Histoire
Le Capcir conserve peu de traces d’activités humaines antérieures à l’arrivée des Carolingiens, en 793. Ceux-ci instaurèrent le système féodal, et la vallée de l’Aude fut intégrée au comté de Razès, situé aujourd’hui dans l’Aude. Mais cette vallée était alors quasiment déserte. Çà et là, quelques domaines agricoles faisaient vivre une population éparse, issue des peuples montagnards. En 833, l’église de Formiguères fut construite, marquant le début du peuplement par les pionniers francs. À partir de la fin du IXe siècle, la vallée fut peuplée sous l’impulsion de l’abbé de Saint-Jacques de Jocou, une abbaye du Razès. C’est ainsi que fut construite, puis consacrée, l’église Saint-Martin de Riutort.
En 1011, on trouve le premier document mentionnant Odeillo : le comte de Cerdagne Guifred II donne "Odello de Caramat" à l’abbaye Saint-Michel de Cuxa, avec laquelle il entretenait des relations étroites. En 1204, un acte atteste qu’Odeillo était toujours une possession de cette abbaye, qui avait également construit un château aux Angles.
Le premier seigneur d’Odeillo de Réal dont on ait une trace est Bernat Squillat, fils d’un notaire de Villefranche. Ce personnage important localement fut doté par le roi d’Aragon du château de Puyvalador, auquel il ajouta le territoire de la seigneurie ainsi que divers autres droits. Bernat Squillat mourut en 1285. Sa fille Margarida hérita d’Odeillo, qu’elle transmit à Pere d’Araleu. À sa mort, c’est sa fille Francesca qui récupéra la seigneurie. Elle épousa Pere d’Onzès en 1372, déjà seigneur d’Espousouilles et de Réal depuis 1276.
Ce village, s’il a jamais eu une certaine importance, a failli disparaître. On trouve une trace d’un recensement de 1515 indiquant qu’il n’y a plus qu’un seul feu à Odeillo de Réal, soit une seule famille. Sans doute le village était-il plus peuplé auparavant, mais la peste du XVe siècle fit des ravages dans le Capcir. Par exemple, le village de Vallserra sera complètement abandonné pour cette raison.
En 1500, on retrouve Odeillo de Réal en tant que possession de la famille de Banyuls, à la suite du rachat de la seigneurie par Jean, seigneur de Banyuls de Montferrer. Le village restera dans la famille jusqu’à la Révolution française. En 1687, par exemple, la seigneuresse était la veuve de Charles de Montferrer, lointaine héritière de Jean, seigneur de Réal et d’Odeillo, fille des comtes d’Ille et marquise de Montferrer depuis 1675.