Serdinya

Un village classique de moyenne montagne, connu pour être sur la route de la Cerdagne

Le village paraît bien triste quand on le traverse : façades abîmées, maisons abandonnées, on se demande même pourquoi Serdinya vit encore. Et puis il suffit de garer son véhicule sur les quelques petits parkings situés au début et à la fin du village pour mieux le comprendre. En fait, en le traversant, on ne voit qu'une partie peu fréquentée par les habitants, qui vivent face au Soleil, côté sud. Quelques petites rues très escarpées descendent vers le cœur du village et croisent une rue transversale qui longe la Nationale, mais en contrebas. Totalement invisible d'en haut, elle est plutôt agréable et, curieusement, on n'entend pas trop la route. Enfin, il ne faut pas non plus un fort trafic...

Tout en bas, il y a une place centrale en forme de cercle. Elle est arborée et dispose d'une fontaine, d'une aire de grillade, et même d’un parking souterrain. C’est surprenant, on ne s'y attend pas, et pourtant c’est bien la preuve d’un village dynamique, qui organise des festivités et possède des associations. Un hameau se trouve de l’autre côté de la Têt, où se situe l’église (massive). Il est plutôt tranquille. Dommage que l’on entende si bien la route, située à seulement trois cents mètres à vol d’oiseau.


Photos


Patrimoine, curiosités à voir sur place


Le principal élément du patrimoine de Serdinya, du moins dans le village proprement dit, est son église. Il s'agit de l'église Saint-Côme et Saint-Damien. Elle a été restaurée relativement récemment.


Joncet

Le hameau de Joncet

Le hameau de Joncet

Joncet est le seul hameau habité du territoire de Serdinya. C'est un lieu qui aurait pu devenir une commune mais qui ne s'est pas suffisamment développé pour cela au cours de son histoire récente. C'est un endroit agréable depuis que la Nationale l'évite, pour peu que l'on soit de l'autre côté de la Têt, un secteur plus froid mais plus calme.

En savoir plus sur le hameau de Joncet.


Flassa

L'ancien village de Flassa

L'ancien village de Flassa

Aussi appelé Flaça, Flassa est un hameau situé sur les hauteurs de Serdinya. En levant la tête, vous le verrez sûrement ! Le hameau possède une église attestée en 1163 dans un document indiquant les possessions de l'abbaye de Saint-Martin du Canigou. La dîme de Flassa appartenait pour un tiers au seigneur de Jujols et pour un autre tiers au curé de Jujols, les églises de Jujols et Flassa étant alors liées.

Dédiée à Saint-Marcel, l'église a une abside rectangulaire voûtée en plein cintre. Des bandes lombardes décorent son extérieur. La nef est unique, initialement voûtée ; sa voûte a été remplacée par une charpente en bois à une époque plus récente. À l'extérieur, elle possède un clocher-mur à deux alvéoles situé entre l'abside et la nef. À l'intérieur, on trouve une cuve baptismale rustique et un retable du XVIIe siècle contenant les statues de Saint-Marcel, Saint-Sébastien et Saint-Gaudérique.

L'église Saint-Marcel de Flassa a été restaurée définitivement, grâce en partie à l'association de sauvegarde du patrimoine de Serdinya-Joncet, après dix ans de démarches administratives. La voûte du chœur est peinte, et 50 % de ces peintures restent visibles, notamment des coquilles d'escargots et des écailles de poissons, ainsi qu'une partie d'un décor plus ancien. En réalité, trois décors se superposent : le second est composé de volutes jaunes cernées de gris. Grâce à une autre opération de restauration, il sera bientôt possible d'observer les trois époques sur un même mur de l'église (12 m² traités).


La Guardia

L'ancien village de La Guardia

L'ancien village de La Guardia

Il n'y a rien de particulier à signaler sur La Guardia. Le site se situe à l'est de Serdinya, à quelques centaines de mètres à peine, un peu plus en hauteur. De nos jours, il se compose de quelques bâtiments, dont certains ont une vocation agricole.


Les Horts

L'ancien village des Horts

L'ancien village des Horts

Les Horts ne sont qu'un ancien village, abandonné depuis très longtemps. Il ne reste que quelques murs en ruine, preuve que des habitants y ont vécu, mais rien de particulier n'est visible. C'est néanmoins un but de randonnée assez connu dans la région. On se trouve ici au nord de Serdinya, en montagne.

En savoir plus sur l'ancien village des Horts.


Marignans

Marignans

Marignans

Marignans est un ancien village situé à l'est de Serdinya, en montagne. Aujourd'hui disparu, il n'y a plus rien de particulier à y voir. Une route y monte, celle qui traverse La Guardia. Au bout de cette route se trouvait Marignans, dont l'orthographe varie selon les sources.

En savoir plus sur Marignans.


Histoire

L’histoire de Serdinya commence durant la période romaine. En 121 avant J.-C., les troupes romaines envahissent le Roussillon et remontent vers la Cerdagne. Peu à peu, elles structurent la région et construisent de grandes voies de communication. La Via Confluentana reliait la plaine à la Cerdagne (l’ancêtre de la RN116) et était ponctuée de gîtes d’étape pour permettre aux voyageurs et à leurs chevaux de se reposer. Serdinya était l’une de ces étapes.

Après la conquête carolingienne du IXe siècle, les rois francs favorisèrent l’implantation d’abbayes dans les endroits les plus reculés des territoires nouvellement repris aux Sarrasins. Saint-Michel de Cuxa ou l’abbaye de Régleilles en sont issues. Ces abbayes essaimèrent des chapelles tout autour d’elles, parfois plus éloignées. C’est ainsi qu’une chapelle fut construite sur le site de Serdinya, autour de laquelle s’installèrent les premiers Francs venus repeupler cette région devenue désertique après le passage des Sarrasins.

Elle était dédiée à saint Côme et saint Damien et fut construite au XIe siècle, puis remaniée aux XIIe et XIIIe siècles : on supprima la voûte en plein cintre pour en bâtir une autre, plus solide et plus haute. La nef, de 16 m sur 5,40 m, se terminait par un grand clocher, sorte de tour-refuge en cas d’agression. Le portail fut retouché au XVe siècle. Au XVIIIe siècle, on ajouta une seconde nef, côté nord, tandis qu’au sud apparaissait le second bras du transept, donnant à l’ensemble un plan presque carré d’environ 16 m de côté. L’extérieur est doté d’un clocher récent et d’un petit campanile abritant une cloche actionnée depuis la sacristie. Le retable du maître-autel date de 1661. Le 11 avril de cette année, Louis Générés, célèbre sculpteur de retables, promit de réaliser un retable dédié à saint Côme et saint Damien avec son tabernacle pour 45 doubles d’or et une charge de vin.

Une seconde chapelle fut édifiée à Serdinya en 1869, dédiée à saint Sébastien. Elle abrite de remarquables statues du XVIIe siècle représentant saint Sébastien, saint Antoine et saint Éloi.

Au début du Moyen Âge, les villages étaient extrêmement dispersés : il s’agissait plus de vallées ou de versants de montagne parsemés de métairies que de véritables agglomérations. Peu à peu, ces métairies se regroupèrent pour mieux se protéger, formant la base des villages actuels.

Ainsi, au Moyen Âge, le village initial se situait sur la rive droite de la Têt, à l’emplacement de l’actuel lieu-dit « Le Bac ». Il comptait plusieurs hameaux :

  • Serdinya, sur la rive gauche ;
  • Les Hortals, jardins où furent construites quelques manses, assez loin au nord-est, sur le haut de la Soulane ;
  • Joncet, plus haut dans la vallée, également sur la rive gauche, actuellement appelé « Joncet du Bac » ;
  • Flassa (Flaccianum), en haut de la montagne de la Soulane ;
  • Marignans (Marinyans), plus à l’est ;
  • La Guardia, plein est.

Au cours du Moyen Âge, les hameaux proches de la Têt se déplacèrent en hauteur, probablement pour échapper aux fréquentes crues. Le village principal se déplaça ainsi vers son hameau de Serdinya, et Joncet passa sur la rive gauche. Les autres lieux ne furent pas concernés. Ce déplacement eut lieu avant 1392, car cette année-là, le capbreu (registre terrier) mentionnait déjà l’hôtellerie banale de la seigneurie in cabanis de Sechdeniano.

À l’origine, le village et ses hameaux étaient dirigés par un « sagio » ou « saig », officier de justice. Par extension, ce mot désigna le village lui-même (la sajonia). Il semble qu’il s’agissait alors d’un domaine comtal, comme sa voisine Villefranche. Le comté de Cerdagne étant passé au roi d’Aragon en 1117, Serdinya resta sous domination royale jusqu’à la Révolution française. Cela n’empêchait pas la possession de certaines manses ou terres par d’autres propriétaires : à Marignans, par exemple, le manse de Mirles appartenait à l’abbaye Saint-Martin du Canigou. En 1568, le vicomte d’Evol possédait le manse d’En Vidal, sur lequel il fit bâtir le château de la Bastide.

Le capbreu de 1441 indique les reconnaissances des maisons et propriétés tenues du roi dans les territoires de Secdenya, Joncet, Mirles et autres, formant la Sayonia de Serdinya. Le 29 août 1405, le roi Martin d’Aragon accorda aux habitants les mêmes franchises qu’à ceux de Villefranche. Cet événement fut capital pour ce petit village, car il plaçait ses habitants sur un pied d’égalité avec ceux du puissant voisin.

Les moulins de Serdinya furent aliénés en 1494. Celui de Serdinya appartenait à la famille de Llar ; celui de Joncet, à l’épouse de Barthélémi Miquel, cordonnier de Villefranche. Joncet possédait également un second moulin, propriété de la famille Reynès-Llauri.

Ces possessions prélevées sur le domaine royal pouvaient être inféodées, ce qui conférait à leurs détenteurs les droits pécuniaires correspondants. Ainsi, en 1568, les héritiers d’un certain Matthieu Bambozer cédèrent au seigneur de Llar les droits qu’ils détenaient sur la dîme perçue sur des prés et champs du territoire de Serdinya. Toutefois, tous les tenanciers de la Séjonie restaient soumis à la juridiction civile du viguier de Villefranche.

Le 24 décembre 1598, Pierre Trinxet, de Villefranche, était fermier de la baillie royale de Serdinya. À ce titre, il percevait 33 livres 6 sols 8 deniers pour la vente du tiers des dîmes de Flassa (prix de 100 livres), tenu en fief pour le roi. Globalement, les revenus de Serdinya et de ses hameaux restaient modestes. En 1642, le gouverneur de Puigcerdà avait acquis les dîmes, qui ne valaient plus que 100 livres en 1651. Ces revenus furent donnés le 14 novembre 1653 à François Pasqual et de Cadell, en même temps que la justice du lieu, mais il en fut spolié peu après la prise de Villefranche par les Français. Le roi de France les attribua à Bertrand Dubreuil, qui les conserva jusqu’en 1660. Le 31 mai 1663, ils furent restitués à la fille de François Pasqual, Gracia Villafranca y Pasqual, avant d’être repris par les commissaires français le 27 mai 1664 lors de la prise de possession de la seigneurie de Serdinya, Joncet et Séjonie. Enfin, le 1er décembre 1712, les commissaires généraux aliénèrent ces droits au sieur d’Ardena-Hervault. En voici le texte :

…À titre incommutable, en faveur du sieur d’Ardena-Hervault (comte d’Hervault de Beaumont), les justices haute, basse et moyenne de Serdinya, Joncet, Séjonie, Flassa, Marinyans et la Guardia, annexes dudit Serdinya, avec la nomination des batlle et consuls, les censives, droit de chasse, pêche, houstal, taverne, gabelle, correterie, pâturages, flêque et généralement tous les droits et devoirs seigneuriaux dont le Roi a joui et dû jouir dans ces lieux, à la charge pour ledit adjudicataire de tenir lesdits domaines en justices en plein fief de Sa Majesté, et de lui rendre foi et hommage toutes les fois que le cas se présentera, et ce moyennant la somme de 5000 livres. Le 12 septembre 1712, la communauté de Serdinya racheta ces 5000 livres au nouvel adjudicataire, ce qui fit que le village revint sous la tutelle du Domaine royal.


Informations techniques

Nom Serdinya Nom catalan Serdinyà Code commune 66193
Canton Les Pyrénées Catalanes Arrondissement Perpignan EPCI CC Conflent-Canigó
Région Haut-Conflent Altitude 1792 m Coord. GPS 42.566396 Est / 2.321044 Nord
Superficie 17 km2 Population 228 h. Code postal 66360
Gentillé Serdinyanais, Serdinyanaises

Population

Petit village très étendu, le Serdinya du Moyen Âge est difficile à appréhender en termes de population. C’était un village agricole, mais le faible nombre de terres labourables indique qu’il ne comptait pas beaucoup d’habitants. En 1355, un recensement, réalisé dans le but d’établir la liste des feux royaux des vigueries du Roussillon et du Conflent, imposés pour financer la guerre de Sardaigne, attribuait 39 feux à Serdinya. En 1385, un autre fogatge révèle que le village ne comptait plus que 21 feux, soit un peu plus d’une centaine de personnes.

Entre 1654 et 1710, la présence française attira de nombreux corps de métier dans la vallée de la Têt. Serdinya en profita et accueillit divers artisans (pareurs, cloutiers, muletiers). En 1691, le village comptait 152 feux (environ 900 personnes), mais en 1789, il n’en restait plus que 125 feux (environ 750 personnes). Les différents chantiers du milieu du XIXe siècle (routes nationales, chemins de fer) entraînèrent le départ de 30 familles, qui s’installèrent en plaine.


Etymologie

Il y avait à Serdinya une église paroissiale dont le village était sur la rive droite et un hameau tout proche, sur la rive gauche. Ce hameau était considéré comme un second village (Secundinianum), qui a donné au XIe siècle Segondaniano, puis Sechdeniano au XIVe et enfin Seddiniano au XVIe, pour devenir Serdinya de nos jours.



Situation et accès

Serdinya est une petite commune du Haut-Conflent, située le long de la Nationale 116. Les voyageurs se rendant en Cerdagne la connaissent bien, car elle se trouve sur le trajet obligatoire. À environ une bonne demi-heure de Perpignan (voire un peu plus), Serdinya n'est accessible que par la Nationale 116.



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