Histoire
Le territoire de Céret ne nous a pas légué de vestiges de la période préhistorique. Il faut dire que la ville est située au pied des Albères et non à flanc de collines, lieux d'habitat classiques de nos lointains ancêtres.
Par la suite, ni les Ibéro-ligures, ni les Celtes, ni même les Romains ne nous ont laissé de traces significatives. En 408, les Wisigoths occupent la région, avant d'en être chassés trois siècles plus tard par les Sarrasins. Là non plus, nous n'avons pas d'éléments historiques concrets, mais il faut dire que les vestiges de ces époques lointaines sont rares dans la région. En réalité, il faut attendre la conquête du Roussillon par Charlemagne pour voir débuter l'histoire documentée de Céret.
La première mention de Céret date du IXe siècle. En 1282, le seigneur de la ville était Guillaume IV, vicomte de Castelnou, qui détenait la seigneurie par l'intermédiaire de sa femme Ava, elle-même l'ayant reçue de son père, Pons Vernet, vassal des comtes d'Ampurias.
Guillaume décida d'accorder une relative indépendance à la ville. Il convoqua la population et institua la nomination de quatre consuls, élus annuellement parmi les habitants. Cependant, afin de conserver un certain contrôle, Guillaume exigea que ces consuls lui prêtent serment avant d'exercer leurs fonctions. Ce type de charte, redonnant une partie du pouvoir aux habitants, était courant à l'époque. Cela pouvait refléter une volonté d'améliorer la vie des citoyens ou une stratégie politique destinée à renforcer la loyauté envers le seigneur. Pour un exemple similaire, consultez la charte de la ville de Perpignan.
Quarante ans plus tard, vers 1321, le pont du Diable fut construit. Son financement fut assuré par la ville et d'autres villages qui en tiraient également bénéfice. La seigneurie passa ensuite, en 1312, à Françoise, la fille de Guillaume IV de Castelnou, qui la transmit à son mari Pierre de Quéralt. En 1348, Pierre la légua à son fils Gérard, mais en 1360, le seigneur de Céret apparaît sous le nom de Pierre Blan, qui confirma les privilèges de la ville. Au XVe siècle, Céret appartenait aux vicomtes de Périllos.
L'histoire de Céret est riche en événements. En 1641, la ville obtint, avec Ille-sur-Têt, des droits spéciaux qui durèrent jusqu'en 1660. En 1581, les Cérétans accueillirent un couvent de Capucins. Puis, en 1648, un couvent de Carmes s'y établit, provoquant une rivalité croissante entre les deux communautés religieuses. La Révolution française mit un terme à cette situation en détruisant les deux couvents, pour le soulagement des habitants.
En 1660, Céret eut l'honneur d'accueillir une conférence entre Marca, commissaire pour la France, et Seroni, représentant de l'Espagne, afin de fixer définitivement la frontière entre les deux pays. Cet accord venait compléter le traité des Pyrénées, signé en 1659 sur l'île aux Faisans.
Après la Révolution française, un événement marquant fut la prise de la ville par les troupes du général Ricardos pendant la guerre franco-espagnole de 1793. Cette guerre, qui dura jusqu'en 1795, opposa les Espagnols, occupant le sud du Roussillon, à l'armée française, qui finit par repousser les envahisseurs. Céret, occupée dès 1793, fut libérée l'année suivante.
Sous la Restauration, la ville poursuivit son expansion. Sous le règne de Napoléon III, un nouveau canal fut construit pour alimenter un moulin fraîchement édifié.
Céret dans les années 60
Au cours du XXe siècle, Céret devint un village agricole prospère, spécialisé dans la production de cerises, activité pour laquelle la ville est encore réputée aujourd'hui. Dans les années 1960, un marché spécial fut organisé pour cette production, comme le montre cette photo. À cette époque, la ville comptait déjà 5 000 habitants, alors que les autres communes avoisinantes n'en avaient qu'un millier. La production atteignait son apogée avec 3 000 tonnes de cerises primeurs par an, contre 250 à 300 tonnes aujourd'hui. Cette activité faisait vivre une grande partie des habitants, tandis que d'autres travaillaient dans les deux usines d'espadrilles et de souliers (Seilles, Maler) ou exerçaient des métiers d'artisanat : bouchonniers, tonneliers, fabricants de chaises, de pipes, de lacets, etc.
Médaille de la Reconnaissance française
La ville de Céret a reçu la médaille d'argent de la Reconnaissance française, une distinction instituée par Raymond Poincaré en 1917. Cette médaille récompensait "des services exceptionnels ou des actes de dévouement répétés accomplis au péril de la vie pour la France, soit à titre civil, soit au titre de la résistance". Céret fait partie des six villes ayant reçu cette distinction, aux côtés de Cerbère.