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Villes et villages catalans


Les département des Pyrénées-Orientales possède de nos jours 226 communes, mais en réalité il y a bien plus de lieux habités puisqu'une partie de la population vit dans des hameaux qui ont perdu ou n'ont jamais eu le statut de communes, la plupart du temps tout simplement parce qu'ils sont trop petits pour l'être.


L'urbanisation des Pyrénées-Orientales

Elle est disparate : Forte dans la plaine, faible dans les zones de moyenne montagne, ce qui n'est pas très étonnant. A noter quand même la tendance au développement de certaines villes de Cerdagne, qui peu à peu augmentent leurs populations à travers de vastes lotissements, comme c'est le cas de Osséja ou Ste Léocadie.

L'aire urbaine de Perpignan est relativement peu dense, comparée à d'autres grandes villes de la même taille. Près de 120 000 habitants apportent une densité de 1772 habitants au Km2. La zone péri-urbaine est également peu dense, avec les premiers villages qui ne touchent quasiment pas la préfecture. Des villes comme St Estève ou Cabestany sont assez proches, mais pas limitrophes, du moins pour la zone urbanisée de ces villes. Par contre, entre 1 et 3 Kms il y a un grand nombre de villes qui forment la banlieue de Perpignan : Pia, Rivesaltes, Peyrestortes, Bompas au Nord, Le Soler à Ouest, etc.

En Cerdagne, la zone de hautes montagnes des Pyrénées-Orientales, les villes sont plutôt situées sur le plateau alors que les villages, plus petits, sont sur les hauteurs et dans les vallées. La vallée du Carol est typique de cet habitat morcelé, avec des lieux de vie épars et peu peuplé. Le Capcir, lui, est habité dans des villages de faibles tailles à flanc de côteau. Il y a des lacs auprès desquels ils auraient pu se développer, mais ces lacs sont artificiels et récents, les villages historiques sont donc en hauteur, à des altitudes où la population médiévale (l'époque de l'apparition des villages) pouvait facilement cultiver les champs.

La vallée du Vallespir est rude, le climat y est humide et froid. Cette vallée s'est pourtant développée tout à fait naturellement, avec de grands villages, particulièrement près du col d'Arès, qui mène en Espagne, et à l'entrée de la Vallée, du côté de Ceret. Il faut dire que depuis l'époque romaine, et pendant l'époque allant de la fin du XIXe siècle au milieu du XXe, cette vallée vivait à l'heure de l'extraction du minerai de fer, présent en grande quantité dans le Canigou. Toute la vallée a été fortement peuplée, les industries se multipliant. L'histoire nous a laissé de nombreux vestiges de cette époque où les hameaux les plus reculés étaient autant équipés que nos villages récents. L'exemple d'Escaro est édifiante, avec une population qui grimpa de façon exponentielle avant de chuter tout aussi rapidement, à la fin de l'exploitation de la mine.


Développement des villages dans le temps

Le fait qu'il y ai de nombreux villages dans les Pyrénées-Orientales est dû à l'apport de l'histoire : Terre de conquête, la région fut longtemps à la frontière entre le monde chrétien et musulman, d'où un habitat initial erratique ayant multiplié les petits lieux de regroupements de maisons. D'ailleurs la plupart du temps ce sont les moines qui vinrent les premiers par ici, ils construisirent des grandes abbayes et essaimèrent alors de nombreuses chapelles dans toute la zone qui les entouraient. Les maisons se sont aggrégées autour de ces chapelles, qui faisaient office de place-forte, durant le haut moyen-âge.

C'est la principale raison de l'éparpillement des villages dans la région, mais ce n'est pas la seule, la géographie porte aussi en elle cet éparpillement. Les Pyrénées-Orientales sont formées d'une vaste plaine côtière à l'Est, de moyennes montagnes au centre, du Fenouillèdes au Nord aux Aspres au Sud, et de hautes montagnes à l'Ouest, montagnes qui s'écartent pour former le plateau de Cerdagne. A chaque type de paysage sa particularité dans le développement des villages. Par exemple, en plaine, ils se sont formés sur la base d'un temps de marche pour se rendre aux champs. Les habitants des villages devaient se rendre tous les jours aux champs qui devaient être à pas plus de 2Kms de leurs lieu d'habitations, du coup il y avait au maximum un village tous les 4 kilomètres. C'est un morcèlement important dont la plupart des villages ont disparu, emportés par l'histoire (peste du XVe siècle, inondations répétées pour ceux proches d'une rivière, etc.) Par exemple, en Salanque, on connait Claira, Pia et Rivesaltes, mais bien peu connaissent Tura, un village abandonné à l'Est de Rivesaltes, Ortolanes, connu aujourd'hui sous le nom de Notre Dame de la Salut, ou St Pierre de Vilario, une autre chapelle entre Claira et Pia. Et ce schéma se reproduit sur toute la plaine, avec des anciens villages à l'Ouest d'Estagel, au Nord de St Cyprien ou au Sud d' Ortaffa.


Caractéristiques des villages catalans

Les villages catalans se reconnaissent assez facilement, encore que ces caractéristiques soient plus celles de villages du Sud de la France que réellement des caractéristiques catalanes : Les villages du Fenouillèdes, une région qui n'est pas catalane, sont similaires aux autres de ce département.

De façon classique, l'église est au sommet du village, au point le plus haut, même si le village est dans une zone terriblement plate, il y a toujours un point légèrement plus haut, c'est là qu'est l'église. Les exceptions existent bien sûr, mais sont très rares. Par exemple, Le Vivier a l'ancienne église, désaffectée, au sommet de la colline mais en 1954 il en a été construite une autre au pied du village, plus facilement accessible par la population.

Les rues sont assez caractéristiques également. Tout d'abord, souvent, les rues sont en circulade, c'est un terme qui désigne une structure urbaine en forme de cercles concentriques centrés sur l'église. Elle fait souvent 30m pour le cercle le plus petit. Pourquoi donc ?

Tout simplement parce que peu après l'an mil, à Toulouges, au Sud-Ouest de Perpignan, a été édicté la "Trêve de Dieu", un accord qui stipulait que dans toute l'Europe il ne pouvait y avoir de combat à moins de 30 pas d'une église. Pas bête, on se mit à construire les villages en cercle autour de l'église, la ligne des 30m étant formée de maisons accolées formant un rempart. Ainsi être à l'intérieur de cette ceinture protégeait la vie des habitants. Les rues devaient alors être en cercle pour desservir les maisons, et lorsque la ville s'agrandit à l'extérieur elle conserva souvent cette structure circulaire, du moins tant que l'urbanisation ne s'éloignait pas trop du centre. Il en résulte que les rues sont très étroites et bordées de maisons à 2 étages, parfois 3, la lumière ne passant pas dans la rue. Ca, c'est pour les rues les plus centrales, celles bordant les églises. Les autres sont un peu plus larges, elles permettaient le passage de charettes.

Cette zone centrale s'appelle La Cellera (prononcez "La Ceille"). Coeur d'un village, il était le grenier à blé, la réserve de nourriture, tout autant que la zone sécurisée du village, et ça jusqu'au XIVe siècle, une époque durant laquelle les villages durent s'agrandir, poussés par la pression démographique. Ils se développèrent alors en grandes rues longues et rectilignes, un peu plus larges que celles du centre. C'est la qu'on trouve la "rue des maisons neuves", ou la "rue casenoves" (traduction en catalan). La plupart des habitants d'un centre ville réside en fait dans ces rues-là, premières banlieues des villages mais aujourd'hui partie intégrante du centre-ville.

Les villages restèrent ainsi de nombreuses années puisque leurs développements réels se fit à partir du milieu du XXe siècle avec la forte poussée de la population locale. Chaque village a alors développé des lotissements de maisons individuelles sur des terrains relativement grands au départ, beaucoup plus petits de nos jours. C'est de cette époque que date, par exemple, les grands lotissements de Bompas, qui était à l'époque une cité-dortoir de Perpignan. Heureusement depuis l'identité de la ville s'est affirmée, comme beaucoup d'autres d'ailleurs. St Estève fut exactement dans le même cas.

Autre caractéristique des villages, le nombre d'éléments communs : Le lavoir était le lieu où les ménagères venaient laver le linge. C'était un lieu de rencontre de la population, il avait un rôle social. De nos jours les lavoir existent toujours dans la plupart des villages, mais ils sont là pour le décor, bien rares sont ceux qui fonctionnent encore. C'est le cas dans certains petits villages du Fenouillèdes ou des Aspres. Les villages disposent aussi d'un lieu de rassemblement populaire, à l'air libre car le temps le permet, par ici. Ce sont de nos jours les places du village, toujours animées, surtout l'été. A coeur du vieux village elles sont dotées de platanes faisant de l'ombre, voire, comme à Torreilles, de muriers-platanes, des arbres qui se laissent travailler pour se mettre en forme de parasols.


Taille des villes

Les villes des Pyrénées-Orientales sont de taille modeste, c'est dû à la fragmentation des lieux de vie dans ce département au relief tourmenté. Dans les villages de la vallée du Tech, de la Têt ou de l'Agly les villages ne dépassent pas 3 à 4 000 habitants, mais ils sont plus proches du millier que des 4 000, avec même des tout petits villages de 200 âmes maximum. Mis à part Perpignan qui s'approche des 120 000 personnes intra-muros, seuls Canet-en-Roussillon, Argelès-sur-mer, Cabestany, Saint Laurent de la Salanque, St Cyprien, St Estève dépassent les 10 000 habitants. Pia et Elne s'en approchent.

A l'inverse, Oreilla et Caudiès-de-Fenouillèdes ne comptent que 14 habitants, et Urbanya 10.


Pour en savoir plus sur les villages catalans :

Voir la Liste de toutes les villes, villages et hameaux.

Voir la Carte.



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