nom du village de Réal. Réal, en catalan, ça signifie "Royal", sans surprise. Ce lieu de vie était, durant le Moyen-âge, à proximité de Puyvalador où se trouvait le château roi d'Aragon. Formiguères était aussi une place forte royale, il n'est donc pas étonnant qu'un des villages de ses territoires ait été nommé de ce nom-là.


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