Evol





Evol est un village tout petit. Son urbanisme est compact, les seules rues sont terriblement courtes, escarpées, et mènent toutes à une sorte de place allongée, au niveau de l'église. Il y a assez peu de maisons, mais elles sont très belles, la plupart en pierres sèches, avec de nombreux décors par-ci par-là. L'été, elles sont fleuries, se qui embelli franchement le village. Le village par lui-même n'a donc rien de vraiment spécial, il faut parcourir sur son territoire pour bien le découvrir. Il y a, au Nord, le château d'Evol et la chapelle St Etienne. Si le premier a subi les outrages du temps, la chapelle, elle, est bien restaurée et se dresse fièrement au dessus du village. Il y a aussi un hameau, Thuès d'Evol, qui est encore plus petit qu'Evol.

Le village est donc intéressant à voir, mais sa petitesse le fait traverser rapidement pour aller au château, ou tout simplement pour se promener dans la campagne environnante plutôt que de s'y arrêter.



Situation et accès

Evol est un village de la vallée du même nom. Il se trouve en plein Haut-Conflent, à quelques kilomètres d'Evol. Pour s'y rendre, il faut, au départ de Perpignan, prendre la direction de Prades/Andorre et suivre la nationale jusqu'à Olette, que vous atteindrez en une heure. Là, un panneau directionnel vous orientera vers la droite. Evol n'est plus très loin.


Photos


Patrimoine, curiosités à voir sur place


Deux églises furent construites à Evol. La première, dédiée à St André, est un édifice du XIe siècle comme le prouve son architecture rustique au clocher orné d’arcatures et de lésènes. Au XVe siècle un retable consacré à Saint Jean Baptiste fut installé. St André sera modifié en profondeur en 1723 avec l’ajout de la chapelle du rosaire. Elle servira d'église paroissiale jusqu'au XVIIe siècle, époque où elle fut placée sous la juridiction de celle d'Olette. Elle fut classée monument historique en 1943. De nos jours mis contient aussi une Vierge du XIIIe siècle, des ex-votos de 1645 et une roue à clochettes.

La deuxième église était consacrée à St Etienne. Elle existait en 1347, mais on ne connaît pas sa date de construction exacte. Toujours est-il qu’elle fut construite probablement au début du XIVe siècle, comme semble l’indiquer les trois arcs en ogives et l’arc diaphragme de la nef. St Etienne s’effondra en 1770. Quatorze ans plus tard, en 1784, elle fut relevée et remaniée : la nef fut raccourcie et le campanile disparu. Aujourd'hui on peut y voir une statuette de St Etienne et une toile, touts deux du XVIIe.

Dans le village on trouve les restes d'un Conjurador, petit édifice destiné à conjurer l'orage lorsqu'il menaçait. La population y allait en procession, précédée du curé d'Evol. Il est accolé à l’église et à l’origine, il était couvert. La toiture n’existe plus mais le mur avec les deux ouvertures en plein cintre est remarquable.

Sinon sur les hauteurs du hameau le promeneur peut encore voir les ruines du château ainsi qu'ailleurs sur le territoire un oratoire, avec une Vierge gothique. A noter la rive Ouest de la vallée est nommé "Oceillans", ce qui fait référence à un ancien village situé sur le plateau. Il ne reste absolument plus rien de cet ancien village de nos jours. Et puis il faut citer le Cami Ramader (Chemin de transhumance) qui partait d'Evol et rejoignait entre autres les ardoisières.


Histoire

L'origine d'Evol : la famille de So

Le territoire d'Evol ne nous a pas fourni de traces d'activités humaines antérieures à la reconquête franque (793-811). Mais la première période franque, lors de la création des comtés, est trouble et ne permet pas de connaître avec précision les différents acteurs d'une histoire si lointaine.

La première trace du lieu date de 1162. Cet année là on a la preuve que le comte de Cerdagne avait inféodé la vallée d'Evol à Bernat d'Alione (Bernat de Llo). Ce personnage énigmatique, marié à la fille d'Arnau de so, devient l'héritier de la châtellenie de So (Usson, dans l'Aude). Ainsi commence la dynastie des futurs vicomtes d'Evol, la famille de So.


La vicomté d'Evol

La vallée fut protégée par un château initial, dont nous n'avons pas de traces, et qui était probablement construit en bois comme c'était l'usage avant le XIIe siècle. Au début du XIIIe siècle le catharisme divisait la communauté féodale. Le roi d'Aragon, beau-frère du comte de Foix son vassal, avait épousé la cause cathare contre Simon de Montfort. Bernat de So se rangea aux côtés du pape en organisant une armée qui lutta aux côtés de Simon de Montfort.

Le roi d'Aragon Alphonse II se vengea de cet affront en confisquant ses terres (Evol, Estavar, le Donnezan et le Capcir) et les remit à son allié Raymond Roger de Foix. A la défaite des cathares, ses terres lui furent rendues. C'est ainsi qu'Evol changea rapidement de mains deux fois. En 1245 le roi confirme les donations parce qu'il a rendu hommage au comte de Foix, lui même lui ayant rendu hommage pour ses terres d'Evol.

En 1260 son fils Guillem reçu du roi Jacques le Conquérant le château d'Eus, les villages d'Evol et Sahorre, la moitié d'Estavar et la châtellenie de Puyvalador. Il avait également la justice, les censives, les rentes et les droits de lods, ce qui faisait de lui un personnage très important. Pour marquer la montée en puissance de cette famille, Guillem reconstruit son château d'Evol, celui que l'on connaît de nos jours.

Son héritier Joan de So fera bâtir un deuxième château : La Bastide, au bord de la têt. Il en reste des ruines de nos jours : les deux tours qui s'élèvent sur le plat, un peu avant Olette. Rapidement une communauté s'y installe et les vicomtes viennent vivre dans ce château, certes un peu moins protégé (il n'avait pas de donjon), mais surtout beaucoup plus habitable. Ce château était en relation étroite celui d'Evol par la tour à signaux d'Oreilla, près Olette.

Communication de la tour d'Evol

Joan avait en 1286 la suzeraineté de Caramat et des Anglars (Note : il ne s'agit pas des Angles) ainsi que la seigneurie de Fontrabiouse. En 1337 Evol connaît son apogée : le roi de Majorque Jacques III de Majorque érige le lieu en vicomté. Joan sera le premier vicomte d'Evol et sera nommé à cette occasion chancelier. Malheureusement fidèle à Jacques III, il se voit spolié en 1344 lorsque Pierre IV d'Aragon récupère par la force le royaume de Majorque. Toutes ses terres sont données au comte Gaston de Foix, et Evol change à nouveau de main.

Joan de So mourut peu après 1344. Vers 1350 son héritier Bérenguer récupéra sa vicomté et ses dépendances principales grâce à l'appui du comte de Foix. En 1394 le vicomte d'Evol était Bernat II de So. Son suzerain direct le comte de Foix était marié à la fille du roi d'Aragon. A la mort du roi, il prétendit au titre, ayant légitimement le droit de l'obtenir. Mais c'est Martin qui fut choisi (1412). Bernat envahit alors la Cerdagne et le Conflent mais fut vaincu. Ses terres furent récupérées directement par le roi. Les vicomtes d'Evol rendirent donc directement hommage au roi.

A partir du XVIIe siècle, la vicomté d'Evol sera énormément convoitée. En peu de temps elle basculera successivement entre divers mains. En 1641 l'administration de la vicomté fut donné à Thomas de Banyuls, nommé par le nouveau maitre du Roussillon, le roi de France Louis XIII. Thomas était en outre procureur royal des comtés du Roussillon et de Cerdagne. Mais la population étant contre les français, il s'allia à quelques grandes familles de nobles roussillonnais pour les calmer. Face à cet affront, le roi confisqua leurs biens et les donna à Joan Pere Texidor.

Après le traité des Pyrénées (en 1659) Evol fut confié à Elisabeth d'Eril, de la famille de Banyuls. A sa mort, c'est son petit-fils le duc d'Hijar qui devint vicomte d'Evol et de Canet. Suite à la guerre contre les français la vicomté fut donnée en 1662 à l'abbé de St Cugat, puis en 1668 au seigneur de Caramany. En 1670 elle appartenait à nouveau au duc d'Hijar.

Le village est devenu une commune à la révolution française, mais celle-ci étant devenue trop petite elle a été rattaché à celle d'Olette en 1827.


Héraldique

Blason Evol
Description du blason d'Evol

Expression héraldique

d'or à la bande de gueules.

Description

Voilà un blason simple. Son expression héraldique l'est tout autant, ce qui est somme toute assez rare dans la région. Ici, le blason est qualifié "d'or". C'est le mot que l'on utilise pour désigner le jaune, qui est sa couleur principale. La "bande" est toujours en diagonale. Si elle était horizontale, ça s'appelle une "fasce". Verticale, c'est un "pal". "De gueules", c'est tout simplement le rouge en héraldique.

Explications

Très simple ou pas, je n'ai pas toujours l'explication historique de certains blasons. C'est hélas le cas ici, même si l'on peut se douter qu'il s'agit des armes de la famille d'Evol, assez puissante dans le haut-Conflent entre les XIIe et XIVe siècle.


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