Vingrau

Une ville des Corbières bien sympathique, surtout l'été au soleil

Avec ses charmantes petites rues et son étalement face au sud le long de la colline, Vingrau apparaît comme un discret village des Corbières, dans l'ombre de Tautavel, sa voisine internationalement connue. Si elle est effectivement bien calme, elle n'en reste pas moins active. Sa population, un peu isolée, est plutôt soudée.

Vingrau est un bel endroit à découvrir, tant pour le village lui-même que pour sa région.

Avec ses charmantes petites rues et son étalement face au sud le long de la colline, Vingrau apparaît comme un discret village des Corbières, dans l'ombre de Tautavel, sa voisine internationalement connue. Si elle est effectivement bien calme, elle n'en reste pas moins active. Sa population, un peu isolée, est plutôt soudée.

Vingrau est un bel endroit à découvrir, tant pour le village lui-même que pour sa région.

Vingrau possède un certain charme. Il profite à la fois des décors majestueux de la vallée du Verdouble, dans laquelle il se trouve, mais aussi de la magie des petites rues de son centre-ville, plus grand qu’il ne le semble au premier abord. En fait, Vingrau se cache. Il se cache derrière sa voisine Tautavel, qui a attiré à elle les touristes avec son célèbre musée. Il se cache en étalant son urbanisme sur deux sites : le centre et le Pas de l’Échelle. Il se cache aussi en donnant l’impression, depuis la route, que la vue englobe le village dans son entièreté, alors qu’il est masqué derrière. Il cache même son patrimoine, riche mais hélas peu mis en valeur.


Vingrau, un territoire atypique

Le territoire de Vingrau s’étend sur la partie nord de la vallée du Verdouble, lorsque ce dernier la quitte à travers les gorges de Gouleyrous, remplacé en sens inverse par le correc de la Millera. Au sud, c’est Tautavel ; à l’est, Opoul-Périllos ; et au nord et à l’ouest, on quitte le département des Pyrénées-Orientales pour l’Aude voisine, en direction de Tuchan et Paziols. L’urbanisme est divisé en deux : le village proprement dit, près de la vallée, et le Pas de l’Échelle, un hameau sur le plateau calcaire. Ce hameau n’en est pas vraiment un : c’est une agglomération de maisons individuelles, construites sur de grands terrains, plutôt isolées les unes des autres et accessibles par des routes dont les noms évoquent les herbes locales. Authentique : il y a réellement du thym sauvage rue du Thym.

Pour le village, c’est autre chose. Vingrau ressemble à tous les autres villages du coin, avec un quartier central et historique, doté de quelques rues étroites, généralement pentues, et des quartiers périphériques dont la situation géographique par rapport au centre est proportionnelle à leur âge : plus ils sont récents, plus ils sont éloignés. Mais il faut bien avouer que même les plus récents restent assez proches. Vingrau n’est pas une grande ville : on peut la traverser à pied rapidement.


Vingrau, vie économique et sociale

Parmi les équipements publics, la commune dispose de quelques éléments intéressants, mais classiques. On trouve le terrain de rugby (stade des Olivèdes), un court de tennis et des salles de loisirs, sportifs ou non, le tout regroupé au sud-ouest, dans un secteur consacré aux sports. Il y a aussi un centre culturel avec une bibliothèque faisant office de médiathèque, une salle des fêtes, un centre de loisirs pour les enfants, une cantine, une garderie et un restaurant. La déchèterie se situe sur la commune limitrophe d’Opoul.

Économiquement, la ville dispose de peu d’activités. Il y a un restaurant, quelques artisans, et c’est tout. L’agriculture joue un rôle important, notamment le travail de la vigne. Par ici, le soleil frappe fort en été, le climat est doux, et les grappes de raisin mûrissent bien. Le travail des vignerons locaux a permis une belle montée en gamme des vins des Corbières, et les producteurs de Vingrau ont pris toute leur part dans cette réussite. D’ailleurs, les vignes s’étendent dans toute la vallée du Verdouble, et les chemins de randonnée qui y serpentent les traversent.

La vie sociale est relativement réduite. Il existe quelques associations à Vingrau, mais rien d’extraordinaire. Il faut dire que la population est faible, c’est donc normal. On trouve une association artistique, des cours de chant, des associations patriotiques et quelques autres sportives, ainsi que des associations dont le but est d’améliorer le patrimoine, dont le fameux château d’Opoul, tout proche.

Il y a sur le territoire de Vingrau quelques randonnées à faire, mais elles sont peu nombreuses. L’une d’elles monte sur la colline au-dessus du village et suit le serrat (montagne allongée), une autre part du Pas de l’Échelle. Ainsi, on peut monter par le village et descendre par le Pas de l’Échelle, mais il faut ensuite suivre la route pour retourner à son point de départ, ce qui n’est pas forcément plaisant. Les amateurs d’escalade seront plus satisfaits, puisque c’est à Vingrau que l’on trouve les principaux sites d’escalade de la région. Il y en a plusieurs.

En savoir plus sur les falaises d’escalade de Vingrau.


Vingrau, des capacités sans l’ambition

La vie sur place a l’air assez douce, mais on peut imaginer qu’elle l’est parfois un peu trop. Coincé entre une ville qui accapare toute l’activité touristique et une situation géographique de passage, il manque à Vingrau, un peu comme à Opoul, l’ambition de développer le territoire par le biais du tourisme. Un tourisme écologique, bien sûr, raisonné, mais qui pourrait amener un peu de vie dans ces deux communes un peu trop isolées. Et il y aurait de quoi faire : avec le riche patrimoine des trois villages des Corbières — Tautavel, Vingrau et Opoul — les visiteurs auraient de quoi se balader toute une journée à la découverte des paysages fascinants, des chapelles et églises, de la stèle de Périllos, de sa grotte, des croix de Vingrau, et bien sûr des gorges de Gouleyrous et du musée de la Préhistoire, qui resterait en fer de lance.

Mais peut-être est-ce la volonté des élus de ne pas développer plus que cela la ville, au risque de perdre son authenticité. Car c’est bien là une des caractéristiques de Vingrau : une authenticité qui se remarque jusque dans l’attitude amicale des habitants, dans le petit patrimoine de la commune, et dans sa participation à la vie départementale.


Patrimoine, curiosités à voir sur place


Le patrimoine de Vingrau est essentiellement composé d’éléments religieux. Curieusement, il y a trois églises pour un aussi petit village !

La première est l’église Notre-Dame de l’Assomption, située tout en haut du village. C’est celle qu’on voit le mieux, forcément. Elle est vide de tout mobilier, mais son clocher est l’élément le plus intéressant. Il s’agit d’un clocher-mur à trois arcs, terminé par une courbure atypique dans la région. Cette église possède une petite abside en hémicycle et un portail en bois simple, accessible au bout d’une sacrée volée de marches.

La seconde est l’église Notre-Dame de Fontfroide. Elle contient un retable attribué à Louis Généré, construit entre 1681 et 1683, le retable du Rosaire de 1719, celui de la Sanch du XVIIIe siècle, ainsi que des statues datant des XVIIe et XVIIIe siècles. Cette église se trouve au centre du village, sur la partie basse, juste à côté du stade. Plus massive que Notre-Dame de l’Assomption, elle dispose d’un intéressant porche en brique.


Notre-Dame-de-l'Assomption

Notre-Dame-de-l'Assomption

Notre-Dame de Fontfroide

Notre-Dame de Fontfroide


Enfin, la troisième « église » est en fait une chapelle, dédiée à Notre-Dame du Bon Conseil. Elle date de 1860 et contient une intéressante Vierge à l'Enfant. On trouve cette chapelle à l'entrée du village, en arrivant par la route d'Opoul.

Autre élément du patrimoine local, le village dispose de trois croix en bois ou métal, réparties à différents endroits dans la ville. La plus visible est en bois et se trouve au sommet de la colline, devant le cimetière. La seconde est située rue François Arago, juste après la sortie du village, et la troisième se trouve rue du Docteur Roux, également en sortie de village.

Le lavoir est un ancien lieu social du village. De nos jours, il a été réhabilité et trône, majestueux, le long d'une route en bordure de la vieille ville. Par ailleurs, le territoire de Vingrau possède de nombreux gouffres, mais il ne faut surtout pas s'en approcher, car ils ne sont pas sécurisés et la chute y est souvent mortelle. À côté du lavoir, il y a également une fontaine, au pied d'une colonne carrée, ainsi qu’une autre fontaine dans les petites rues.


Histoire

Préhistoire et Antiquité

Le site de Vingrau a été occupé dès l'âge préhistorique. D'ailleurs, toutes les Corbières l'ont été, et la présence de la Grotte de Tautavel, si proche, en est la preuve la plus visible. Près du Rec del Penjat, on a mis au jour des grattoirs à museau, des burins et des couteaux à dos, ainsi que divers autres instruments caractéristiques datés d'environ -40 000 ans.

Un peu plus tard, c'est la grotte des Conques qui nous livre la preuve qu'elle a été habitée par des hommes durant l'ère magdalénienne. Puis, entre -20 000 et -15 000, c'est toujours à Vingrau, au lieu-dit Les Espassoles, qu'on a trouvé des pointes de flèches en pierre. Vers -12 000 (en plein magdalénien), les vestiges se multiplient. Un peu partout dans la vallée du Verdouble, on retrouve des traces d'occupation, et ce phénomène va s'accentuer jusqu'à l'arrivée des Ligures et des Ibères.

Ceux-ci seront les premiers occupants du Roussillon dont on peut dire qu'ils n'étaient plus préhistoriques. Ils seront délogés par les Celtes vers -500, que l'on appellera plus tard « Gaulois ». Nous n'avons pas de traces de l'occupation celte à Vingrau, pas plus d'ailleurs que de celle des Romains, colonisateurs de la région en -121. Les Romains ont bien modelé le Roussillon, construisant de grands domaines ruraux destinés à produire essentiellement des denrées alimentaires, mais aussi à développer l'industrie, celle du fer en est un exemple. Ils seront envahis par les Wisigoths en 408, qui s'installeront un peu partout dans les infrastructures construites par les Romains. On a une trace des Wisigoths à Tautavel, mais pas à Vingrau malheureusement.

Puis les Sarrasins récupérèrent le territoire wisigothique en 735, qui sera occupé définitivement par Charlemagne en 811. C'est à partir de cette date que commence l'histoire de Vingrau en tant que village, ainsi que celle de la plupart des villages catalans d'ailleurs.


L'origine du village

Il est difficile de trouver des traces des premiers temps de Vingrau. En fait, il ne faut pas chercher du côté des documents historiques mais de l'architecture, puisque l'église initiale du village est typique du début du XIIe siècle, une époque où la paix relative de la région permettait la transformation des églises primitives contemporaines de Charlemagne en églises romanes, celles-là même que l'histoire nous a souvent léguées. Nous pouvons donc affirmer que le village était déjà peuplé au XIIe siècle, et suffisamment pour qu'il ait été nécessaire d'agrandir l'église. Cette église est dédiée à Notre-Dame de l'Assomption, elle est à présent abandonnée. Elle a été remaniée au XVIIIe siècle, et son mobilier a été transféré à l'église moderne.

Vingrau fut ensuite une propriété de l'abbaye de Fontfroide (un fief), actuellement dans le département de l'Aude. Des documents nous apportent la preuve de cette possession entre 1260 et 1512, c'est-à-dire toute la période du Moyen Âge. Il faut savoir qu'en 1258, soit deux ans avant la récupération de Vingrau par l'abbaye, fut signé le traité de Corbeil par lequel Jacques Ier de Majorque et Saint Louis, roi de France, établissaient la frontière entre leurs deux pays. Vingrau était situé juste à la frontière, entre deux places fortes du roi d'Aragon Jacques Ier : le château de Tautavel et la Salveterra (château d'Opoul).

L'événement majeur suivant s'est déroulé en 1639. Nous sommes alors en pleine guerre de Trente Ans, la France a attaqué l'Espagne. Évidemment, la première conquête a lieu dans la vallée du Verdouble, à la frontière. La chute du village se produira le 18 juin, soit 8 jours après celle de la forteresse de la Salveterra, à Opoul. Cela permet de savoir que les Français avançaient prudemment. Passé définitivement sous autorité française après le traité des Pyrénées (1659), Vingrau ne subira pas vraiment de grands dommages par la suite : la Révolution française n'a pas vraiment eu d'impact sur le village, et ce dernier était trop éloigné du front de la guerre franco-espagnole de 1793 pour être inquiété.



Informations techniques

Nom Vingrau Nom catalan Vingrau Code commune 66231
Canton La Vallée de l'Agly Arrondissement Prades EPCI Perpignan Méditerranée Métropole
Région Corbières Altitude 575 m Coord. GPS 42.849058 Est / 2.779147 Nord
Superficie 32 km2 Population 549 h. Code postal 66600
Gentillé Vingraunais, Vingraunaises

Etymologie

L'origine du nom de Vingrau se trouve dans l'expression latine "viginti gradi", les vingt grades (traduisez les vingt marches). En effet, le chemin menant au village passe par ce que l'on appelle toujours "le pas de l'échelle", qui était constitué à l'époque romaine d'une voie pavée sur laquelle étaient construites ces marches. Peu à peu, le nom s'est transformé en "Pas de Vingrad", "Pas de vingt graus", puis "Vingrau".


Héraldique

Blason Vingrau

Expression héraldique

De gueules au demi-vol abaissé d'or, au chef du même chargé de quatre pals du champ.

Description

Décortiquons l'expression héraldique :

"Gueule" désigne la couleur rouge en héraldique. Le "demi-vol" représente une seule aile d'oiseau, tandis qu'un "vol" désignerait une paire d'ailes. Le terme "abaissé" indique que l'aile est orientée vers le bas. Ce demi-vol est de couleur "or", soit jaune. "Au chef" désigne la partie supérieure du blason. L'expression "du même" signifie que la couleur du chef est la même que celle précédemment mentionnée, ici le jaune. "Chargé" précise que l'élément suivant concerne le chef, soit la partie supérieure du blason. Les "pals" représentent des bandes verticales. Enfin, "du champ" fait référence à la couleur de la partie centrale du blason, ici le rouge. Ainsi, l'expression héraldique se lit comme suit : "Blason rouge contenant une aile jaune pointant vers le bas. La partie supérieure du blason est jaune, traversée par quatre bandes verticales rouges".

Explications

Pourquoi ce blason ? En héraldique, le blason sert à identifier un lieu de manière claire et distincte. Nos ancêtres n'hésitaient pas à utiliser des éléments symboliques n'ayant pas de lien direct avec le lieu, mais permettant une identification phonétique ou symbolique. Dans ce cas, l'aile représente "Alénya" (ou "Ala" en catalan), ce qui fait de ce blason un exemple d'armoirie parlante, c'est-à-dire un jeu de mots visuel ou phonétique qui identifie un lieu.

Ce blason apparaît sur la pierre funéraire de Bernard Bonet (mort en 1271), à Perpignan, encastrée sur la façade sud de l'église Saint-Jean-le-Vieux. Bernard Bonet était le frère de Pons d'Alénya. Plus de 150 ans plus tard, au XIVe siècle, un certain Pons Bonet utilise les mêmes armes. Ce blason est également visible sur un écu en marbre dans le patio de l'hôtel Vila, 11 rue de la Révolution, à Perpignan, provenant probablement du cloître Saint-Jean attenant. Enfin, ce blason est reproduit sur les plaques de rue dans le vieux village.



Situation et accès

Vingrau est un village des Corbières, une région du Nord des Pyrénées-Orientales. Il est situé dans la vallée du Verdouble, voisin de la ville de Tautavel.

Pour s'y rendre, le plus simple est de passer par Rivesaltes. Au départ de Perpignan, montez vers le Nord via la route de Narbonne et sortez au péage Perpignan-Nord. Poursuivez vers Espira-de-l'Agly, et tournez à droite avant d'arriver au village, en direction de Vingrau. La route qui y monte est bien connue des amateurs de cyclotourisme, elle traverse Montpins, une zone résidentielle en plein dans la forêt. Une fois à Vingrau, la route se poursuit dans la vallée vers Tautavel, puis Estagel. Le retour peut se faire par la route de Foix. Sinon, au départ de Vingrau, il y a une autre route qui part vers Tuchan, premier village hors du département.



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